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J’étais une licorne !” Rama Yade très critique envers la France…

Installée à Washington depuis 2017, Rama Yade n’a finalement pas souhaité revenir définitivement en France. Échaudée par son expérience de la politique hexagonale, elle est toujours en Amérique et offre un regard controversé sur son pays. Elle se livre dans une interview-fleuve pour “L’Express”, qui n’a pas laissé indifférent.

Maman de Jeanne, 7 ans et demi, née de sa relation avec le haut-fonctionnaire Joseph Zimet, Rama Yade était rentrée en France en 2020 pour se rapprocher de ses proches et pour diriger son cours intitulé L’Afrique au centre du monde à Sciences-po Paris ainsi qu’à Reims. Toutefois, elle est repartie en Amérique où elle officie en tant que directrice Afrique de l’Atlantic Council à Washington qui promeut les relations entre les Etats-Unis et les pays d’Afrique, après avoir œuvré dans un premier temps pour la Banque mondiale. Elle s’étend longuement sur le wokisme qui fait tant débat aujourd’hui : “Le wokisme a été brandi de manière abusive comme un outil de censure. En réalité, c’est juste le refus des discriminations. Ce n’est quand même pas honteux de combattre les inégalités !” Si elle reconnaît des dérives, elle estime que dans l’universalisme français comme dans le multiculturalisme américain, il y a du bon et du mauvais.

Critique envers la France et notamment de ses institutions, Rama Yade est ramenée à son passé où elle a travaillé pour la présidence de Nicolas Sarkozy en tant que secrétaire d’État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’homme puis des Sports. Elle rétorque : “Mais j’étais une licorne ! J’étais une anomalie, pas du tout un prototype. Combien depuis ? (…) Je suis bien obligée de constater que depuis mon départ du gouvernement, les Afro-descendants ne courent pas les gouvernements. A l’image d’une élite politique qui s’est incroyablement durcie.”

Refusant toute étiquette politique désormais – elle a été adhérente à l’UMP de 2007 à 2010 -, Rama Yade veut s’exprimer en toute liberté. Pour pouvoir dire que “passer à Paris devant la figure de Colbert, ce grand ennemi de la liberté, dont la statue est devant l’Assemblée nationale, est une micro-agression”. De quoi faire hérisser les poils du polémiste réactionnaire candidat putatif à la présidentielle Eric Zemmour ou de Sarah El Haïry, actuelle secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et Marlène Schiappa, en charge de la Citoyenneté. Un constat radical pour la France, ce qui n’empêche pas son pays de lui manquer, comme ses boulangeries et ses librairies.