Dans une Allemagne vieillissante, le chancelier social-démocrate Olaf Scholz veut simplifier l’accès à la nationalité allemande. Ses alliés libéraux et l’opposition de droite sont vent debout.
Une fois n’est pas coutume, l’émotion était palpable quand Olaf Scholz a lancé sa réforme de la nationalité, le week-end dernier. Pour beaucoup, l’Allemagne est devenue le pays de l’espoir, explique le chancelier allemand, dans un court message en ligne. Les hommes, les femmes et les enfants qui sont venus en Allemagne, ont fortement contribué à ce que notre économie soit aussi forte aujourd’hui.
D’où l’idée d’aller plus loin. Dans son projet de réforme de la naturalisation, la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser (sociale-démocrate) propose de raccourcir les délais : il suffirait de séjourner sur le sol allemand cinq ans au lieu de huit, avant de pouvoir déposer sa demande. Voire seulement trois ans en cas d’intégration particulièrement réussie
.
Berlin veut aussi élargir l’accès à la double nationalité. Un droit actuellement restreint : de nombreux étrangers, non-européens, doivent renoncer à leur nationalité d’origine. Les enfants nés en Allemagne de parents présents dans le pays depuis cinq ans seraient également automatiquement allemands.
Besoin de main-d’œuvre
Parmi ses 84 millions d’habitants, l’Allemagne compte 11,8 millions d’étrangers. Un chiffre en augmentation constante depuis 2009. La Turquie figure en tête des pays d’origine les plus représentés (1,4 million), suivent la Pologne, la Syrie et la Roumanie. « Nous sommes un pays avec une immigration diverse, nous voulons nous adapter à cette réalité en modernisant notre droit de la nationalité », justifie Nancy Faeser.
Ces débats autour de la nationalisation ne sont pas dénués d’arrière-pensées économiques, car le pays vieillit sacrément, avec un taux de fécondité tombé à 1,53 enfant par femme, loin du seuil de renouvellement des générations (2,05). Deux Allemands sur trois considèrent d’ailleurs l’immigration comme un moyen pour aider à résoudre les problèmes démographiques et économiques
» du pays, selon une étude menée en février par la Fondation Bertelsmann.
Et plus de la moitié y voient l’opportunité de combler le manque de main-d’œuvre dans de nombreux secteurs sous tension (transports, vente, milieu médical, etc.).
Cette pénurie plaide pour « une plus grande ouverture aux travailleurs étrangers
», soutient le ministre écologiste de l’Économie, Robert Habeck.
La droite voit cela d’un autre œil. Alors qu’ils s’étaient engagés, dans le contrat de coalition avec la gauche, à faciliter l’accès à la nationalité, les libéraux du FDP estiment désormais que ce n’est pas le bon moment »,
selon leur secrétaire général Bijan Djir-Sarai. Pour le conservateur Alexander Dobrindt, chef du groupe parlementaire CSU (union chrétienne-sociale), brader la nationalité allemande ne favorise pas l’intégration, mais conduit à son contraire et va encore attirer de la migration illégale
.