Bernard Lama, l’ancien gardien international de l’équipe de France de football, du PSG et du Stade Rennais, vit depuis la fin de sa carrière professionnelle dans sa Guyane natale où il a créé une marque d’eau de source. Prolongation est allé lui rendre visite. Engagé et tourné vers la jeunesse, il raconte sa reconversion.
Au bord d’une route détrempée de Remire-Montjoly, une banlieue pavillonnaire de Cayenne en Guyane, un adolescent, sac de sport sur le dos, marche en direction du stade de foot. Son caleçon est apparent. Une voiture ralentit à son niveau. La vitre se baisse. « Remonte ton pantalon. Tu te crois où ? » Le jeune garçon reconnaît le manager général de son club de foot et obtempère sans broncher. Il est comme cela, Bernard Lama : franc, direct, un peu vieux jeu mais plein de valeurs et furieusement tourné vers les autres et surtout les jeunes.
Au volant de sa voiture, il raconte son enfance en enchaînant les bouffées de sa cigarette roulée. Son surnom lui va toujours aussi bien. « Le chat » ne saute plus sur les ballons mais il a gardé une ligne de sportif de haut niveau. Son regard de félin est rempli de malice. Et parfois, lorsqu’il s’agit de sujets qui lui tiennent à cœur, il griffe.
« 10 000 gosses sans école »
Depuis la fin de sa carrière professionnelle de footballeur, il est revenu vivre dans « [sa] Guyane ». « Je n’ai pas trouvé de raison suffisante pour rester de l’autre côté de l’Atlantique. J’avais acheté une maison en 2005 et je m’y suis fixé. J’y vis avec ma mère depuis. »
Heureux donc ? « Je suis content d’être chez moi, de pouvoir me balader sur la plage ou dans la forêt équatoriale. Une vie simple liée à la nature. Mais non, pas heureux. On ne peut pas être heureux quand on voit la pauvreté ici. Il y a tellement d’inégalités. Ici, 50 % des gens vivent sous le seuil de pauvreté, il y a des problèmes de santé, d’éducation, 10 000 gosses sans école. »
Dans le sang de l’ancien international français coule une fibre sociale. « Mon grand-père et mon arrière-grand-père ont construit ce département. Mon père, chirurgien, a été maire de Rémire-Montjoly pendant 35 ans. On parlait plus de politique et de l’avenir de la Guyane que de sport. Tous les ingrédients pour développer une pensée sociale et faire preuve de solidarité. »
50 % des réserves d’eau en Amazonie
Alors, pour sa reconversion, Bernard Lama n’a pas choisi « d’investir dans l’immobilier et s’enrichir sur le dos des plus pauvres » ou de faire « de l’import-export depuis la France ». Pour aider les siens, il faut d’abord poser un diagnostic…