Le bilan du séisme qui a touché le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie en début de semaine atteint désormais les 24 000 morts. Mais cinq jours après le drame, des enfants ont pu être sauvés.
Des miracles parmi le désespoir. Plusieurs enfants sont sortis vivants des décombres en Turquie et en Syrie,cinq jours après le seisme qui a fait plus de 24 000 morts dans les régions de Gaziantep et d’Alep.
De part et d’autre de la frontière, des milliers d’habitations sont détruites et les secouristes redoublent d’efforts pour rechercher des rescapés, même si la fenêtre cruciale des 72 premières heures pour retrouver des survivants s’est refermée.
Un nourrisson rescapé après plus de 100 heures
Pourtant vendredi, un garçon de six ans, Moussa Hmeidi, a été extrait en vie des décombres, sous les acclamations, dans une localité de Jandairis, au nord-ouest de la Syrie. Il était en état de choc et blessé au visage. Dans le sud de la Turquie, à Antakya, « à la 105e heure » après le tremblement de terre, les secouristes ont sorti vivants des débris d’un immeuble un nourrisson de 18 mois, Yusuf Huseyin, puis, vingt minutes plus tard, son frère Muhammed Huseyin, raconte la chaîne de télévision NTV.
Deux heures auparavant, Zeynep Ela Parlak, une fillette de trois ans, avait déjà été secourue dans cette ville anéantie par le séisme. Dans la région de Gaziantep (sud-est), des militaires espagnols ont par ailleurs sauvé vendredi après-midi une mère et ses deux enfants des décombres.
À Nurdagi, dans cette même province, Zahide Kaya, enceinte de six mois, a été extraite vivante après quelque 115 heures passées sous un amas de ruines, selon l’agence Anadolu. Une heure plus tôt, sa fille Kubra, âgée de six ans, avait été sauvée elle aussi.
La situation, aggravée par un froid glacial, est telle que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte armée contre l’armée turque depuis 1984, décide de « ne mener aucune opération tant que l’Etat turc ne nous attaque pas », souligne Cemil Bayik, un responsable cité par l’agence Firat, proche du PKK. « Des milliers des nôtres sont encore sous les décombres. (…) Tout le monde se doit de mobiliser tous ses moyens ».
Les corps de 19 enfants retrouvés dans les décombres d’un hôtel
Nombre de survivants critiquent la lenteur de la réaction gouvernementale. « Je n’ai vu personne avant 14 heures le deuxième jour du séisme », soit 34 heures après la première secousse, accuse Mehmet Yildirim. « Pas d’État, pas de police, pas de soldats. Honte à vous ! Vous nous avez laissés livrés à nous-mêmes ! »
Recep Tayyip Erdogan a esquissé une forme de mea culpa vendredi . « Les destructions ont affecté tellement d’immeubles (…) que, malheureusement, nous n’avons pas pu conduire nos interventions aussi vite qu’espéré », reconnaît le président turc pendant une visite à Adiyaman, une ville méridionale très affectée par la catastrophe.
L’aide internationale autorisée en Syrie
D’après les derniers bilans officiels, le tremblement de terre, d’une magnitude de 7,8, suivi d’une centaine de secousses, a fait au moins 24 218 morts : 20 665 en Turquie et 3 553 en Syrie.
L’OMS estime que 23 millions de personnes sont « potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables » et redoute une crise sanitaire majeure qui causerait plus de dommages que le séisme.
Le triste bilan du tremblement de terre a conduit le régime de Damas à accepter vendredi l’envoi de l’aide internationale vers les zones tenues par les rebelles à partir des régions qu’il contrôle. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme a demandé le même jour « un cessez-le-feu immédiat » en Syrie pour y faciliter le soutien aux populations sinistrées.
Car si l’aide humanitaire afflue de l’étranger en Turquie – l’Allemagne a notamment annoncé vendredi qu’elle envoyait 90 tonnes de matériel par avion -, l’accès à la Syrie en guerre, dont le régime est sous le coup de sanctions internationales, s’avère plus compliqué. Actuellement, la quasi-totalité des biens fournis dans ce cadre aux zones rebelles transite, au compte-gouttes, à partir de la Turquie par le point de passage de Bab al-Hawa, le seul actuellement garanti par les Nations Unies.