La France vient de procéder ce mardi à une nouvelle opération de rapatriement de femmes djihadistes détenues dans des camps de prisonniers en zone irako-syrienne.
Un avion s’est posé ce mardi 24 janvier au matin à l’aéroport militaire de Villacoublay (Yvelines), près de Paris, avec des passagers pas comme les autres. Selon nos informations, confirmées par des sources concordantes,
quinze djihadiste françaises,accompagnées pour certaines d’enfants 32 au total, étaient à bord. Toutes ces femmes ont été rapatriées de la zone irako-syrienne après avoir vécu plusieurs années dans les rangs de l’organisation État islamique (EI), puis dans les camps de prisoniers tenus par les forces Kurdes.
Parmi ces revenantes du djihad, âgées de 19 à 56 ans, sept font l’objet d’un mandat d’arrêt et seront présentées à un magistrat instructeur dans la journée, huit ont été placées en garde-à-vue en exécution d’un mandat de recherche, précise le parquet nationaliste antiterroriste.
Certains enfants pourraient faire l’objet d’une procédure
Chacune de ces « femmes djihadistes » ou « femmes de djihadistes » est en effet visée par une procédure de chef d’« association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste » ouverte par le parquet national antiterroriste dès que l’autorité judiciaire a connaissance du départ des personnes concernées ou de leur maintien sur zone contrôlée par l’État islamique après les attentats de janvier 2015 (Charlie Hebdo, Montrouge et Hyper Cacher).
Quant aux enfants rapatriés ce mardi, ils ont été confiés aux services de l’aide sociale à l’enfance et placés en familles d’accueil avec des mesures éducatives adaptées. En fonction de leur âge et de leur profil, certains pourraient toutefois être visés par une procédure pénale.
La France a finalement laissé tomber le cas par cas
Parmi les suspectes rapatriées, la veuve de Samy Amimour, l’un des kamikazes du Bataclan, ou la Bretonne convertie Émilie König. À l’époque, la France avait fait revenir 16 mères et 35 mineurs en provenance des camps de prisonniers djihadistes en Syrie. Une première depuis la chute de l’État islamique en 2019.
Sur ce sujet particulièrement sensible, l’Élysée avait d’abord opté pour des rapatriements d’enfants au cas par cas, appelant à ce que les djihadistes français adultes soient jugés dans les pays où ils ont commis leurs crimes. Une gageure s’agissant de la Syrie, où aucune autorité judiciaire n’est reconnue. Isolée dans cette décision sur le plan européen, critiquée tant pour des raisons sécuritaires qu’humanitaires, l’exécutif a finalement changé de doctrine.
129 « revenants » incarcérés actuellement dans l’Hexagone
Auditionné par le Sénat quelques semaines plus tard, le garde des Sceaux avait défendu une position conciliant « humanité et grande prudence ». Éric Dupond-Moretti estimait « aux alentours de 200 » le nombre de Français toujours détenus sur l’ancien territoire de Daech.
« Pour les enfants, c’est encore plus compliqué car certains sont nés sur place et n’ont pas d’état civil donc ils ne sont pas répertoriés chez nous », avait-il indiqué. Fin septembre, toujours selon les chiffres du ministère de la justice, 129 revenants de la zone irako-syrienne, dont 51 femmes, étaient incarcérés dans des établissements pénitentiaires français dotés de personnels spécialement formés.