Les pays membres de l’OTAN réunis à Bucarest mardi se mobilisent pour aider l’Ukraine à passer l’hiver, avec l’annonce attendue d’une contribution financière «substantielle» de Washington.
L’essentiel
- L’invasion de l’Ukraine a accru la menace d’utilisation d’armes de destruction massive, y compris les munitions toxiques, a déclaré lundi le chef de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.
- Volodymyt Zelensky a déclaré avoir «la certitude» que la Russie préparait de nouvelles frappes sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes.
- Les Etats-Unis vont débloquer mardi une aide d’urgence sur l’infrastructure énergétique en Ukraine
L’Ukraine a appelé mardi les pays membres de l’OTAN réunis à Bucarest à accélérer la livraison d’armes et d’équipements électriques afin d’aider le pays meurtri par plus de neuf mois de guerre à faire face aux dommages causés à son infrastructure énergétique par les bombardements russes. «La dernière fois, j’avais dit trois mots: des armes, des armes, des armes. Cette fois, j’ai trois autres mots: plus vite, plus vite et plus vite», a lancé le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, peu avant une rencontre avec le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg.
Quels sont les besoins ukrainiens les plus pressants? Des générateurs et des missiles Patriots de défense aérienne, a-t-il martelé. Le président russe Vladimir Poutine veut utiliser l’hiver comme «une arme de guerre» contre l’Ukraine avec des «attaques délibérées» contre des infrastructures civiles pour priver le pays de chauffage, d’électricité et d’eau, avait dénoncé dans la journée le secrétaire général de l’Alliance atlantique en accueillant cette réunion de deux jours des chefs de la diplomatie de l’OTAN dans l’immense palais qui abrite le parlement roumain. L’objectif du Kremlin est d’«infliger autant de souffrances que possible aux civils ukrainiens pour essayer de briser leur engagement, leur unité dans la lutte contre l’invasion russe», a-t-il poursuivi.
L’Allemagne va fournir «plus de 350 générateurs» à l’Ukraine, dont les infrastructures énergétiques ont été en partie détruites par des frappes russes, a annoncé mardi le porte-parole du gouvernement. Le chancelier Olaf Scholz s’est entretenu avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky et l’a «assuré d’un soutien supplémentaire à court terme», a annoncé dans un communiqué Steffen Hebestreit, précisant que l’aide allemande dans ce domaine s’élevait déjà jusqu’à présent à 56 millions d’euros.
La France va accorder un prêt bilatéral de 100 millions d’euros pour venir en aide à l’Ukraine, en guerre depuis l’invasion russe, a annoncé mardi le ministère français de l’Économie et des Finances. Cette assistance financière s’ajoute à un prêt de 300 millions d’euros octroyé en mars. «L’assistance financière à l’Ukraine joue un rôle crucial pour soutenir la stabilité économique du pays et la continuité des services publics», a indiqué Bercy dans un communiqué.
«Elle contribue aussi au maintien en fonctionnement des infrastructures essentielles, alors que les destructions menées par la Russie à l’approche de l’hiver se sont intensifiées et génèrent de graves conséquences pour la population ukrainienne», a-t-on ajouté de même source.
La Russie s’est engagée début octobre dans une campagne de frappes massives de missiles visant l’infrastructure énergétique de l’Ukraine. Selon des chiffres cités par le gouvernement ukrainien, entre 25 et 30% de cette infrastructure a été endommagée. Le décaissement des fonds, qui seront versés «dans les tout prochains jours» selon Bercy, a été acté lundi lors d’un entretien en visioconférence entre le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire, son homologue ukrainien Sergii Marchenko et l’Agence française de développement (AFD).
La douane néerlandaise a indiqué qu’une cargaison d’engrais russes avait quitté mardi le port de Rotterdam pour le Malawi, l’ONU ayant réussi à surmonter les obstacles liés aux sanctions qui frappent la Russie. Ces exportations d’engrais russes, cruciales pour combattre la crise alimentaire, sont longtemps restées paralysées. La cargaison avait le 12 novembre été la première à être autorisée à quitter l’UE depuis les sanctions.
Les produits agricoles et les engrais ne tombent pas sous le coup des sanctions à l’égard de la Russie, mais en raison des risques liés au conflit encourus en Mer Noire, les armateurs ne voulaient plus engager leurs bateaux faute d’assureurs. Le Malawi est l’un des pays qui est dans le rouge en ce qui concerne les engrais, avait précisé mi-novembre la responsable de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) Rebeca Grynspan.
