Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est entretenu jeudi 4 novembre par téléphone avec le chef de l’armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhan, l’exhortant à restaurer le gouvernement civil de transition, plus d’une semaine après le coup d’État. Il a appelé à la libération de dirigeants civils arrêtés, notamment le Premier ministre Abdallah Hamdok, en résidence surveillée depuis le putsch. Peu après après le communiqué de l’ONU, le général a ordonné la libération de quatre ministres soudanais, d’après la télévision d’État.
Selon une annonce diffusée dans la soirée du jeudi 4 novembre par la télévision d’État, Hamza Baloul, ministre de l’Information et de la Culture, Hachem Hassab al-Rassoul, ministre des Télécommunications, Ali Jeddo, ministre du Commerce, et Youssef Adam, de la Jeunesse et des Sports, vont être relâchés. Aucune date pour leur libération effective n’a été précisée. Dans la nuit de jeudi à vendredi, plusieurs heures après l’annonce, il n’y avait toujours aucun signe de leur libération.
Pour l’un des porte-paroles des Forces pour la liberté et le changement, rencontré jeudi par RFI, le général Abdel Fatah al-Burhan cherche à « faire bonne figure devant les médiateurs internationaux », mais jette « de la poudre aux yeux ». Les opposants au putsch estiment que si ces quatre libérations se confirment, elles sont loin d’être suffisantes, alors la plupart des représentants civils du gouvernement dissous par les militaires sont toujours sous les verrous. Certains font face à des poursuites pénales, affirme un diplomate soudanais.
Jeudi soir, plusieurs sources concordantes confirmaient de nouvelles arrestations à Khartoum, notamment celle de l’avocat Taha Osman, membre du comité de démantèlement du régime d’Omar el-Béchir, ainsi que celles de deux membres du parti du Congrès soudanais : Sherif Mohammad Othman et Hamza Farouk.
Depuis le coup d’État du 25 octobre, les arrestations se multiplient à travers le pays : politiciens, militants, avocats, notamment au Darfour. Mais la coupure des télécommunications complique le décompte.
Après un entretien téléphonique avec le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, le général Burhan a également discuté avec Antony Blinken, le secrétaire d’État américain. Comme Antonio Guterres, le chef de la diplomatie des États-Unis a exhorté le général « à libérer immédiatement toutes les personnalités politiques détenues depuis le 25 octobre ». Il l’a également appelé « à retourner à un dialogue ramenant le Premier ministre Hamdok dans ses fonctions ». Antony Blinken a aussi pu s’entretenir avec Abdallah Hamdok.
En attendant, d’intenses négociations se poursuivent à Khartoum pour la formation prochaine d’un gouvernement. Les spéculations vont bon train, mais pour le moment, aucun accord n’a encore été trouvé entre civils et militaires. Et dans les rues, les comités de résistance annoncent une nouvelle journée de mobilisation prévue dimanche 7 novembre.
• Les États-Unis maintiennent la pression sur les militaires soudanais
Le secrétaire d’État Anthony Blinken a donc appelé directement l’homme fort du pays pour lui redemander de relancer la transition avec les civils.
Avec notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin
Depuis le coup de force du 25 octobre, il y a eu des communiqués. Du département d’État et de la Maison Blanche et il y a donc maintenant les coups de téléphone directs. La forme change, mais pas le message.
Anthony Blinken demande au général Abdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan de libérer les responsables politiques déposés et arrêtés par les forces armées, de reprendre le dialogue avec le premier ministre Abdallah Hamdok et de rétablir le gouvernement de transition mené par les civils au Soudan. Après la répression violent et meurtrières des manifestations, le secrétaire d’État américain redit aussi toute son admiration pour le peuple soudanais qui a fait entendre plusieurs fois son désir de démocratie.
Enfin, si le chef de la diplomatie américaine accueille avec satisfaction l’engagement du chef de l’armée en faveur de l’accord de paix de Juba et la déclaration constitutionnelle, il dit espérer que les militaires feront le nécessaire pour reprendre les relations soudano-américaines, basée sur une coopération politique, diplomatique, sécuritaire et économique. L’aide américaine de 700 millions de dollars prévue pour accompagner la transition reste en effet suspendue.