C’est parti pour le marathon 2022 des chefs d’Etat et de gouvernement au siège des Nations-unies (ONU) à New York. Quelque 150 leaders du monde entier seront invités à prendre la parole à la 77ème session de l’Assemblée générale de l’ONU. Cette première en présentiel, après deux années perturbées par le Covid-19, a été un prétexte pour le président de la République, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (UA) de porter haut et fort la voix du continent, réclamant un siège au Conseil de sécurité de l’ONU pour l’Afrique qui exige des relations et un partenariat juste et équitable, dans la stabilité, avec le reste du monde et refuse «d’être le foyer d’une nouvelle guerre froide».
Le président de la République, Mack Sall, président en exercice de l’Union africaine (UA) a pris la parole à l’ouverture hier, mardi 20 septembre 2022, de la 77e session de l’Assemblée générale de l’ONU. Dans son discours, Macky Sall s’est érigé en avocat de l’Afrique dont il a défendu sur les plans aussi bien économiques et environnementaux qu’énergétiques, entre autres, face aux grandes puissances. Mieux, il a réclamé un siège pour l’UA au Conseil de sécurité des Nations-Unies.
Enfilant un manteau de défenseur de la paix face aux multiples dangers du monde actuel, notamment la guerre en Ukraine ou les risques sanitaires après la pandémie de Covid-19, le président Sall relève: «Depuis notre dernière session, le monde est devenu plus dangereux et plus incertain, sous l’emprise combinée du réchauffement climatique, des périls sécuritaire et sanitaire ainsi que de la guerre en Ukraine». C’est pourquoi «l’Afrique ne veut pas être le foyer d’une nouvelle guerre froide», a-t-il dit.
«Au-delà des urgences conjoncturelles, je suis venu porter le message d’un continent déterminé à travailler avec tous ses partenaires dans une éthique relationnelle de dialogue confiant et de respect réciproque. Je suis venu dire que l’Afrique a assez subi le fardeau de l’histoire, qu’elle ne veut pas être le foyer d’une nouvelle guerre froide, mais plutôt un pôle de stabilité et d’opportunités ouvert à tous ses partenaires, sur une base mutuellement bénéfique.»
Il reste convaincu que «la négociation et la discussion sont les meilleures armes dont nous disposons pour promouvoir la paix. «Nous appelons à la désescalade et à la cessation des hostilités en Ukraine, pour une solution négociée, afin d’éviter le risque catastrophique d’un conflit potentiellement mondial. La négociation et la discussion sont les meilleures armes dont nous disposons pour promouvoir la paix. Je lance un appel pour la mise en place d’une mission de médiation de haut niveau à laquelle l’Union est prête à apporter sa contribution.»
En attendant, tout en reconnaissant que l’Afrique a certes des problèmes, il appelle à ne pas occulter les progrès. D’ailleurs avance-t-il «l’Afrique, c’est aussi le continent des solutions».
«Je suis venu dire que nous n’ignorons pas l’Afrique des problèmes qu’il faut pacifier et stabiliser. Mais je suis également venu dire que nous avons aussi l’Afrique des solutions, avec ses 30 millions de km2, ses ressources humaines, plus de 60% des terres arables du monde, ses richesses minières, forestières, hydriques et énergétiques. Oui, nous avons l’Afrique des solutions, avec des gouvernements à la tâche au quotidien, une jeunesse vibrante qui innove, entreprend et réussit, des millions d’hommes et de femmes qui travaillent dur pour nourrir, éduquer et soigner leurs familles ; qui investissent, créent de la richesse et génèrent des emplois.»
«ENGAGER DES RAPPORTS REINVENTES, QUI TRANSCENDENT LE PREJUGE SELON LEQUEL QUI N’EST PAS AVEC MOI EST CONTRE MOI»
Et Macky Sall de signifier aux grandes puissances que leurs ennemis ne sont pas forcément les ennemis de l’Afrique. «Cette Afrique des solutions souhaite engager, avec tous ses partenaires, des rapports réinventés, qui transcendent le préjugé selon lequel qui n’est pas avec moi, est contre moi. Nous voulons un multilatéralisme ouvert et respectueux de nos différences parce que le Système des Nations-unies, né sur les cendres de la guerre, ne peut emporter l’adhésion de tous que sur la base d’idéaux partagés et non de valeurs locales érigées en norme universelle. C’est en collaborant dans le respect de nos différences que nous redonnerons force et vitalité à la raison d’être des Nations-unies, c’est-à-dire préserver les générations actuelles et futures du fléau de la guerre, promouvoir la cohabitation pacifique des peuples et favoriser le progrès en instaurant de meilleures conditions de vie pour tous», a déclaré le président Sall à l’Assemblée générale de l’ONU.
