Le Premier ministre burkinabè a démissionné mercredi soir, entraînant automatiquement la démission de l’ensemble du gouvernement. Fin novembre, le président Roch Marc Christian Kaboré avait annoncé des changements à venir pour constituer une équipe gouvernementale « resserrée et plus soudée » face au défi jihadiste qui menace la sécurité du pays.
Christophe Joseph Dabiré, Premier ministre du Burkina, a remis une lettre de démission au président Roch Marc Christian Kaboré qui l’a acceptée. « Il est mis fin aux fonctions de Premier ministre de Christophe Joseph Dabiré », a déclaré sur la télévision publique le secrétaire général du gouvernement, Stéphane Wenceslas Sanou, lisant un décret présidentiel.
La démission du Premier ministre entraîne automatiquement celle du gouvernement, selon la loi au Burkina Faso. Conformément aux textes, « les membres du gouvernement sortant assurent l’expédition des affaires courantes des départements ministériels jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement », a précisé Stéphane Wenceslas Sanou.
« J’invite les Burkinabè, dans leur ensemble, à se mobiliser, pour soutenir le président du Faso et le nouvel exécutif qui sera mis en place. Je reste convaincu que c’est dans une unité d’action que nous pourrons relever les défis auxquels notre pays et notre peuple sont confrontés », a déclaré Christophe Joseph Dabiré sur sa page Facebook.
Depuis plusieurs semaines, la colère montait contre l’exécutif. Le 9 novembre, l’opposition avait notamment exigé des « mesures urgentes » face à la « dégradation de la situation sécuritaire », dans un délai d’un mois. Et le 27 novembre, des centaines de manifestants étaient descendus dans les rues de la capitale Ouagadougou pour dénoncer « l’incapacité » du pouvoir à contrer la violence jihadiste qui frappe le pays.
Violences et ras-le-bol
Des organisations de la société civile avaient exigé à cette occasion le départ du chef de l’État. Une dizaine de personnes, dont un enfant et deux journalistes, avaient été blessées dans la dispersion de ces marches.
Le pouvoir en place est confronté au ras-le-bol de la population face aux attaques jihadistes qui frappent le pays chaque semaine. Elles ont fait environ 2 000 morts et 1,4 million de déplacés depuis 2015. L’attaque le 14 novembre d’un détachement de gendarmerie à Inata (dans le nord du pays), une des plus meurtrières contre les forces de sécurité, a choqué : au moins 57 personnes, dont 53 gendarmes, ont été tuées par des jihadistes armés.
Deux semaines avant l’attaque, les gendarmes d’Inata avaient alerté l’état-major sur leur situation précaire, disant manquer de nourriture et s’alimenter grâce au braconnage.
Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés jihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique. Les attaques qui visent civils et militaires sont de plus en plus fréquentes et en grande majorité concentrées dans le nord et l’est du pays.
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Fin novembre, le président Kaboré avait annoncé de nouvelles mesures, soulignant « la nécessité de constituer, au plan gouvernemental, une équipe resserrée et plus soudée ». Le président burkinabè avait aussi annoncé le lancement la semaine prochaine d’une « opération mains propres, pour vider tous les dossiers pendants de corruption et éclaircir toutes les affaires qui polluent le quotidien des Burkinabè épris de bonne gouvernance et de démocratie ».
En poste depuis janvier 2019, le Premier ministre Christophe Dabiré, ancien commissaire chargé du Commerce, de la Concurrence et de la Coopération de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), avait été reconduit en janvier 2021, après la réélection du président Kaboré pour son second et dernier mandat.
Roch Marc Christian Kaboré a été élu en novembre 2015, un an après que son prédécesseur Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, a été chassé par la rue pour avoir voulu modifier la Constitution afin de se maintenir à son poste.
Mais le nouveau président a été confronté dès sa prise de fonction à une dégradation progressive de la situation sécuritaire, qui n’a pour l’heure pas pu être enrayée.