Un rapport de la commission d’enquête sénatoriale, loin de faire l’unanimité, recommande de poursuivre le président brésilien pour meurtre de masse selon le «New York Times», qui a pu consulter des extraits.
Les politiques irresponsables de Jair Bolsonaro durant la pandémie de Covid-19 seraient responsables de la mort de plus de 300?000 Brésiliens, soit la moitié du nombre de morts total imputable à la pandémie. Dévoilées par le New York Times, ces conclusions accablantes proviennent d’extraits d’un rapport très attendu de la commission sénatoriale d’enquête qui planche depuis plusieurs mois sur la politique «criminelle» du président brésilien.
Le Sénat avait annoncé dimanche le report de sa divulgation d’une journée, de mardi à mercredi, les parlementaires souhaitant avoir une journée supplémentaire pour débattre de son contenu ô combien inflammable. Ce pavé de 1200 pages recommande de poursuivre le président brésilien pour meurtre de masse, assurant que ce dernier a délibérément laissé le Covid-19 semer le chaos, et donc tuer des Brésiliens dans une tentative infructueuse d’immunité collective. Une stratégie visant à relancer l’économie, selon le rapport.
Dès vendredi, le président de cette commission, Renan Calheiros, avait annoncé au moins 11 chefs d’accusation contre le Président, dont «homicide par omission», «charlatanisme» et «crime contre l’humanité». La commission exhorte les autorités à emprisonner Bolsonaro, selon les extraits consultés par le quotidien américain et deux entretiens avec des sénateurs de ce comité. Avec le chef de l’Etat brésilien, ce sont 69 autres personnes, dont de nombreux responsables gouvernementaux et trois fils de Jair Bolsonaro, qui sont également incriminés. «Beaucoup de ces morts étaient évitables. Je suis personnellement convaincu qu’il est responsable de l’escalade du massacre», a assuré le président de la commission.
Homicide de masse
Alors que le monde entier se confinait et que les hôpitaux brésiliens se remplissaient dangereusement, Bolsonaro a notamment encouragé les grands rassemblements tout en décourageant le port du masque. Il a également étalé son scepticisme décomplexé vis-à-vis du vaccin. Des décisions constituant, selon ce même rapport, un meurtre de masse. Le vote pour l’approbation de ce rapport par la commission est prévu le 26 octobre.
Les analystes estiment toutefois que ce rapport n’aura qu’un impact symbolique à court terme, le dirigeant d’extrême droite disposant encore du soutien nécessaire au Parlement pour faire barrage à une éventuelle procédure de destitution. Mais les conséquences politiques pourraient s’avérer désastreuses pour celui qui est loin d’être assuré d’être réélu dans moins d’un an, car donné largement battu par l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.