La société nationale La Poste du Sénégal a un nouveau patron qui remplace Abdoulaye Bibi Baldé éjecté de son fauteuil. L’Inspecteur des impôts et domaines de classe exceptionnelle Mohamadou Diaité hérite de la patate chaude. Dans un document de 29 pages, les travailleurs ont fait des propositions de sortie de crise pour soulager leur entreprise.
La Poste défraie la chronique depuis plusieurs mois. Sa gestion est qualifiée de plus que chaotique. Les dettes qu’elle traîne plombent l’entreprise qui ne cesse de faire souffrir même des retraités y ayant domicilié leurs pensions.
Quant aux travailleurs dont les salaires sont virés dans des comptes ouverts au niveau des livres de La Poste, n’en parlons pas. Pas plus tard qu’en ce début de mois d’octobre, des employés et autre usagers de cette société ont manifesté leur colère devant ses locaux. Au mois de mai dernier, le président de la République, lors de la cérémonie de remise des cahiers de doléances des centrales syndicales à l’occasion de la Fête du Travail, avait déclaré que l’Etat ne peut pas continuer à financer une entreprise quasiment en faillite et où tout des gens sont payés alors qu’ils ne travaillent pas.
En tout cas, pour une sortie de crise, les employés de La Poste ont élaboré un document dans lequel ils font des recommandations pour une possible fin du calvaire que vivent non seulement le personnel mais aussi les usagers et les différents partenaires. Les auteurs de ce document d’une trentaine de pages proposent, en vue en vue d’améliorer la gestion de la trésorerie de l’entreprise et de mieux faire face à l’exigibilité de ses dettes à court terme plusieurs recommandations.
« En urgence, La Poste devrait recouvrer les créances de l’entreprise en particulier celle auprès de la Délégation Générale à la Protection Sociale et à la Solidarité Nationale dans le cadre du paiement des Bourses de Sécurité Familiale. Cette créance pour laquelle une reconnaissance de dette a été obtenue tourne autour de 35 milliards de FCFA. Compte tenu de l’urgence, la Direction Générale doit engager promptement le processus de titrisation de la créance et s’investir afin qu’il aboutisse rapidement. Ainsi, par le placement de ce titre sur le marché financier, l’entreprise pourrait être vite soulagée — au moins à court terme — de ses difficultés de trésorerie », peut-on lire dans le document.
Est également proposée l’inscription dans le budget de l’État de la Rémunération du Service Public (RSP) effectué par cette boîte. Une rémunération rehaussée au moins à 6,7 milliards et le paiement effectif de celle-ci pour les années écoulées c’est-à-dire depuis la signature de la convention de dettes croisées entre l’État et La Poste. Ceci pour mieux organiser ses règlements, notamment les dettes dues aux fournisseurs et prestataires afin d’obtenir les délais de règlement les plus longs possibles
Départs négociés
D’autres recommandations ont été faites pour une sortie de crise de La Poste à moyen terme. « Il faudra avoir pour objectif à moyen terme (03 ans), à défaut d’un résultat positif, revenir à l’équilibre budgétaire » disent les auteurs du document. Pour ce faire, des options sont proposées. Il s’agit entre autres du refinancement de l’État, de son soutien, de la recapitalisation en apurant les pertes successives, du renoncement par l’Etat de sa créance sur La Poste, d’une valorisation dès à présent de la RSP à 09 milliards en attendant l’effectivité de la comptabilité analytique.
Le document évoque également des propositions de départs négociés. Gel de tous les recrutements pendant au moins trois mois sauf pour des cas spécifiques et impératifs Lesquels proposent aussi une réforme de la composition et de la désignation des membres et du fonctionnement du CA et de l’Assemblée générale. Cela serait complété par une plus grande représentation d’organisations non étatiques, une désignation plus transparente des représentants des usagers au CA et l’ouverture du public aux AG.
La mise en place d’un comité permanent, une ouverture du capital et la nomination à la Direction générale du Contrôle de Gestion pour le CA a été proposée pour un meilleur contrôle de gestion. Le goulot d’étranglement dans La Poste reste la gestion des ressources humaines. Avec un personnel qui dépasse la limite, la majeure partie recrutée grâce à du clientélisme politique, le document propose là aussi des recommandations pour une sortie de crise.
Pour adapter l’effectif au niveau d’activité, il sera nécessaire de recourir aux départs volontaires, tout en gelant tous les recrutements au moins pendant trois mois sauf pour des cas spécifiques et impératifs
source;leral