Arrivé en Ukraine en début de semaine, Rafael Grossi et la délégation de l’Agence internationale de l’énergie atomique devront traverser la ligne de front pour pénétrer dans les installations sous contrôle russe. « L’action militaire continue » autour de la centrale, a-t-il averti mardi sur CNN.
Ce qu’il faut savoir ce mercredi 29 mars
- D’après les dernières données du bureau national d’information du ministère de la réintégration, 19 514 enfants ukrainiens sont actuellement considérés comme déportés illégalement par la Russie, en violation de la convention de Genève. « L’action militaire continue » autour de la centrale, « en fait, cela augmente », a-t-il déclaré mardi sur CNN.
- Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, est attendu mercredi à la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine, occupée par les forces russes et dont la communauté internationale craint pour la sécurité.
- Les Etats-Unis se sont déclarés mardi favorables à la création d’un tribunal spécial pour juger l’« agression » russe contre l’Ukraine. Washington, traditionnellement récalcitrant face à la justice internationale, a dit souhaiter que cette cour internationale « soit enracinée dans le système judiciaire ukrainien et compren[ne] des éléments internationaux ».
- Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kuleba, a exigé mardi que la Russie « se retire de chaque mètre carré de territoire ukrainien ». « Aucun autre pays ne veut plus la paix que l’Ukraine. Mais la paix à n’importe quel prix est une illusion », a-t-il souligné.
- L’Assemblée nationale a reconnu mardi comme un génocide l’Holodomor, cette famine provoquée au début des années 1930 en Ukraine par les autorités soviétiques, à l’origine de la mort de plusieurs millions de personnes. « Reconnaissance aux députés pour cette décision historique », a tweeté le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
- Le Comité international olympique (CIO) a recommandé mardi la réintégration des sportifs russes et biélorusses aux compétitions internationales, sous bannière neutre et « à titre individuel », à condition qu’ils ne « soutiennent pas activement la guerre en Ukraine ». Mais l’organisation olympique renvoie « à un moment approprié » sa décision sur les Jeux olympiques de Paris 2024.
- La Russie se dit prête à discuter de la situation de la centrale nucléaire de Zaporijia avec l’AIEA. Le directeur de l’AIEA, Rafael Grossi, doit se rendre cette semaine dans la centrale occupée par les forces russes.
Volodymyr Zelensky invite Xi Jinping à se rendre en Ukraine
Le président ukrainien a invité son homologue chinois à se rendre en Ukraine. « Nous sommes prêts à le voir ici », a déclaré Volodymyr Zelensky lors d’une interview à Associated Press, diffusée mercredi par l’agence de presse américaine. Xi Jinping et Volodymyr Zelensky ne se sont plus parlé depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022.
La Chine a présenté le mois dernier un plan en douze points pour une « résolution politique de la crise ukrainienne ». Le président chinois a discuté du conflit avec son « cher ami » Vladimir Poutine lors d’une visite d’Etat à Moscou la semaine dernière. Les discussions n’ont pas laissé entrevoir de progrès sur les moyens de mettre fin à la guerre. La Chine propose notamment un cessez-le-feu. Son plan a été dénigré par les Etats-Unis, qui rappellent que Pékin n’a jamais condamné l’invasion russe. L’Ukraine a salué l’engagement diplomatique de la Chine, mais Volodymyr Zelensky écarte l’hypothèse d’une négociation tant que les troupes russes n’auront pas quitté le territoire ukrainien.
Les forces ukrainiennes bombardent Melitopol, selon des médias russes
Les forces ukrainiennes ont bombardé la ville de Melitopol, dans le sud-est de l’Ukraine, occupée depuis l’an dernier par les forces russes, ont rapporté mercredi les médias russes. Le maire déchu et exilé de Melitopol, Ivan Fedorov, a déclaré sur Telegram que plusieurs explosions avaient été entendues dans la ville.
