Plutôt bonne élève en la matière, la France pollue de moins en moins. Mais elle est en retard sur ses objectifs et émet tout de même beaucoup plus de gaz à effet de serre que les pays moins développés.
Les emissions françaises de gaz à effet de serre sont, depuis maintenant plusieurs décennies, au cœur du débat public. Pourtant, on n’en sait pas grand-chose, ou si peu, si bien que de nombreuses questions continuent à être posées à leur sujet : que représentent-elles vraiment ? Sont-elles plus importantes que celles de nos voisins ? Qui les émet ? Sont-elles en baisse ?
Autant de questions auxquelles Ouest-France se propose de répondre, chiffres et graphiques à l’appui.
436 millions de tonnes émises, majoritairement du CO2
En 2019, dernière année non impactée par la pandémie, la France a émis un total de 436 millions de tonnes d’équivalent CO2.
La précision « équivalent CO2 » est importante car ce dernier n’est pas le seul gaz à effet de serre. Cette famille comporte également le méthane, le protoxyde d’azote ou les gaz fluorés. Mais, comme ceux-ci n’ont pas les mêmes propriétés physiques et le même potentiel de pollution que le CO2, il est donc difficile d’ajouter directement leur tonnage à celui du CO2. Il faut donc convertir l’impact qu’ont les tonnages de ces gaz pour leur attribuer un « équivalent CO2 » permettant d’agréger le tout dans un même ensemble.
Comme le montre le graphique suivant, la part de ces gaz dans le total des émissions de gaz à effet de serre françaises est néanmoins beaucoup moins importante que la part du CO2.
Le transport routier et l’industrie comme principaux émetteurs
Ces émissions de gaz à effet de serre sont majoritairement liées au transport routier et aux activités industrielles.
Comme le montre le graphique ci-dessous, en 2019, ces deux secteurs représentaient en effet à eux deux près de la moitié des émissions françaises.
À noter que les véhicules des particuliers représentent plus de la moitié des émissions liées au transport routier. Les émissions de l’industrie manufacturière, elles, sont surtout liées à la métallurgie et à la fabrication de minéraux non-métalliques (les deux postes représentent en cumulé 49 % du total des émissions industrielles).
L’agriculture est le troisième secteur qui émet le plus de CO2, notamment du fait du processus digestif des ruminants, un important émetteur de méthane (la « fermentation entérique » représente 40 % des émissions agricoles).
Les émissions liées aux bâtiments résidentiels ou tertiaires n’arrivent qu’en cinquième et septième positions (mais en quatrième si l’on cumule les deux postes, aux enjeux équivalents).
La France pollue moins que les autres grandes puissances mais beaucoup plus qu’un pays pauvre
Ce niveau d’émissions de gaz à effet de serre place plutôt la France dans le rang des bons élèves des pays dits développés, y compris si l’on rapporte ces émissions au nombre d’habitants. C’est ce que montre le graphique suivant :
Ainsi, en 2019, un Français émettait en moyenne 6 tonnes d’équivalent CO2 par an, contre 9 pour un Chinois, ou près de 20 pour un habitant d’Amérique du Nord.
Une différence qui est entre autre due au fait que l’électricité française est largement produite par le nucléaire, une énergie décarbonée.
Il n’en reste pas moins qu’un Français pollue beaucoup plus qu’un habitant d’un pays pauvre. Selon les données de la Banque mondiale, une personne habitant l’un des pays les moins avancés (selon la terminologie de l’Onu) n’émet qu’un peu plus d’une tonne d’équivalent CO2 par an.
Des émissions qui baissent, mais pas suffisamment par rapport aux objectifs
Comme de nombreux autres pays, la France a vu ces dernières années ses émissions de gaz à effet de serre diminuer.
Comme l’indique le graphique suivant, entre 1990 et 2019, ces émissions sont ainsi passées d’environ 550 millions de tonnes d’équivalent CO2 à 436, soit une baisse de 20 %.
Néanmoins, si elles baissent, elles ne le font pas suffisamment pour permettre à la France de remplir ses objectifs en la matière. Ceux-ci consistaient initialement en une réduction de 75 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 (par rapport à leur niveau de 1990). Cet objectif a finalement été rehaussé quelques années plus tard, de manière à viser la neutralité carbone en 2050 (pas plus de CO2 émis que la nature n’est capable d’en absorber).
Or en novembe 2021, l’Agence Internationale de l’énergie a souligné que l’Hexagone n’était « pas encore sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs […] de réduction des émissions, qui ont été fixés en 2015 ». Signe que les efforts déjà fournis, pourtant indéniables, ne sont pas encore suffisants.