Après Ibrahim Boubacar Keïta et Alpha Condé, c’est le président burkinabè qui a été emporté par un coup d’État, ce lundi 24 janvier. Une issue prévisible qui soulève cependant de nombreuses questions. Et dont nous pouvons déjà tirer quelques leçons.
« Je suis très heureux de la victoire de mon ami Roch. Nous sommes très liés, et nos destins, bizarrement, se sont recoupés. Nous avons été Premiers ministres, puis présidents de l’Assemblée nationale en même temps. Et voici qu’il rejoint la fratrie… » Feu Ibrahim Boubacar Keïta imaginait-il, quand il prononça ces mots au lendemain de l’élection de Roch Marc Christian Kaboré, en novembre 2015, que leurs trajectoires jumelles, des rives de la Seine, où s’est façonnée leur culture politique, notamment au sein de la fameuse Feanf, aux palais présidentiels qu’ils ont conquis, pousseraient le mimétisme jusqu’à leurs chutes respectives, précipitée par des militaires ?
L’épidémie de coups d’État se poursuit donc, qui frappe essentiellement l’Afrique de l’Ouest. C’est le sixième en seulement un an et demi. Une grande première depuis deux décennies. Au Mali par deux fois, au Tchad, en Guinée, au Soudan et donc aujourd’hui au Burkina. Étrange dénominateur commun des putschs ouest-africains : tous ont visé des dirigeants proches de l’Internationale socialiste, issus de la même matrice idéologique dans leur jeunesse parisienne, anticolonialiste et tiers-mondiste, proches les uns des autres, mais aussi de François Hollande quand celui-ci était à l’Élysée. De ce « club » de chefs d’État jadis soudés, seul le Nigérien Mahamadou Issoufou est parvenu à quitter le pouvoir normalement.