L’agence de presse russe TASS, citant les autorités pro-Kremlin installées dans la région, a rapporté que les bombardements ukrainiens avaient endommagé le système d’alimentation électrique de la ville et que le courant avait été coupé à Melitopol et dans des villages des environs. Un dépôt de locomotives a également été détruit, mais, selon les premières informations, il n’y a pas eu de victimes, a précisé l’agence TASS. Melitopol se trouve à environ 120 kilomètres au sud-est de la centrale nucléaire de Zaporijia, où le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, doit se rendre mercredi.
Cyberguerre : pas de « grand soir » pour la Russie en Ukraine
La Russie a échoué dans ses efforts de « cyberdestruction » de l’Ukraine, menée parallèlement à sa tentative d’invasion, et les attaques prorusses se sont reportées sur les pays européens, expliquent les experts en cybersécurité du groupe Thales dans un rapport paru mercredi. « Nous n’avons pas vu le grand soir de la cyberguerre que la Russie voulait asséner à l’Ukraine, qui a été particulièrement résistante », a commenté auprès de l’Agence France-Presse Ivan Fontarensky, directeur technique de la cyberdéfense chez Thales.
« Le 23 février [2022], en même temps que l’attaque sur le terrain, la Russie a tenté des cyberattaques éclair, avec des virus inconnus visiblement créés pour l’occasion, qui ciblaient des objectifs militaires, comme les centrales d’énergie, les infrastructures télécom, électriques ou encore le réseau satellitaire Viasat au tout début du conflit », a-t-il expliqué.
Malgré l’impact de l’attaque contre Viasat, réseau télécom utilisé par l’armée, « l’Ukraine a été particulièrement résistante et même résiliente pour remettre en place des systèmes impactés. Nous pensions que la Russie était capable de mener de telles opérations mais leur attaque a échoué. Non seulement elle a fait des erreurs dans ses modes opératoires mais, depuis 2014 [et la première incursion russe en Ukraine], l’Ukraine a appris à mieux se protéger, grâce aussi à une coopération avec d’autres pays alliés », a détaillé Ivan Fontarensky. « Les attaques ont fait des dégâts mais les Ukrainiens ont réussi très vite à remettre sur pied des systèmes touchés. »
Côté ukrainien, « nous n’avons pas eu de preuves d’attaques menées par les services militaires contre la Russie ». Quelques activistes proukrainiens ont tenté des attaques sans grand impact, « sauf en juin 2022, quand un groupe proukrainien a revendiqué des attaques sur deux centrales électriques russes, qu’ils ont fait exploser », selon l’expert. « Nous n’avons pas de preuve formelle mais c’est une hypothèse forte. » La Russie, touchée elle aussi par des cyberattaques par déni de service [saturation de requêtes], « a réussi à renvoyer le flot de trafic vers l’Ukraine, une prouesse technique que je n’avais jamais vue », a-t-il ajouté.
Face à cette résistance qui a surpris les spécialistes, depuis six mois, les attaques russes ont opéré « un tournant » vers du cyberharcèlement à « haute intensité », mené par des activistes prorusses contre les institutions des alliés de l’Ukraine, comme celle qui a bloqué le site de l’Assemblée nationale française. Ils opèrent par des attaques massives en déni de service pour provoquer un dysfonctionnement d’un site ou d’un service, surtout dans l’aviation, l’énergie, la santé, les banques et l’administration.
La Russie commence des exercices militaires avec des missiles balistiques intercontinentaux
Le ministère de la défense russe a annoncé mercredi matin sur Telegram avoir lancé des exercices avec le système de missiles balistiques intercontinentaux IARS. « Au total, plus de 3 000 militaires et environ 300 pièces d’équipement participeront à l’exercice », est-il précisé.
« Il est prévu de s’entraîner aux manœuvres des lance-roquettes autonomes IARS, qui couvriront le territoire de trois régions, dit encore le communiqué. Les spécialistes des missiles stratégiques mettront également en œuvre un ensemble de mesures visant à camoufler et à contrer les moyens modernes de reconnaissance aérienne, en coopération avec des formations et des unités du district militaire central et des forces aéroportées. »
Kiev prépare une nouvelle contre-offensive
L’Ukraine a reçu cette semaine une vingtaine de chars Leopard 2, fournis notamment par l’Allemagne.
