Deux nouvelles dates de mobilisations ont été annoncées par l’intersyndicale ce mardi, après une journée de grève massive contre le projet du gouvernement
Les semaines vont-elles se suivre et se ressembler? Après le succès du 19 janvier, les syndicats ont réussi à mettre encore plus de monde dans la rue ce mardi 31 contre la réforme des retraites. CFDT, CGT, FO, FSU et autres composantes de l’intersyndicale ont déjà appelé à deux nouvelles journée de grèves et manifestations, les 7 et 11 février prochains. Réformistes ou non, toutes les organisations continuent de mobiliser les Français. BFMTV.com fait le point sur les raisons qui laissent penser que le conflit social risque de durer.
C’était pourtant la crainte de plusieurs cadres de la CGT, mais la CFDT, plus réformiste, ne lâche rien. Lors de la manifestation parisienne ce mardi, Laurent Berger a martelé ses arguments contre le projet du gouvernement et a souligné l’unité du mouvement syndical.
« On décide et se mobilise ensemble, on a un mot d’ordre commun qui est ‘non aux 64 ans’ et on s’y tiendra. J’entends bien la petite musique ‘ils vont se séparer, ils vont se diviser’ (….) On dit simplement ‘ensemble, on est contre les 64 ans’ et là-dessus il y a une unité », a lancé le leader syndical.
Alors que des dissensions semblaient apparaître entre les formations de l’intersyndicale, une partie d’entre elles plaidant pour des journées d’actions rapprochées et l’autre voulant une mobilisation le week-end, un compromis a été trouvé. Les syndicats appellent à faire grève et à manifester le mardi 7 et le samedi 11 février.
Ils veulent profiter de la forte mobilisation, en nette hausse dans de nombreuses villes moyennes par rapport au 19 janvier, et continuer à faire pression sur l’exécutif en accentuant le rapport de force.
• Parce que le gouvernement croit encore en sa réforme
De son côté, le gouvernement ne semble pas bouger d’un pouce: il n’est pas question de paniquer du côté de l’exécutif.
« Il y a plus de monde, c’est vrai, mais ce n’est pas exponentiel », constate un dirigeant de la majorité à BFMTV.
Surtout que le taux de grévistes,dans de nombreux secteurs, est en baisse par rapport au 19 janvier. « Vu que ce nombre baisse, ce serait difficile pour eux d’enclencher une grève reconductible. S’il y a une grande manif tous les dix jours, cela ne nous fera pas reculer », croit savoir une source gouvernementale. Ce mardi soir, la Première ministre Élisabeth Borne s’est exprimée sur les réseaux sociaux.
« La réforme des retraites suscite des interrogations et des doutes. Nous les entendons », assure-t-elle.
« Le débat parlementaire s’ouvre. Il permettra, dans la transparence, d’enrichir notre projet avec un cap: assurer l’avenir de notre système par répartition. C’est notre responsabilité! »
• Parce que le calendrier parlementaire va s’intensifier jusqu’à fin mars
À l’Assemblée nationale, les députés de la commission des Affaires sociales ont donné le coup d’envoi des débats au Parlement ce lundi. Entre invectives et obstructions, les discusions de ces premières heures ont été particulièrement tendues.
Mais le débat ne fait que commencer et va s’intensifier dans les prochaines semaines. La commission des Affaires sociales va clôturer ses travaux ce mercredi, à 20 heures. Ensuite,les députés examineront dans l’hémicycle le texte à partir du lundi 6 jusqu’au vendredi 17 février.
Hasard du calendrier, les vacances parlementaires auront lieu du 20 au 26 février. Les sénateurs vont donc débattre du texte à partir du lundi 27 février et jusqu’au 12 mars.
Une fois la réforme adoptée par la chambre haute, députés et sénateurs tenteront de s’accorder en commission mixte paritaire. Sénat et Assemblée nationale devront donc valider par un ultime vote le texte qui en sortira, avant le 26 mars dernier délai.
• Parce que les retraites peuvent devenir un « catalyseur de la colère »
Enfin, la mobilisation contre la réforme des retraites pourrait être aussi le socle d’un mouvement plus large contre la politique d’Emmanuel Macron. Selon un sondage Odoxa pour Public Sénat, 63% des Français considèrent que le locataire de l’Elysée »n’est pas un bon président de la République ».
D’autant que, dans les cortèges, les manifestants ne citent pas seulement la réforme des retraites comme motivation. « Le sujet des retraites peut servir de catalyseur à la colère », alertait ce mardi dans Le Parisien Raymond Soubie, conseiller social de l’ancien président Nicolas Sarkozy du temps de la réforme des retraites de 2010.
Le sondage Odoxa pour Public Sénat atteste également des difficultés du gouvernement dans la bataille de l’opinion. Ainsi, en cas de blocages importants lors des mobilisations contre la réforme des retraites, 64% des Français tiendraient le gouvernement pour responsable.