A L uneACTUALITESFAITS DIVERS

Naufrage du bateau Le Joola ( 26 septembre 2002-26 septembre 2022 ) : 20 ans déjà , le plus grand drame maritime et les familles des victimes toujours dans le désarroi

Cela fait 20 ans que le plus grand drame maritime a eu lieu au large du Sénégal. Le bateau Le Joola qui a coulé le 26 septembre 2002, a emporté avec lui plus de 1 800 âmes. Deux décennies après, des familles des victimes n’arrivent toujours pas à faire leur deuil. Par devoir de mémoire, elles soulignent que les cinq points du Mémorandum régulièrement déposé sur la table du gouvernement depuis 2007 ne sont toujours pas réglés.

Une prise en charge qui exclue plusieurs orphelins

Au lendemain du naufrage, près de 1900 orphelins mineurs avaient été recensés, et le gouvernement avait pris l’engagement solennel de les prendre en charge. Cet engagement ne commencera à voir le jour que 10 ans après. C’est-à-dire en janvier 2012 où seulement 696 ont été pris en charge par l’Office national des pupilles de la nation. Les autres orphelins ont, entre-temps, atteint l’âge de la majorité fixé à 18 ans, sans compter les différentes omissions. «L’Etat a joué avec le temps et par ce mécanisme, il a éliminé la plupart des orphelins. La création de l’Office national des pupilles de La Nation, bien que salutaire n’a pas permis de prendre en charge convenablement les orphelins du Joola. Certains n’ont bénéficié des allocations de prise en charge que durant un ou deux mois», déclare Chamsidine Aïdara, porte-parole du Comité d’initiative des familles des victimes du Joola. D’après lui, ce n’est que le 17 février 2021, que l’Etat a pris la décision de prendre en charge financièrement les orphelins non déclarés pupilles. «Et là encore, non seulement une minorité a été prise en compte mais également un montant arbitraire a juste été alloué sans prendre en compte la durée normale de prise en charge», souligne-t-il.

Un mémorial-musée  contre l’oubli 

A en croire les familles des victimes, un mémorial est une forme durable de conservation collective du souvenir d’un fait ou autre entité remarquable, soit : un écrit où l’on a consigné ce dont on veut garder le souvenir, soit uncommémoratif érigé en souvenir d’un événement, ou en l’honneur d’une ou plusieurs personnes décédées. «Nous en avons demandé depuis des années. Aujourd’hui, le gouvernement s’est enfin décidé à construire un mémorial à Ziguinchor. Nous savons peu de choses sur ce Mémorial, car le contenu mémorial n’a jamais été défini par le gouvernement, malgré les propositions du Comité d’en faire un édifice polyvalent comprenant un Musée du souvenir et un Centre de recherche sur la sécurité humaine, la prévention des risques et des catastrophes», raconte M. Aïdara. Qui ajoute que la construction du mémorial musée promise par le Gouvernement sur la corniche ouest à Dakar reste encore à concrétiser.«Nous avons recu une proposition tres intéressante de Pierre Atépa Goudiaby», poursuit-il.

Le renflouement de l’épave du Joola

Vingt ans après le naufrage, l’épave n’est toujours pas renfloué malgré les engagements répétés des autorités étatiques qui se sont succédé depuis le drame.  «Est-il possible, un seul instant, de penser que les familles acceptent, l’esprit apaisé, de laisser leurs proches coincés dans l’épave du bateau, sous prétexte que renflouer créerait de nouveaux traumatismes ? Il n’est pas juste de ramener le renflouement de l’épave du Joola à une question technique et financière.  Que fait-on alors du caractère sacré de toute vie humaine ? Ensuite, derrière cette demande des familles de renflouer l’épave, il y a le désir ardent et légitime de connaître toute la vérité sur le naufrage. C’est ce que redoutent peut-être les autorités. Le renflouement est une étape essentielle à la connaissance de toute la vérité sur cette catastrophe humaine. Peut-on oublier qu’il y a eu près de 2 000 morts de 12 nationalités !», explique le porte-parole.

Vérité et Justice

Les résultats de la Commission ont établi des fautes graves et ont identifié les responsables. «Mais, à la grande surprise des familles de victimes et de l’opinion en générale, des sanctions administratives et pénales conséquentes n’ont pas été prises par l’Etat», déplore M. Aïdara. Et de poursuivre : «Deux décennies après, nous avons le sentiment que les coupables de la plus grande catastrophe maritime du Sénégal ne sont pas punis. Nous sommes révoltés parce que le culte de l’impunité est largement entretenu. Nous sommes inquiets aussi parce que la culture de l’impunité peut, à tout moment, être encore à l’origine de préjudices irréparables à la société sénégalaise».

26  Septembre, journée du souvenir

Pour l’Etat, le devoir de mémoire se résume à commémorer l’anniversaire du naufrage.  Mais pour les familles de victimes, le devoir de mémoire pour le Comité c’est aussi faire du 26 septembre une journée du souvenir«Le Comité ne demande pas de faire du 26 septembre un jour férié, mais une journée du souvenir à la mémoire des victimes du Joola, par une loi. La tragédie du 11 septembre 2001 date d’il y a 21 ans. Voilà vingt et un ans que l’Amérique en a tiré les leçons et honore tous les ans la mémoire des victimes pour que plus jamais ça !  Nous voulons construire une autre société, société juste, équitable, où les droits de chaque citoyen sont reconnus et respectés. Où les citoyens ont les mêmes droits à la santé, à l’éducation, société qui reconnaît le caractère sacré de la vie. Qui assure la sécurité de tous les citoyens. Qui protège les enfants qui ont aussi droit à la vie».

source:sudQuotidien