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Les révélations de l’enquête Congo Hold-up, avec les dénégations des uns et la colère des autres

Les révélations de Congo Hold-up, cette enquête internationale sur des détournements massifs d’argent public durant la période Kabila continuent de faire couler beaucoup d’encre dans la presse du continent. Il y a d’abord ceux qui s’insurgent contre les résultats de l’enquête, à l’instar de Jules Alingete, le patron de l’inspection Générale des Finances*. Interrogé par le site d’information congolais Politico, il estime que « les affirmations des enquêtes de ce consortium des médias sur ce dossier n’ont aucun fondement puisque se basant simplement sur des « insinuations » ». Il prend l’exemple du versement de 43 millions de dollars parti de la banque centrale du Congo pour la BGFIBANK qui aurait ensuite reversé cet argent sur un compte lié à Kabila. Faux, affirme-t-il : c’est la banque qui a gardé l’argent et rien n’a été versé à Kabila. Toujours d’après lui, « les objectifs poursuivis par ces médias étrangers vont à l’encontre des intérêts de la République Démocratique du Congo. »

Mea culpa

Quant à la banque BGFI, elle a promis de restituer ces fameux 43 millions de dollars. La BGFI qui se défend également. Par le biais d’un communiqué publié par le site Actualité CD, elle dit « condamner avec la plus grande fermeté les actes contraires à la loi et à l’éthique qui ont pu être commis dans le passé au sein de sa filiale congolaise et dont ses préposés auraient pu éventuellement être auteurs ou complices à des degrés divers. » La BGFI qui précise encore qu’elle a pris « dès 2018 les mesures d’assainissement qui s’imposaient. » Et elle conclut en affirmant que « les autorités judiciaires restent les seules habilitées à établir, dans le respect des lois, l’innocence ou la culpabilité des personnes poursuivies. »

Justice et restitution !

Justement, la justice, c’est ce que réclame Jean-Claude Mputu, porte-parole du collectif Le Congo n’est pas à vendre. Il est interrogé par le site d’information sur la RDC Afrikarabia. Pour lui il est clair que « les documents que révèlent Congo Hold-up montrent l’importance d’un détournement organisé et systématisé par la famille de Joseph Kabila avec les moyens de l’Etat. Cela permet de retracer le circuit de certaines sommes d’argent qu’on soupçonnait avoir été détournées, mais pour lesquelles on n’avait pas tous les éléments et toutes les certitudes. »

Alors, poursuit Jean-Claude Mputu, « nous attendons que le gouvernement, comme il l’a annoncé, puisse ouvrir des enquêtes, identifier les coupables, les poursuivre et les punir. Nous attendons aussi la récupération des biens détournés. Il y a bien eu quelques procès par le passé, mais nous n’avons jamais récupéré les biens. Congo Hold-up nous permet d’identifier certains biens, comme des bateaux, des immeubles, ou des entreprises achetées avec de l’argent public. Ces biens doivent revenir à l’Etat congolais. »

Une « mafia »

Autre homme en colère, Jean-Claude Katende, le président l’Asadho, l’Association Africaine des droits de l’homme. C’est à lire sur le site congolais Cas-Info : Jean-Claude Katende dénonce « la mafia », selon lui, organisée par l’ancien président de la CENI, Corneille Nangaa, qui aurait détourné des millions de dollars des caisses de l’institution au profit du clan Kabila. « A l’époque, dénonce Jean-Claude Katende, quand nous exigions que la CENI rende public son rapport financier, on nous traitait d’extrémistes. Aujourd’hui, avec Congo Hold-up, tout le monde comprend pourquoi Naanga ne voulait pas. Un homme avec une grande gueule, mais plongé dans la mafia. »

« Un Kabila peut en cacher bien d’autres »

Pour Le Pays au Burkina, l’affaire est entendue… « Joseph Kabila et sa famille se sont-ils enrichis sur le dos du peuple congolais ?  Tout porte, hélas, à le croire. Et ce ne sont pas les dénégations des communicants de l’ex-numéro un congolais, qui déplorent « un acharnement injustifié de certaines puissances cachées derrière ces médias », qui suffiront à disculper le mis en cause. » Et « il faut se féliciter de la détermination de ces journalistes et autres lanceurs d’alerte, dans la croisade inlassable qu’ils mènent contre ces « braquages » de deniers publics, dont sont friands bien des dirigeants d’Afrique et même d’ailleurs. » En effet, attention, prévient Le Pays, « un Kabila peut en cacher bien d’autres sur le continent, qu’ils soient anciens dirigeants ou présidents en exercice. »

À noter que Jules Alingete, dans un entretien accordé à Christophe Boisbouvier jeudi 25 novembre, se félicitait de cette enquête, la qualifiant de « positive ».