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Iran : la Police des Mœurs Abolie Par le Pouvoir, Près de trois Mois Après la Mort de Mahsa Amini

Le procureur général iranien a annoncé samedi 3 décembre 2022 l’abolition de la police des mœurs. Une décision qui fait suite à plusieurs mois de contestation populaire, liée à la mort d’une jeune femme détenue par cette police pour manquement au port du voile.

Le procureur général iranien, Mohammad Jafar Montazeri, a annoncé que la police des mœurs  a été abolie par les autorités compétentes, a rapporté ce dimanche 4 décembre 2022 l’agence de presse Isna .

La police des mœurs « abolie par ceux qui l’ont créée »

« La police des mœurs n’a rien à voir avec le pouvoir judiciaire, et elle a été abolie par ceux qui l’ont créée », a affirmé samedi soir Mohammad Jafar Montazeri, lors d’une conférence religieuse, dans la ville sainte de Qom. Le procureur général répondait à la question d’un participant qui lui demandait « pourquoi la police des mœurs a été fermée ? ».

Cette annonce intervient alors qu’un mouvement de contestations sans précédent est à l’œuvre en Iran. Lourdement réprimé par le pouvoir, il fait suite à la mort d’une jeune femme arrêtée pour manquement au port du voile par cette même police des moeurs.

Elle fait également suite à la décision, prise samedi par les autorités iraniennes, de réviser une loi de 1983 sur le port du voile obligatoire en Iran, imposé quatre ans après la révolution islamique de 1979.

Une membre de la police des moeurs iranienne, en 2007. | BEHROUZ MEHRI / ARCHIVES AFP

Une police créée en 2005

C’est en 2005, sous le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, que la République islamique d’Iran a créé une « police de la moralité » ou « police des mœurs » (« Gasht-e Ershad ») qui se charge de faire appliquer, principalement, le bon port du hijab. Pour le pouvoir iranien, une femme qui porte mal le foulard, en laissant par exemple dépasser ses cheveux, est suspectée de mauvaises mœurs.

Outre le port correct du hijab, cette brigade veille aussi à ce que les femmes qui circulent dans la rue ne portent pas de manteaux trop courts, de jeans troués, de pantalons moulants ou de couleurs trop vives. Pas le droit non plus au vernis à ongles, aux manches courtes ou aux chevilles visibles.