A L uneACTUALITESinternationalPEOPLEPOLITIQUE

Brésil : Lula investi Président Pour un troisième Mandat, lors d’une Cérémonie Snobée Par Bolsonaro

Luiz Inacio de Silva est désormais officiellement de nouveau à la tête du Brésil. Après son intronisation dimanche au Congrès, le président s’est engagé « à reconstruire le pays » et à réconcilier des Brésiliens très divisés, en évoquant le bilan « désastreux » de son prédécesseur Jair Bolsonaro.

« Je vais gouverner pour 215 millions de Brésiliens, et pas seulement ceux qui ont voté pour moi », a lancé devant une marée humaine un Lula visiblement éprouvé, à 77 ans, par une longue journée de cérémonies et la chaleur estivale de Brasilia. Submergé par l’émotion et s’interrompant à cause de sanglots, le chef historique de la gauche s’est engagé à lutter contre la faim , « le plus grave des crimes », et à « combattre toutes les formes d’inégalités ». « Plus personne ne sera un citoyen de seconde classe », a-t-il promis lors de son discours devant le palais présidentiel de Planalto.

Un come-back remarquable après la prison

Elu de justesse le 30 octobre contre Bolsonaro, le vieux lion de la politique brésilienne a été investi au Congrès pour un troisième mandat, 12 ans après avoir quitté le pouvoir (2003-2010). Son retour signe un come-back remarquable pour celui qui a connu la prison il y a seulement quatre ans après avoir été accusé de corruption.

Devant le Congrès, Lula a accusé Jair Bolsonaro, qui a snobé les cérémonies, d’avoir « épuisé les ressources de la santé, démantelé l’éducation, la culture, la science et la technologie et détruit la protection de l’environnement ». Le nouveau chef de l’Etat a assuré que le Brésil n’avait « pas besoin de déboise » pour soutenir son agriculture. La communauté internationale attend d’ailleurs de lui des gestes forts sur l’environnement.

Une minute de silence a en outre été observée en hommage à la  légendre du football.Pelé décédé jeudi, et au pape émérite Benoît XVI, mort samedi. A la fin de son discours, une partie du Congrès a ovationné le président, aux cris de « Lula guerrier du peuple brésilien ! ».

Liesse populaire à Brasilia

Des dizaines de milliers de Brésiliens, vêtus de rouge, la couleur de son Parti des Travailleurs (PT), ont ensuite salué dans la liesse Lula le long de son parcours dans la traditionnelle Rolls-Royce décapotable, dans laquelle il avait pris place en dépit des craintes liées à la sécurité, avec son vice-président de centre droit Geraldo Alckmin et leurs épouses. Aucun trouble n’avait été rapporté en fin de journée alors que les cérémonies d’investiture avaient été placées sous haute sécurité, par crainte d’actions de protestation des militants d’extrême droite qui ne reconnaissent toujours pas sa victoire.

Jair Bolsonaro, qui a quitté le Brésil deux jours avant la fin de son mandat pour la Floride, n’a donc pas remis l’écharpe présidentielle à son successeur comme le veut la tradition démocratique, ce qui ne s’est pas produit depuis 1985 et la fin du régime militaire. C’est un groupe de citoyens, parmi lesquels le cacique et défenseur emblématique de la forêt amazonienne Raoni Metuktire, qui lui a remis la fameuse écharpe sertie d’or et de diamants au Palais présidentiel du Planalto, joyau architectural d’Oscar Niemeyer.

« Nous sommes ensemble » lance Macron à Lula

La journée a allié la pompe, avec des cérémonies officielles auxquelles a assisté une vingtaine de chefs d’Etat, un record, à une fête populaire avec des concerts organisés par Rosangela da Silva, « Janja », l’épouse de Lula. Emmanuel Macron a pour sa part félicité son nouvel homologue brésilien avec deux tweets, en français et en portugais. « Ordre et Progrès : le Brésil fait honneur à sa devise. Bravo cher Président, cher ami Lula, pour ton investiture. Nous sommes ensemble ! »

Lula, qui n’a complété son gouvernement de 37 ministres que ces derniers jours, va devoir dès ce lundi s’attaquer à une « tâche herculéenne », selon son vice-président : l’équipe de transition a dressé un état des lieux très sombre du Brésil après quatre années de bolsonarisme.