Sergueï Lavrov, le ministre des affaires étrangères russe, est en visite en Turquie où il doit évoquer, vendredi, l’avenir de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, dont Ankara est l’un des promoteurs.
Ce qu’il faut savoir à l’aube de ce vendredi 7 avril
- Sergueï Lavrov est arrivé jeudi 6 avril en Turquie, où il doit rencontrer vendredi son homologue, Mevlüt Cavusoglu. Le ministre des affaires étrangères russe doit aborder notamment l’avenir de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes dont Ankara est l’un des promoteurs. Il pourrait rencontrer aussi Recep Tayyip Erdogan, en campagne pour sa réélection le 14 mai.
- A Pékin,Emmanuel Macron n’est pas parvenu à convaincre le président chinois ,Xi Jinping, de faire un geste sur l’Ukraine. Le président français a demandé à son homologue chinois de l’aider à « ramener la Russie à la raison » et lui a enjoint de ne pas livrer d’armes à Moscou, au cours d’un entretien qui s’est conclu par des appels à des pourparlers de paix.
- Le Kremlin exclut une médiation de la Chine. « La situation avec l’Ukraine est complexe, il n’y a pas de perspective de règlement politique », a estimé jeudi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
- La Russie a dit jeudi avoir repoussé un groupe de « saboteurs » ukrainiens qui tentaient de s’infiltrer sur son territoire via la région frontalière de Briansk, où un pilote ukrainien avait déjà été arrêté la veille.
- Les forces ukrainiennes à Bakhmout « ne vont nulle part », a déclaré, jeudi, Evgueni Prigojine, le fondateur du Groupe Wagner. Le président ukrainien a affirmé, mercredi à Varsovie, que « l’ennemi n’a[vait] pas pris le contrôle » de Bakhmout.
- L’origine du sabotage des gazoducs Nord Stream, « une affaire complexe », demeure incertaine, selon la justice suédoise. Près de six mois après les explosions qui ont touché les gazoducs Nord Stream 1 et 2, la responsabilité de l’attaque sous-marine reste un mystère malgré des enquêtes criminelles en cours en Allemagne, Suède et Danemark.
Nouvel appel à la libération d’Evan Gershkovich
Evan Gershkovich, le journaliste du Wall Street Journal arrêté en Russie pour espionnage, s’est vu décerner le prix John Aubuchon pour la liberté de la presse par le National Press Club des Etats-Unis.
Dans un communiqué, l’organisation déclare : « Evan Gershkovich a fait preuve de dévouement et de courage lors de ses reportages en Russie, à un moment où les risques pour les journalistes se sont considérablement accrus. Dans un environnement risqué, il a toujours fourni des informations honnêtes, audacieuses et instructives. Le travail de journaliste d’Evan est la cause de sa détention (…). Le journalisme n’est pas un crime et Evan ne devrait pas être emprisonné pour sa profession (…) Nous demandons qu’Evan soit libéré immédiatement et sans conditions. »
De son côté, le Washington Post a fait paraître une publicité appelant à sa libération.
L’armée russe relance ses assauts sur Bakhmout et progresse, selon le ministère de la défense britannique
Dans son rapport quotidien,le ministère de la défense britanique revient sur la bataille de Bakhmout. Il estime qu’au cours des derniers jours les forces russes ont retrouvé un certain élan dans la bataille alors que, depuis la fin du mois de mars, leur progression était largement au point mort. Elles ont avancé dans le centre-ville et se sont emparées de la rive ouest de la rivière Bakhmoutka, ce qui leur permet de menacer la principale voie d’approvisionnement des Ukrainiens.
Selon le ministère, les unités de Wagner et les troupes régulières russes semblent parvenues à améliorer leur coopération et à aplanir les difficultés entre elles.
Des images géolocalisées diffusées le 6 avril montrent par ailleurs que les forces ukrainiennes ont repoussé les attaques terrestres du Groupe Wagner au sud d’Ivanivske, soit à 6 kilomètres à l’ouest de Bakhmout.
A Pékin, Emmanuel Macron ne parvient pas à convaincre Xi Jinping de faire un geste sur l’Ukraine
A quelque 8 000 kilomètres du tumulte de la crise sociale qui secoue la France, le président français espérait œuvrer pour la paix en Ukraine en faisant du président chinois, Xi Jinping, sinon un médiateur du moins une voix modératrice auprès de Moscou, dont l’agression, a-t-il rappelé, a « mis fin à des décennies de paix en Europe ».
Après les vaines tentatives françaises à l’égard de Vladimir Poutine, la Chine, qui revendique une « amitié sans limite » avec la Russie, pourrait, pense Emmanuel Macron, avoir plus de succès auprès de l’hôte du Kremlin.
