Un commandant a qualifié de « nécessaire » la défense continue de Bakhmout face aux attaques soutenues de Moscou, afin de pouvoir répliquer prochainement.
L’essentiel
Ce qu’il faut savoir ce dimanche 12 mars au matin
- Les Ukrainiens se préparent à une contre-offensive dans la région de Bakhmout, une ville de l’est de l’Ukraine que les forces russes tentent de prendre depuis l’été au prix de lourdes pertes. « Il faut gagner du temps pour accumuler des réserves et lancer une contre-offensive, qui n’est pas loin », a déclaré le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Oleksandr Syrsky.
- Le ministère de la défense britannique a annoncé, samedi, qu’« au cours des quatre derniers jours », le Groupe Wagner avait « pris le contrôle de la plus grande partie de l’est » de Bakhmout. « Les forces ukrainiennes contrôlent l’ouest de la ville et ont démoli des ponts-clés au-dessus de la rivière [qui la traverse] », a souligné ce ministère.
- L’armée russe poursuit parallèlement ses attaques dans d’autres régions. Les autorités ont ainsi annoncé qu’une frappe avait fait, samedi, au moins trois morts et deux blessés à Kherson, une cité méridionale libérée par l’armée de Kiev en novembre après plusieurs mois d’occupation.
- La Russie a bombardé l’Ukraine plus de 40 500 fois depuis le début de la guerre. Ces frappes ont détruit plus de 152 000 bâtiments résidentiels depuis le début de la guerre, rapporte Euromaidan, citant le ministre de l’intérieur ukrainien, Ihor Klymenko.
- Depuis le début du conflit, au moins 460 enfants ont été tués et plus de 16 000 transférés de force vers la Russie. Ces chiffres ont été diffusés par le parquet général ukrainien, qui précise qu’ils n’incluent ni les territoires occupés ni ceux où des combats ont lieu.
Les pertes russes plus lourdes parmi les minorités ethniques, selon les renseignements britanniques
La Russie continue à subir des pertes extrêmement lourdes en Ukraine, mais elles varient considérablement en fonction de la région d’origine des militaires, notent dimanche les services de renseignement britanniques. « Dans de nombreuses régions de l’Est, le taux de mortalité, exprimé en pourcentage de la population est probablement 30 fois plus élevé qu’à Moscou », écrivent-ils dans leur point quotidien sur le conflit. « Par endroits, ce sont les minorités ethniques qui sont les plus touchées ; à Astrakhan, quelque 75 % des victimes proviennent des minorités kazakhe et tartare. Alors que le ministère de la défense russe cherche à combler son manque d’effectif permanent, la préservation des membres les plus aisés et les plus influents de la société russe restera très probablement une considération majeure. » Parmi les hauts fonctionnaires qui figuraient aux deux premiers rangs lors du discours sur l’état de nation que Vladimir Poutine a prononcé le 21 février, aucun n’a d’enfant dans les forces armées, soulignent les services renseignements britanniques.
Le ministère des affaires étrangères russe reconnaît l’existence de luttes d’influence au Kremlin
Une porte-parole du ministère des affaires étrangères russe a confirmé samedi l’existence de luttes d’influence au Kremlin, rapporte l’Institut for the Study of War (ISW). Maria Zakharova, qui s’exprimait à l’occasion d’une conférence sur les « aspects pratiques et technologiques de la guerre de l’information et de la guerre cognitive dans les réalités modernes » à Moscou, a déclaré qu’en dépit de ces tensions entre membres de l’« élite » qu’elle n’a pas identifiés, la présidence ne pouvait pas recourir aux méthodes staliniennes de contrôle centralisé de l’information.
« On ne voit pas très bien pourquoi Zakharova, une porte-parole chevronnée, a reconnu ouvertement ces problèmes en public, commente l’ISW. Zakharova a peut-être évoqué directement ces problèmes pour la première fois afin de répondre aux attentes des blogueurs militaires nationalistes russes concernant les capacités actuelles du Kremlin à fournir un récit unifié – ou peut-être même à appliquer une politique unifiée. »
Ses propos, poursuit-il, confirment toutefois que Vladimir Poutine a cédé petit à petit la communication à une variété d’acteurs quasi indépendants et qu’il est apparemment incapable de prendre des mesures décisives pour en reprendre le contrôle, ajoute l’institut.
Les forces spéciales ukrainiennes disent avoir détruit des tours de guet du côté russe de la frontière
L’unité Kraken des forces spéciales ukrainiennes a annoncé samedi, vidéo à l’appui, avoir détruit deux tours de guet militaires à l’aide de missiles antichars dans des régions russes proches de la frontière ukrainienne. Selon l’armée, elles permettaient de surveiller le territoire ukrainien sur une profondeur de 15 kilomètres. L’une se situait à Kroupets, dans l’oblast de Koursk, et l’autre à Troebortnoe, dans l’oblast de Briansk. Elles étaient respectivement à sept et trois kilomètres de la frontière, précise-t-elle.
