La nouvelle législature s’ouvre mardi au Congrès. Avant d’en découdre avec le président démocrate, Joe Biden, les républicains doivent d’abord surmonter leurs dissensions pour l’élection du speaker à la chambre basse.
La bascule officielle est prévue mardi 3 janvier à 12 heures à Washington (18 heures à Paris). Les nouveaux membres du Congrès américain, élus lors des midterms qui ont eu lieu en novembre, doivent se réunir afin de prêter serment pour deux ans. Ce sera le moment où les républicains prendront le contrôle de la Chambre des représentants, et, pour la première fois depuis son investiture, le président de Etats-Unis, Joe Biden, devra composer avec un Parlement divisé : son Parti démocrate a conservé le contrôle du Sénat, mais l’opposition républicaine a décroché une très mince majorité à la chambre basse.
« Les Américains sont prêts pour un tournant après deux années calamiteuses sous la direction du parti unique démocrate », estiment les élus républicains, qui ont promis d’ouvrir une kyrielle d’investigations sur la gestion par Joe Biden de la pandémie ou le retrait américain d’Afghanistan.
Kevin McCarthy fragilisé
Sept ans après sa première tentative, Kevin McCarthy, qui dirige depuis 2014 le groupe républicain à la chambre basse du Congrès, espère tenir sa revanche. Mais l’élu de Californie est fragilisé par la contre-performance des républicains aux élections de mi-mandat, la « vague géante » prédite par les conservateurs ne s’étant pas matérialisée.
Le parti ne dispose que de 222 sièges et il faudra 218 voix pour qu’il soit élu. Or un petit groupe d’élus très proches de Donald Trump a fait savoir qu’il poserait ses conditions avant de le soutenir. Ils lui reprochent de ne pas défendre suffisamment l’ancien président. Trois ont même publiquement dit qu’ils voteraient contre lui. « Kevin ne croit en rien, il n’a pas d’idéologie », a ainsi taclé Matt Gaetz, turbulent élu de Floride.
Kevin McCarthy semble vouloir leur donner des gages pour éviter que l’histoire ne bégaie : en 2015, il avait déjà échoué de peu à devenir président de la Chambre des représentants face à une fronde de l’aile droite du parti. Mais il ne peut pas non plus se permettre d’aller trop loin et de s’aliéner les républicains modérés. Bien que sa marge de manœuvre soit réduite, il ne dispose pas pour le moment de concurrent crédible. Seul le nom du chef de groupe Steve Scalise circule comme autre possibilité sans que ses chances semblent sérieuses.
Opposition systématique ?
Avec les républicains majoritaires à la Chambre, Joe Biden et les démocrates ne pourront donc pas faire passer de nouveaux grands projets. Mais avec un Sénat aux mains des démocrates, leurs rivaux non plus.
Les républicains se retrancheront-ils dans une opposition systématique ? Il faudrait pour cela qu’ils arrivent à faire bloc alors que certains de leurs élus ont – comme lors du vote du budget avant Noël – voté avec les démocrates.
L’élection du speaker servira donc aussi à mesurer leur capacité de nuisance pour le président. Etre face à une chambre hostile pourrait se révéler être une aubaine politique pour Joe Biden, s’il confirme son intention de se représenter en 2024 – décision qu’il doit annoncer en début d’année. En cas de paralysie législative, il rejettera sans aucun doute la faute du blocage sur des républicains fragilisés, espérant ainsi tourner la situation à son avantage.