Au Soudan, près de deux semaines après le coup d’Etat mené par Abdel Fattah al-Burhane, les organisations de la société civile ont appelé à partir de ce dimanche 7 novembre au matin à deux nouvelles journées de désobéissance civile et de grève générale.
Ce dimanche à la mi-journée, la situation est variable en fonction des quartiers, ce n’est pas un blocage total. L’appel à la grève générale a été lancé par l’Association des professionnels soudanais, et de nombreux syndicats d’avocats, d’employés, de médecins ou de professeurs ont rejoint le mouvement. A certains endroits la circulation est normale, et à d’autres, la vie semble s’être arrêtée, tous les magasins sont fermés.
Progressivement, les forces de l’ordre se sont déployées dans Khartoum pour disperser les quelques groupes de manifestants et déblayer les barricades. On nous rapporte des tirs de gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles dans certains quartiers. Plusieurs militants des comités de résistances ont été arrêtés.
Ce dimanche matin, des dizaines d’enseignants ont convergé vers le ministère de l’Education pour « une protestation silencieuse » contre les décisions du général Burhane mais ils ont été violemment dispersés par des forces de police. Le comité des enseignants soudanais s’est alarmé de l’arrestation dans les minutes qui ont suivi de plus de 80 professeurs qui défilaient pacifiquement. Après avoir appelé à la grève, la directrice de l’université de Khartoum a été limogée. Elle avait fortement critiqué les attaques violentes menés par des soldats contre les étudiants du campus.
Les militaires raffermissent leur prise sur le pouvoir
La plupart des représentants civils du gouvernement dissous sont toujours sous les verrous. Des purges sont en cours dans différentes administrations. Des fonctionnaires, des directeurs de banques ou de grandes entreprises publiques ont été renvoyés et remplacés par des proches du pouvoir. Dans tout le pays les arrestations continuent.
Malgré ses promesses de former un gouvernement de technocrates en une semaine, le général Abdel Fattah al-Burhane tient toujours, seul, les rênes du pays. Des négociations étaient en cours avec Abdallah Hamdok, toujours assigné à résidence. Mais les conditions posées par le Premier ministre limogé, encore très populaire auprès de la population, n’ont pas été entendue par les militaires. Après l’échec de ces négociations, l’armée a renforcé samedi les mesures de sécurité autour de son domicile et a restreint ses droits de visites.
Aussi, dans la rue, les manifestants ne croient plus dans les tentatives de médiations internationales. Leur ligne est est claire : « Pas de dialogue, pas de négociation, pas de partenariat » avec l’armée : ce sont les mots d’ordre des comités de résistances et des organisations de la société civile face aux généraux putschistes. Ils communiquent par SMS car depuis deux semaines, internet est toujours coupé pour permettre aux généraux de masquer la répression dans les rues et de désorganiser le mouvement de contestation.