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La gestion des recettes du pétrole et du gaz au Sénégal

En ce début d’année 2022, le Sénégal est sur le point de devenir un producteur de pétrole et de gaz. Comment gérer au mieux les futures recettes ? Un nouveau rapport de Natural Resource Governance Institute (NRGI) pointe les risques et propose des recommandations.

Le Sénégal échappera-t-il à la « malédiction des ressources naturelles » ? Les autorités mettent en œuvre des réformes qui pourraient contribuer à une bonne gestion des revenus du pétrole et du gaz, soulignent les auteurs du rapport NRGI, mais trois dangers sont en ligne de mire selon eux.

D’abord, le mandat vaste et la politique de rétention de revenus imprécise de Petrosen, la compagnie pétrolière nationale, qui détient des participations dans les projets gazier de GTA et pétrolier de Sangomar. « Petrosen n’a pas encore mis en place toutes les structures de gouvernance pour s’assurer que sa part des revenus soit bien utilisée », explique William Davis, économiste à NRGI. Pour l’organisation, le gouvernement devrait « renforcer le contrôle de Petrosen en nommant, par exemple, des membres indépendants à son conseil d’administration et en publiant des règles précises de distribution des dividendes ou de rétention des revenus par Petrosen ».

Deuxième risque, la proposition du gouvernement de créer un nouveau fonds souverain dit « intergénérationnel » pour investir les recettes tirées des ressources pétrolières et gazières, dont une grande partie sera injectée dans l’économie sénégalaise. Cela pourrait être « malvenu », affirment les auteurs du rapport. « Le risque de corruption, ou de pressions politiques pour favoriser certains investissements plutôt que d’autres est plus important », estime William Davis. Le rapport conseille donc aux autorités de faire passer les investissements domestiques par le budget national.

Enfin, troisième risque : de potentiels impacts négatifs des projets pétroliers et gaziers sur le secteur de la pêche. Si de tels effets sont confirmés, les analystes recommandent d’envisager une compensation pour les personnes et les communautés touchées à travers des plans de gestion sociale et environnementale, au lieu d’affecter une part des recettes à des collectivités locales, « ce qui pourrait créer plus de problèmes qu’en résoudre ».

Quoi qu’il en soit, « il est peu probable que le secteur des hydrocarbures transforme les finances publiques et l’économie sénégalaise », selon NRGI. Les champs qui ont reçu une décision finale d’investissement ne devraient pas générer de recettes supérieures à 3% du PIB. « Le Sénégal n’est pas l’Arabie saoudite », conclut William Davis.


► Le lien vers le rapport NRGI publié le 14 décembre 2021.