Il est l’une des figures emblématiques du gouvernement d’Elizabeth Borne et du second quinquennat qui débute du président Emmanuel Macron. L’historien Pap Ndiaye est nommé ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse. Un vaste portefeuille qui constitue l’un des chantiers prioritaires du président.
Né le 25 octobre 1965 à Antony en région parisienne, ce normalien agrégé d’histoire est spécialiste de l’histoire sociale des Etats-Unis ainsi que des minorités. Docteur de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et diplômé de l’université de Virginie, Pap Ndiaye est professeur à Sciences Po Paris.
Métis de père sénégalais et de mère française, il est connu notamment pour ses travaux sur les personnes d’ascendance africaine et de la diaspora, un champ d’études dont il est l’un des précurseurs en France. A cet égard, il est l’auteur de « La condition noire : essai sur une minorité française », 2009.
« Dans le domaine de l’histoire, c’est quelqu’un qui a été innovant, il a su montrer une nouvelle manière d’appréhender le passé. Ses travaux sur la présence noire en France sont fondateurs », dit de lui l’historien Pascal Blanchard, spécialiste de la colonisation.
De l’Université à la Cité
En 2021, Pap Ndiaye est nommé directeur général du palais de la Porte-Dorée et dirige le musée de l’Histoire de l’immigration, un poste moins académique qui l’inscrit déjà au cœur de la Cité. A ce poste, Pap Ndiaye a affiché l’ambition d’ouvrir cette institution aux débats en respectant les règles de courtoisie.
Il pourrait jouer un nouveau rôle dans les débats sur le colonialisme, le racisme, la cohésion sociale qui traversent la société française parfois avec virulence, notamment sur les questions identitaires.
Novice en politique, il est connu pour s’être engagé à gauche en appelant à voter pour François Hollande en 2012.
Aujourd’hui, il a en charge un portefeuille très large associant l’Education nationale et la Jeunesse. A cet égard, il est au coeur d’un des chantiers annoncés comme prioritaires par le président Macron, l’école. Il succéde à Jean-Michel Blanquer à la tête d’un ministère de l’Education nationale à vif, marqué par des tensions sociales.
Pour le principal syndicat enseignant du second degré, le Snes-FSU, « la nomination de Pap Ndiaye est une rupture avec Jean-Michel Blanquer à plus d’un titre ». Mais « l’Education nationale ne se gouverne pas uniquement à coup de symboles », met-il en garde dans un communiqué. « Les urgences sont réelles, des réponses rapides sont attendues, notamment en matière salariale ».
Des réactions d’une rare violence à l’extrême droite
Dès sa nomination, le nouveau ministre a concentré les critiques les plus virulentes de l’extrême droite. La présidente du parti le Rassemblement national, Marine Le Pen a critiqué l’arrivée d’un « indigéniste assumé » Rue de Grenelle qui « est la dernière pierre de la déconstruction de notre pays, de ses valeurs et de son avenir ».
Selon M. Zemmour, chef du parti Reconquête, « c’est toute l’histoire de France qui va être revisitée à l’aune de l’indigénisme, de l’idéologie woke et de l’islamogauchisme ». Le ministre de l’Education « va être chargé de reformater les esprits des petits Français pour leur apprendre que les Blancs sont éternellement coupables, que les Noirs sont victimes et que nous sommes une terre d’immigration et que nous devons surtout continuer à l’être ».
A gauche, Jean-Luc Mélenchon, le chef du parti La France Insoumise, a salué « la nomination d’un grand intellectuel, Monsieur Pap Ndiaye », qu’il a qualifiée non sans ironie d’« audace ».
Pour sa première prise de parole en tant que ministre, lors de la passation de pouvoir avec Jean-Michel Blanquer, Pap Ndiaye a rendu hommage à son « collègue historien » Samuel Paty, assassiné en octobre 2020. Il a prôné « le dialogue avec toute la communauté éducative ».