Selon les Affaires étrangères néerlandaises, la cargaison avait été gelée parce qu’un individu sanctionné est impliqué dans la société russe qui en est propriétaire. La décision de libérer le chargement a été prise après que l’ONU a garanti veiller à ce qu’il soit livré à l’endroit convenu (Malawi) et à ce que la société russe et l’individu sanctionné ne gagnent rien sur la transaction, avaient-elles précisé le 12 novembre.
L’Ukraine a annoncé mardi avoir reçu des lance-roquettes unitaires (LRU), l’équivalent français des Himars américains, pour renforcer son arsenal militaire face à la Russie, après plus de neuf mois d’invasion des troupes de Moscou. «Arrivée de LRU! L’armée ukrainienne est maintenant plus forte», s’est félicité sur Twitter le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov. Le ministre n’a pas précisé combien de LRU avaient été livrés, mais son homologue français, Sébastien Lecornu, avait indiqué le 19 novembre dans un entretien au Journal du Dimanche que la France allait envoyer «deux LRU pour la frappe terrestre en profondeur» à l’Ukraine.
Le LRU a une portée d’«environ 70 km» et peut toucher sa cible avec une précision «à moins d’un mètre», selon une description sur le site du ministère français de la Défense. Ces derniers mois, l’Ukraine a utilisé plusieurs types de lance-roquettes étrangers, dont les très précis Himars américains, pour cibler les lignes arrières russes et notamment les lignes d’approvisionnement. Dans son entretien au JDD, Sébastien Lecornu avait également précisé que Paris allait envoyer «deux batteries de missiles Crotale», des systèmes de défense sol-air précieux contre les drones kamikazes utilisés par les Russes.
«Nous étudions aussi une demande ukrainienne pour des radars car la détection en amont des frappes est cruciale», avait-il ajouté, sans donner plus de détails. Parmi les 15 000 soldats ukrainiens destinés dans les prochains mois à être formés dans l’Union européenne, la France doit «en prendre en charge 2000», avait-il également indiqué.
Greenpeace a appelé mardi le gouvernement français à stopper «les contrats sur le commerce d’uranium» entre la France et la Russie alors que les livraisons se poursuivent malgré la guerre, en l’absence de sanctions internationales sur le nucléaire civil russe. Dans un communiqué, «Greenpeace demande l’arrêt définitif de tout commerce nucléaire avec la Russie».
L’ONG gouvernementale réclame aussi «la résiliation de tous les contrats en cours entre l’industrie nucléaire française et Rosatom ainsi que ses filiales, en commençant par les contrats concernant le commerce d’uranium entre Tenex, filiale de Rosatom, et respectivement EDF et Orano». «La poursuite du commerce nucléaire avec la Russie, alors que la guerre en Ukraine fait rage, est scandaleuse», dénonce Pauline Boyer, chargée des campagnes nucléaire et transition énergétique à Greenpeace France.
Mardi matin, «des dizaines de fûts d’uranium enrichi et dix containers d’uranium naturel en provenance de Russie» ont été acheminés par cargo dans le port de Dunkerque, pour être chargés «à bord d’un train et de plusieurs camions dont les destinations pourraient être Pierrelatte en France et/ou Lingen, en Allemagne», selon l’ONG. Sollicité sur la destination de ce chargement, le groupe électricien français EDF n’a pas répondu. Contacté par l’AFP, le groupe nucléaire Orano (ex-Areva) a indiqué que «ces transports ne concernaient ni ses matières, ni ses installations».
Le groupe a en revanche confirmé à l’AFP avoir livré à la Russie «cinq ou six» transports d’uranium de retraitement (URT) dont il était propriétaire jusqu’en octobre, vers l’usine Seversk du conglomérat public nucléaire russe Rosatom, dans le cadre d’un contrat signé en 2020 portant sur un volume total de 1150 tonnes.
Les pays membres de l’OTAN réunis à Bucarest mardi se mobilisent pour aider l’Ukraine à passer l’hiver, avec l’annonce attendue d’une contribution financière «substantielle» de Washington pour faire face aux dommages causés par la Russie sur les infrastructures énergétiques de Kiev. L’Allemagne, qui préside le G7, a pour sa part convoqué mardi après-midi une réunion en marge de l’OTAN sur la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine, au cours de laquelle les Etats-Unis appelleront les autres pays à renforcer leur aide dans ce domaine.