«LE TERRORISME QUI GAGNE DU TERRAIN SUR LE CONTINENT N’EST PAS QU’UNE AFFAIRE AFRICAINE, C’EST UNE MENACE GLOBALE QUI RELEVE DE LA RESPONSABILITE PREMIERE DU CONSEIL»
La sortie du président Macky Sall, président en exercice de l’UA, porte aussi sur le rôle du Conseil de sécurité dans le traitement des questions de sécurité selon qu’on soit au Nord ou au Sud. «L’ONU doit être au service des Etats membres… Le thème de cette session montre à quel point, il urge d’agir ensemble pour apaiser les tensions, soigner notre planète, réduire les inégalités persistantes Nord-Sud, et redonner sens au multilatéralisme. Le Conseil de sécurité est interpellé, au premier chef, afin qu’il traite de la même manière toutes les menaces à la paix et à la sécurité internationale, y compris en Afrique.»
Parmi ces menaces sécuritaires et à la paix sur le continent, il y a le terrorisme. «Le terrorisme qui gagne du terrain sur le continent n’est pas qu’une affaire africaine, c’est une menace globale qui relève de la responsabilité première du conseil, garant du mécanisme de sécurité collective en vertu de la Charte de l’organisation. Ainsi, invitons-nous le conseil à mieux s’engager avec nous dans la lutte contre le terrorisme, en Afrique, avec des mandats plus adaptés et des moyens plus conséquents».
SYSTEME DES NATIONS-UNIES, INSTITUTIONS DE BRETON WOODS…
Macky pour «l’instauration d’une gouvernance mondiale plus juste»
«Près de 80 ans après la naissance du Système des Nations-unies et des institutions de Bretton Woods, il est temps d’instaurer une gouvernance mondiale plus juste, plus inclusive et plus adaptée aux réalités de notre temps. Il est temps de vaincre les réticences et déconstruire le narratif qui persiste à confiner l’Afrique à la marge des cercles décisionnels. Il est temps de faire droit à la juste et légitime revendication africaine sur la réforme du Conseil de sécurité telle que reflété dans le Consensus d’Ezulwini». C’est autre volet du discours engagé du président Macky Sall à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU.
POUR L’OCTROI D’UN SIEGE A L’UNION AFRICAINE AU SEIN DU G20 POUR QUE…
Suffisant pour que, dans le même esprit, il «rappelle notre demande d’octroi d’un siège à l’Union africaine au sein du G20 pour que l’Afrique puisse en fin se faire représenter là où se prennent les décisions qui engagent 1 milliard 400 millions d’Africains. Je remercie les partenaires qui nous ont déjà exprimé leur soutien et invite les autres à considérer favorablement notre candidature».
Au titre de la gouvernance économique et financière, Macky Sall a attiré «l’attention de l’Assemblée générale sur le rapport 2022 sur le financement du développement durable, réalisé par une soixantaine d’institutions multilatérales dont le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, le Comité de Bâle sur la supervision bancaire, l’Association internationale des régulateurs de l’assurance et le Conseil de stabilité financière. Ce rapport relève les insuffisances dans les procédés d’évaluation des Agences de notation, et souligne l’importance d’appliquer des méthodologies transparentes afin de ne pas miner la confiance dans les notations. Nous sommes préoccupés par le fait que la perception du risque en Afrique continue d’être plus élevée que le risque réel. Ce qui renchérit les primes d’assurance et pénalise la compétitivité de nos économies».
C’est pourquoi, a-t-il réitéré, «l’Afrique renouvelle sa proposition au groupe de réponse à la crise mondiale sur l’alimentation, l’énergie et les finances afin qu’il engage, en rapport avec le G20, le FMI et la Banque mondiale, un dialogue constructif avec les Agences de notation sur l’amélioration de la méthode de travail et dévaluation».