« Je sais pouvoir compter sur vous pour ramener la Russie à la raison et tout le monde à la table des négociations », a lancé le chef de l’Etat français à M. Xi au début de leur tête-à-tête. Mais ce « chemin de paix » qu’espère tracer M. Macron s’annonce long et tortueux, expliquent les journalistes du Monde Claire Gatinois, Frédéric Lemaître et Philippe Ricard dans cet article.
Selon le « New York Times », le Pentagone enquête sur des fuites de documents confidentiels concernant l’Ukraine
Le Pentagone tente d’identifier la source de fuites de documents classifiés détaillant la stratégie des Etats-Unis et de l’OTAN pour soutenir l’Ukraine face à l’invasion russe, qui ont été publiés cette semaine sur les réseaux sociaux, a révélé jeudi le New York Times. Interrogé, le Pentagone a dit être en train d’enquêter sur le sujet. « Nous sommes au courant des informations de presse concernant des messages publiés sur les réseaux sociaux et le ministère est en train d’examiner la question », a déclaré la porte-parole du Pentagone, Sabrina Singh.
Ces documents, qui datent du début du mois de mars selon le quotidien américain, évoquent par exemple le rythme auquel les forces ukrainiennes utilisent les cruciales munitions des lance-roquettes mobiles Himars, ou encore le calendrier des livraisons d’armes ou des formations fournies par l’Occident aux soldats de Kiev.
Les documents, partagés sur Twitter et Telegram, semblent authentiques, selon des experts cités par le journal new-yorkais, mais certains auraient été altérés de façon à présenter la situation russe sous un jour plus favorable, notamment en minimisant l’ampleur de leurs pertes.
Selon ces fuites, douze brigades ukrainiennes seraient en train d’être constituées, dont neuf entraînées et équipées par les Etats-Unis, note le New York Times.
A Ankara, la Russie entend aussi promouvoir une réconciliation entre la Turquie et son allié syrien. Mais le président syrien, Bachar Al-Assad, a conditionné toute rencontre avec M. Erdogan à un retrait des forces turques présentes dans le nord de la Syrie pour prévenir les attaques kurdes.
Le porte-parole et conseiller diplomatique du président Erdogan, Ibrahim Kalin, a toutefois annoncé mercredi une prochaine réunion à Moscou des ministres des affaires étrangères turc et syrien, auxquels se joindront ceux de Russie et d’Iran. Cette rencontre aura lieu « dans les jours qui viennent » avec les chefs des renseignements des quatre pays, a précisé M. Kalin, qui a rencontré le président Poutine jeudi à Moscou, selon le Kremlin.
Sergueï Lavrov à Ankara pour plaider l’application du volet russe de l’accord sur l’exportation des céréales
Le chef de la diplomatie russe doit évoquer vendredi en Turquie l’avenir de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, dont Ankara est l’un des promoteurs. Sergueï Lavrov, arrivé jeudi soir, sera reçu par son homologue, Mevlüt Cavusoglu, avant une conférence de presse à la mi-journée, selon les autorités turques.
Un responsable a fait savoir à l’Agence France-Presse, sous le couvert de l’anonymat, que M. Lavrov serait aussi reçu par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, en campagne pour sa réélection le 14 mai. La Russie et la Turquie agissent de concert dans plusieurs dossiers internationaux et Moscou fait valoir la nécessité de « synchroniser les montres » avec Ankara, selon le ministère des affaires étrangères russe.
Parmi les points à l’ordre du jour, « l’application de l’accord sur les céréales » ukrainiennes dans lequel M. Erdogan s’est personnellement impliqué lors de sa signature en juillet 2022 à Istanbul. L’accord, qui permet d’exporter les céréales ukrainiennes via la mer Noire malgré la guerre,a été prolongé le 19 mars.
Mais Moscou a proposé soixante jours plutôt que la reconduction tacite initialement convenue de cent vingt jours en insistant sur le respect de l’autre volet de l’accord, qui concerne ses propres exportations d’engrais. Théoriquement, ces produits indispensables à l’agriculture mondiale ne tombent pas sous le coup des sanctions occidentales imposées à Moscou depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, mais elles sont de fait entravées.
La Turquie est parvenue depuis le début du conflit à maintenir des relations tant avec l’Ukraine qu’avec la Russie. « Malgré la détérioration de la situation internationale, le dialogue russo-turc continue, principalement au niveau des chefs de l’Etat », rappelle le ministère russe. Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine se sont rencontrés à quatre reprises l’an dernier et échangent régulièrement par téléphone, la dernière fois le 25 mars.