Arrivé lundi soir à Bucarest, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken devait annoncer en fin de journée une aide financière «substantielle» à l’Ukraine dans le domaine de l’énergie, selon des hauts responsables américains. Cette aide «sera substantielle et ce n’est pas fini», a indiqué à des journalistes l’un des hauts responsables s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, refusant de donner plus de détails ou le montant précis. Il a toutefois rappelé que l’administration Biden avait budgété 1,1 milliard de dollars pour l’énergie en Ukraine et en Moldavie. L’aide américaine s’inscrit dans la perspective d’une conférence internationale des bailleurs de fonds en «soutien à la résistance civile ukrainienne», qui se tiendra le 13 décembre en France.
La Russie a exprimé son «indignation» après des propos du pape François sur le rôle présumé des minorités ethniques russes dans le conflit en Ukraine, ont rapporté mardi les agences de presse russes. Le pape François a affirmé dans une interview publiée lundi que certains des combattants «les plus cruels» à l’offensive russe en Ukraine «ne sont pas de tradition russe», mais appartiennent à des minorités comme «les Tchétchènes, les Bouriates», en référence aux peuples autochtones de ces régions russes. La réaction russe ne s’est pas fait attendre, Moscou ayant déposé mardi une plainte officielle auprès du Vatican, selon l’agence de presse publique RIA Novosti.
«J’ai exprimé mon indignation après ces insinuations et indiqué que rien ne pouvait ébranler la cohésion et l’unité du peuple multinational russe», a déclaré à l’agence l’ambassadeur russe auprès du Saint-Siège, Alexandre Avdeïev. La Russie a été accusée en septembre de mobiliser de manière disproportionnée des hommes appartenant à des minorités ethniques de Sibérie et du Caucase pour appuyer son offensive en Ukraine, après l’annonce par le Kremlin d’une mobilisation partielle qui a touché environ 300 000 réservistes.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a fustigé lundi sur Telegram les propos du pape en lançant: «Ce n’est même plus de la russophobie, c’est de la perversion». L’ONG Free Buryatia Foundation («Bouriatie libre»), basée aux Etats-Unis et qui apporte notamment une assistance juridique aux soldats russes qui ne souhaitent pas prendre part à l’offensive en Ukraine, a également critiqué les propos du pape François. «Les stéréotypes restent des stéréotypes, peu importe qui les reproduit: des militants, des politiciens ou des leaders spirituels. Et les remarques du pape sur les Bouriates et Tchétchènes sont non seulement des stéréotypes racistes, mais aussi des mensonges», a regretté l’organisation dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.
Le groupe paramilitaire russe Wagner a reconnu mardi qu’un étudiant zambien recruté en prison avait été tué en Ukraine, deux semaines après que la Zambie eut demandé des explications à la Russie sur les circonstances de la mort d’un de ses concitoyens. «Lemekhani Nathan Nyirenda, le 22 septembre, a été l’un des premiers à pénétrer dans les tranchées ennemies, faisant preuve de courage et de bravoure», a salué sur les réseaux sociaux de son entreprise le chef de Wagner, Evguéni Prigojine. Oligarque réputé proche de Vladimir Poutine et devenu personnalité médiatique du conflit en Ukraine, Evguéni Prigojine a affirmé «bien se rappeler de ce gars» de 23 ans, «mort en héros» au combat.
Depuis plusieurs semaines, Evguéni Prigojine était accusé par l’Ukraine d’envoyer sur le front des milliers de combattants recrutés directement dans les prisons russes, contre promesse d’un salaire et d’une amnistie. Evguéni Prigojine a reconnu mardi que son groupe avait recruté Lemekhani Nathan Nyirenda, condamné en Russie, dans une prison de la région de Tver, au nord-ouest de Moscou. Selon lui, le jeune Zambien s’était porté volontaire pour intégrer Wagner et combattre en Ukraine.
La Zambie avait demandé mi-novembre des explications à Moscou sur la mort d’un de ses ressortissants en Ukraine, où la Russie mène depuis février une offensive militaire. Selon le gouvernement zambien, Lemekhani Nathan Nyirenda était initialement étudiant en ingénierie nucléaire à l’Institut d’ingénierie physique de Moscou (MEPhI). Il avait été condamné à neuf ans et six mois d’emprisonnement après avoir été reconnu coupable d’avoir enfreint la loi russe en avril 2020, selon la même source.