Plus de 90 assauts russes repoussés en vingt-quatre heures, selon l’état-major ukrainien
L’armée ukrainienne a repoussé 92 assauts russes dans cinq régions au cours de la journée écoulée, rapporte dimanche l’état-major dans son point matinal. Les forces russes concentrent toujours leurs efforts sur Lyman, Bakhmout, Avdiïvka, Marïnka et Chakhtarsk, dans l’oblast de Donetsk, précise-t-il. Au cours de vingt-quatre, elles ont, selon lui, procédé à cinq tirs de missile, qui ont visé Zaporijia, douze frappes aériennes et cinquante-six salves de lance-roquettes multiples, notamment à Kherson, où des victimes civiles sont à déplorer.
L’armée de l’air ukrainienne a, quant à elle, bombardé des bases temporaires russes, et l’artillerie en a touché quatre, ainsi qu’un dépôt de munitions et deux postes de « guerre électronique », ajoute l’état-major.
Deux enfants blessés par un engin explosif avec lequel ils jouaient dans la région de Zaporijia
Deux enfants âgés de 3 et 11 ans ont été blessés par un engin explosif à Novoïvanivka, dans l’oblast de Zaporijia, rapporte la police locale.
Ils l’avaient trouvé dans la rue et jouaient avec, après l’avoir rapporté chez eux, précise-t-elle. Selon une enquête préliminaire, il s’agissait d’une grenade antichar RKG-3. Les deux garçons ont été hospitalisés, et le plus jeune a pu rentrer chez lui, ajoutent les forces de l’ordre, lesquelles invitent les parents à sensibiliser leurs enfants au danger que représentent les munitions.
Trois astronautes – un Russe et deux Américains – de retour sur Terre
L’équipage de la mission Crew-5 envoyé dans l’espace par une fusée SpaceX pour le compte de la NASA est revenu sur Terre samedi, après une mission de cinq mois sur la Station spatiale internationale, selon des images de l’agence américaine.
La coopération sur la Station spatiale internationale est devenue l’un des derniers domaines où Washington et Moscou continuent de travailler ensemble depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il y a un peu plus d’un an.
La capsule Endurance a amerri dans le golfe du Mexique peu après 21 heures, heure locale (3 heures du matin à Paris) au large de la côte ouest de la Floride, avec à son bord la Russe Anna Kikina, les Américains de la NASA Nicole Mann et Josh Cassada ainsi que le Japonais Koichi Wakata.
Avant de quitter l’ISS, l’équipage a rencontré celui de Crew-6, parti le 1er mars de cap Canaveral (Floride) pour prendre la relève. Moins d’une semaine auparavant, une fusée russe Soyouz avait décollé du Kazakhstan pour remplacer le vaisseau MS-22, également russe, qui a été endommagé lors de son amarrage à l’ISS.
Les trois astronautes de MS-22, un Américain et deux Russes, devaient initialement revenir sur Terre à la fin de mars, à l’issue d’une mission de six mois.
Une contre-offensive ukrainienne en cours de préparation dans la région de Bakhmout
Evgueni Prigojine, le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, a revendiqué, samedi, une nouvelle progression de ses hommes qui se battent en première ligne de Bakhmout, cette ville de l’est de l’Ukraine que les forces russes tentent de prendre depuis l’été, au prix de lourdes pertes.
Le ministère de la défense ukrainien a, quant à lui, fait savoir samedi que les forces ukrainiennes avaient la veille « repoussé plus de 100 attaques ennemies » dans les principales zones de combat.
Le même jour, le ministère de la défense britannique a annoncé qu’« au cours des quatre derniers jours », le Groupe Wagner avait « pris le contrôle de la plus grande partie de l’est » de Bakhmout. « Les forces ukrainiennes contrôlent l’ouest de la ville et ont démoli des ponts-clés au-dessus de la rivière [qui la traverse] », a-t-il souligné.
« Les vrais héros sont les défenseurs qui tiennent le front de l’Est sur leurs épaules », a, pour sa part, salué le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandr Syrsky, qui a qualifié de « nécessaire » la défense continue de Bakhmout face aux attaques de Moscou. « Il faut gagner du temps pour accumuler des réserves et lancer une contre-offensive, qui n’est pas loin », a-t-il dit, cité par le service de presse de l’armée.
« Au début de la guerre, nous n’avions pas de drones. Les missions étaient plus compliquées et moins efficaces. Mais, en été, nous avons commencé à recevoir des drones et d’autres équipements. Aujourd’hui, nous sommes plus efficaces », explique, à l’Agence France-Presse, Petro, le pilote d’un des trois hélicoptères d’attaque MI-8 qui venaient d’effectuer un raid contre une cible près de Bakhmout.
L’armée russe essaie, depuis plusieurs semaines, d’encercler cette ville de quelque 70 000 habitants avant le conflit et ont réussi à couper plusieurs routes importantes pour le ravitaillement des soldats ukrainiens.
La vice-première ministre ukrainienne Olga Stefanichyna a concédé dans une interview au Journal du dimanche qu’il « dev[enait] compliqué (…) de résister et de dissuader [les forces à Bakhmout] ». « Nous estimons que l’armée russe a déjà perdu 150 000 hommes depuis l’an dernier dans ses offensives militaires sur notre sol. La masse humaine de son infanterie est une arme redoutable, elle semble inépuisable en volume et dans le temps », a-t-elle déclaré.