Annoncée depuis des semaines par les autorités ukrainiennes, la prochaine offensive des troupes de Kiev, attendue pour ce printemps, entre dans une phase de préparation active.
Le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique attendu dans la matinée à la centrale de Zaporijia
Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, est attendu mercredi à la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine, occupée par les forces russes et dont la communauté internationale craint pour la sécurité.
M. Grossi et sa délégation doivent arriver sur le site dans la matinée et en repartir dans l’après-midi, selon l’agence TASS citant un responsable de l’opérateur russe Rosenergoatom. Il s’agit de la deuxième visite de M. Grossi à Zaporijia, la plus grande centrale nucléaire d’Europe, depuis le début du conflit. Il a rencontré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Zaporijia.
« L’action militaire continue » autour de la centrale, a-t-il déclaré mardi sur CNN. « En fait, cela augmente. Il y a un nombre croissant de troupes, de véhicules militaires, d’artillerie lourde, de plus en plus d’actions militaires autour de l’usine », a-t-il expliqué.
Arrivé en Ukraine en début de semaine, M. Grossi devra traverser la ligne de front pour pénétrer dans les installations sous contrôle russe. L’AIEA dispose d’une équipe d’experts à l’intérieur de la centrale depuis septembre 2022. Le chef de l’agence onusienne mène depuis plusieurs mois des consultations avec Kiev et Moscou pour mettre en place une zone de protection autour du site, régulièrement atteint par des frappes et victime de coupures de courant à répétition.
« Je vais poursuivre mes consultations afin d’essayer d’établir une protection autour de la centrale et nous épargner à tous un accident nucléaire aux conséquences potentiellement catastrophiques », a-t-il encore dit sur CNN.
L’Ukraine estime que seul un retrait de l’armée et du personnel russe de la centrale permettrait de garantir la sécurité nucléaire. Quant à la Russie, elle accuse Kiev de vouloir reprendre le site par la force.
Le 22 mars, M. Grossi avait averti que la centrale se trouvait dans un « état précaire ». Selon l’AIEA, la « dernière ligne électrique de secours », endommagée depuis le 1er mars, reste « déconnectée et en réparation ». Or, elle permet en dernier recours d’assurer la sûreté et la sécurité nucléaires à Zaporijia, en refroidissant notamment ses réacteurs. La centrale dépend de l’électricité fournie par une seule ligne externe principale de 750 kV, et tout dommage (sur cette ligne) entraînera la perte totale de toute l’alimentation hors site de la centrale, toujours selon l’AIEA.
Le 9 mars, la gigantesque centrale avait été coupée du réseau électrique ukrainien pendant onze heures après une frappe russe. Des générateurs diesel de secours avaient été enclenchés pour assurer une alimentation minimale des systèmes de sécurité, selon l’opérateur ukrainien Energoatom, qui avait mis en garde contre le risque d’un accident nucléaire. « On joue avec le feu », avait prévenu M. Grossi.
Plus de 19 500 enfants ukrainiens déportés par la Russie, selon Kiev
D’après les dernières données du bureau national d’information du ministère de la réintégration, 19 514 enfants ukrainiens sont actuellement considérés comme illégalement déportés par la Russie, en violation de la convention de Genève.
L’Union européenne a annoncé le 23 mars qu’elle allait organiser en partenariat avec Varsovie et Kiev une conférence afin d’aider à la localisation des enfants enlevés en Ukraine par la Russie et à leur retour dans leur pays. A cette occasion, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait dit que 16 200 enfants avaient été déportés.
À ce jour, seuls 327 enfants ont été renvoyés en Ukraine.
Selon le bureau du procureur général, 465 enfants ukrainiens sont morts en raison de la guerre, et au moins 943 ont été blessés mais le bureau estime qu’il est impossible d’établir le nombre exact d’enfants blessés en raison des hostilités en cours et de l’occupation d’une partie du territoire de l’Ukraine.