Le ministre allemand de la Justice Marco Buschmann a qualifié de « crime de guerre » mardi les destructions «systématiques» d’infrastructures énergétiques perpétrées par la Russie en Ukraine.
Les attaques actuelles ciblées contre l’approvisionnement en courant et en chauffage …afin de laisser les gens dans leurs appartements pendant un hiver où les températures pourraient descendre à -30°C» sont «un crime de guerre terrible», a déclaré le ministre à l’issue d’une réunion avec ses homologues du G7.
Le président russe Vladimir Poutine veut utiliser l’hiver comme «une arme de guerre» contre l’Ukraine avec des «attaques délibérées» contre des infrastructures civiles pour priver le pays de chauffage, d’électricité et d’eau, dénonce le secrétaire général de l’OTAN.
«Les attaques délibérées contre les services essentiels – le chauffage, la lumière, l’eau, le gaz – ont pour but d’infliger autant de souffrances que possible aux civils ukrainiens pour essayer de briser leur engagement, leur unité dans la lutte contre l’invasion russe», affirme Jens Stoltenberg.
Ce dernier est arrivé à Bucarest pour participer à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN.
Le Qatar a annoncé mardi un accord d’approvisionement en gaz naturel liquéfié (GNL) avec l’Allemagne sur 15 ans, en pleine crise mondiale de l’énergie provoquée par la guerre en Ukraine. Le pays du Golfe va fournir «jusqu’à 2 milions de tonnes de GNL par an» au terminal gazier en cours de construction à Brunsbuntell, dans le nord de l’Allemagne, à partir de 2026, a déclaré le ministre qatari de l’Energie, Saad Sherida Al-Kaabi, lors d’une conférence de presse.
Dans son allocution quotidienne, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé qu’en une semaine seulement, la Russie a effectué «258 frappes» sur «30 localités de la région de Kherson». Il a également indiqué que les bombardements russes avaient endommagé «la station de pompage qui fournissait de l’eau à Mikolaïv».
En difficulté sur le champ de bataille, la Russie dit vouloir négocier. Méfiante, l’Ukraine s’y prépare en affûtant ses propositions. Genève joue déjà un rôle pour réduire les conséquences du conflit et tenter d’enrayer l’escalade.
Des discussions pour mettre fin au carnage? L’idée n’est pas nouvelle. A vrai dire, elle est presque aussi ancienne que l’invasion de l’Ukraine. Et les contacts n’ont presque jamais cessé entre les deux camps.
L’Opéra de Lviv et celui d’Odessa ont été récompensés «pour leur courage et leur résistance» face à la guerre, lors des International Opera Awards, prix du monde de l’opéra décernés lundi soir. Les deux ont reçu le prix de la meilleure compagnie d’opéra lors d’une cérémonie au Théâtre royal de Madrid. C’est la première fois que deux compagnies reçoivent ce prix ensemble. Ce prix vient récompenser «alors qu’elles continuent à se produire malgré les dangers et les dégâts causés par la guerre», a déclaré John Allison, directeur de la revue Opera et président du jury, pendant la cérémonie de remise des prix.
Les Etats-Unis devraient annoncer ce mardi une aide financière à l’Ukraine pour l’aider à faire face aux dommages causés par la Russie sur ces infrastructures énergétiques, en marge d’une réunion de l’Otan en Roumanie, ont indiqué des hauts responsables américains.
Cette aide, qui sera détaillée par le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, arrivé lundi soir à Bucarest, «sera substantielle et ce n’est pas fini», a indiqué à des journalistes l’un des hauts responsables s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, en se refusant à donner de plus amples détails ou le montant précis. Il a toutefois rappelé que l’administration Biden avait budgété 1,1 milliard de dollars pour l’énergie en Ukraine et en Moldavie.
La Russie s’est engagée début octobre dans une campagne de frappes de missiles massives visant l’infrastructure énergétique à travers l’Ukraine. Selon des chiffres cités par le gouvernement ukrainien, entre 25 à 30% de cette infrastructure a été endommagée. «Ce que font les Russes c’est de cibler spécifiquement des stations de transformation à haut voltage» et pas seulement les centrales électriques elles-mêmes, afin de perturber toute la chaîne de la production à la distribution, a expliqué le responsable américain.