Un avion de chasse américain a détruit samedi, sur ordre du premier ministre canadien, Justin Trudeau, un aéronef qui volait à haute altitude au-dessus du Yukon, dans le nord du Canada. Quelques heures plus tard, une « anomalie radar » a provoqué la fermeture temporaire de l’espace aérien du Montana, aux Etats-Unis.
Un avion de combat américain a abattu, samedi 11 février dans l’après-midi, un objet non identifié au-dessus du Canada, dans le cadre d’une opération conjointe entre Washington et Ottawa. Il s’agit du troisième incident dans le ciel nord-américain depuis la destruction d’un ballon chinois supposé espion la semaine dernière.
Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a annoncé samedi qu’un « objet non identifié » avait été abattu alors qu’il survolait le nord-ouest du Canada. Dans un second temps, l’espace aérien du Montana, aux Etats-Unis, a été temporairement fermé en début de soirée en raison d’une « anomalie radar ».
« J’ai ordonné que soit ramené au sol un objet non identifié qui violait l’espace aérien canadien, a Tweeté M .Trudeau samedi dans l’après-midi. Des avions du Canada et des Etats-Unis ont été dépêchés sur les lieux, et le tir provenant [d’un F-22 américain] a atteint l’objet. » Le président des Etats-Unis, Joe Biden, avait autorisé l’appareil, l’un des avions du commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord, à « travailler avec le Canada », a expliqué le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder.
La neutralisation de l’objet a été validée par M. Biden et M. Trudeau par « souci de prudence et sur la recommandation de leurs forces armées », a précisé un communiqué de la Maison Blanche. Les forces canadiennes « vont maintenant récupérer et analyser les débris de l’objet », a ajouté le premier ministre canadien.
L’objet volait à une altitude de « 40 000 pieds » (un peu plus de 12 kilomètres), a détaillé la ministre de la défense nationale du Canada, Anita Anand, lors d’une conférence de presse samedi soir, et a été abattu à « environ 100 miles [160 kilomètres] de la frontière canado-américaine ».
Un petit « appareil cylindrique »
Selon Mme Anand, il s’agissait d’un « appareil cylindrique » plus petit que le ballon détruit en Caroline du Nord une semaine auparavant, a précisé la ministre de la défense canadienne. « Pour l’instant, nous continuons les analyses de l’objet, donc il ne serait pas prudent de ma part de spéculer sur son origine », a-t-elle ajouté, avant de remercier le Pentagone et les membres des armées canadienne et américaine pour leur collaboration.
Plus tôt dans l’après-midi, Anita Anand avait affirmé sur Twitter avoir parlé avec son homologue américain, le secrétaire à la défense Lloyd Austin, réaffirmant : « Nous défendrons toujours ensemble notre souveraineté. »
De leur côté, les Etats-Unis ont momentanément fermé samedi soir l’espace aérien au-dessus du Montana, dans le nord du pays, après que la défense aérienne nord-américaine « a détecté une anomalie radar », selon une déclaration du commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord et le commandement américain du Nord. Un « avion de combat » a aussitôt été envoyé « pour enquêter ». « Cet avion n’a identifié aucun objet [permettant] de corréler les échos radars », ont précisé les deux commandements, ajoutant qu’ils allaient « continuer à surveiller la situation ».
Troisième abattage en une semaine
Il s’agit du deuxième objet volant abattu par les Etats-Unis en quelque vingt-quatre heures. Un objet similaire de « la taille d’une petite voiture » avait été détruit vendredi au-dessus de l’Alaska car il représentait « une menace pour la sécurité du trafic aérien », selon John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.
Les opérations de recherche et de récupération des restes de cet objet se sont poursuivies samedi mais ont été entravées par « le refroidissement de l’air de l’Arctique, la neige et la lumière du jour limitée », a fait savoir le commandement américain du Nord dans un communiqué, ajoutant que le Pentagone ne pouvait fournir « aucun autre détail (…) sur l’objet, y compris ses capacités, son but ou son origine ».
Ces incidents surviennent une semaine après la destruction par Washington, au large de sa côte Atlantique, d’un ballon chinois qui avait survolé des sites militaires sensibles. Cet objet avait été qualifié par Pékin d’aéronef « civil utilisé à des fins de recherches, principalement météorologiques ». Mais des images capturées par des avions militaires américains montrent que le ballon chinois qui a survolé les Etats-Unis la semaine dernière était bien équipé d’outils d’espionnage et non d’étude météorologique.
Cet accrochage diplomatique avait conduit le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, à repousser une rare visite en Chine. Les autorités américaines s’affairent toujours à récolter les débris du ballon dans l’Atlantique, près des côtes de Caroline du Sud.