«APPEL POUR LA REALLOCATION PARTIELLE DES DROITS DE TIRAGES SPECIAUX, SI NECESSAIRE POUR LES PAYS EN DEVELOPPEMENT DANS UN PREMIER TEMPS»
Mieux, dans le même esprit, face à l’ampleur inédite de la crise économique mondiale, «l’Union Africaine réitère son appel pour la réallocation partielle des Droits de tirages spéciaux, si nécessaire pour les pays en développement dans un premier temps, et la mise en œuvre de l’initiative du G20 de suspension du service de la dette. Ce choc sans précédent fragilise davantage les économies les plus faibles et rend encore plus pressant leur besoin en liquidité pour atténuer les effets de l’inflation généralisée et soutenir les ménages et les couches sociales les plus vulnérables notamment les jeunes et les femmes».
PRISE EN CHARGE DES URGENCES SANITAIRES NOUVELLES OU ANCIENNES
L’autre préoccupation de Macky Sall, c’est également «la prise en charge des urgences sanitaires nouvelles ou anciennes dont le cancer, un tueur silencieux qui continue de faire des millions de victimes à travers le monde. J’appelle à la mobilisation en faveur de la campagne «Rays of hope», de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), pour ‘’le renforcement des capacités des pays membres, africains en particulier, dans la lutte contre le cancer, grâce aux technologies nucléaires telles que l’imagerie médicale, la médecine nucléaire et la radiothérapie».
LEVEE DES SANCTIONS ETRANGERES CONTRE LE ZIMBABWE et DROIT DU PEUPLE PALESTINIEN A UN ETAT VIABLE
Les sanctions contre le Zimbabwe et la situation en Palestine se sont invitées au discours. «En outre, l’Union africaine (UA) appelle, une fois de plus, à la levée des sanctions étrangères contre le Zimbabwe. Ces mesures sévères continuent de nourrir un sentiment d’injustice contre tout un peuple et d’aggraver ses souffrances en ces temps de crise profonde. Au Proche Orient, nous réitérons le droit du peuple palestinien à un Etat viable, coexistant pacifiquement avec l’Etat d’Israël ; chacun à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues».
URGENCE CLIMATIQUE, FINANCEMENT DE L’ADAPTATION AU CHANFEMENT CLOMATIQUE
Les vérités de l’Afrique aux grands pollueurs
L’urgence climatique dans un monde marqué par des inégalités et l’accès universel à l’énergie en Afrique où 600 millions de personnes sont sans électricité, alors que l’Afrique est le pays le moins polluant tient à cœur le président de l’UA, Macky Sall. C’est pourquoi, a-t-il insisté, «à quelques semaines de la COP27 de Charm el-Cheikh (Egypte), l’Afrique renouvelle son attachement à l’accord de Paris sur le climat. En même temps nous souhaitons parvenir à un consensus pour une transition énergétique juste et équitable, comme ce fut le cas au sommet Afrique-Europe de février dernier, à la session élargie du sommet du G7 en juin et récemment au forum de Rotterdam sur le financement de l’adaptation en Afrique».
«Il est légitime et juste et équitable, que l’Afrique, continent le plus en retard sur le processus d’industrialisation, continent le moins pollueur, exploite ses ressources disponibles pour disposer d’une énergie de bas afin d’améliorer la compétitivité de son économie et réaliser l’accès universel à l’électricité. Je rappelle qu’à ce jour, plus de 600 millions d’africains vivent encore sans électricité.
Travaillons également à la réalisation de l’objectif de 100 milliards de dollars par an en appui aux efforts d’adaptation des pays en développement et au financement du programme d’accélération de l’adaptation en Afrique, sous l’égide de la Banque africaine de développement (BAD) et du Centre mondial pour l’adaptation. Au demeurant, nous considérons le financement de l’adaptation non comme de l’aide mais somme une contribution des pays industrialisés à un partenariat mondial solidaire, en contrepartie des efforts que fournissent les pays en développement pour éviter les schémas pollueurs qui ont plongé la planète dans l’Etat d’urgence climatique actuel».