Il dit avoir discuté avec les deux pays afin de créer un « G20 politique » pour trouver une issue politique à un conflit qui a été provoqué par « des décisions prise par deux pays », a jugé le président brésilien.
Ce qu’il faut savoir à l’aube dimanche 16 avril
- Le bilan du bombardement russe d’un immeuble de Sloviansk, dans l’est de l’Ukraine, s’est alourdi à onze morts, samedi, au lendemain d’un tir de missile.
- Les ministres des affaires étrangères des pays du G7 se réunissent à partir de dimanche dans la ville touristique japonaise de Karuizawa pour des discussions qui s’annoncent dominées par la pression croissante de la Chine sur Taïwan et le conflit en Ukraine.
- La Pologne interdit les importations de céréales et d’autres produits agricoles depuis l’Ukraine pour protéger ses propres agriculteurs. Depuis que ces produits transitent par l’Union européenne, des stocks de céréales s’entassent en Pologne en raison de problèmes logistiques, faisant chuter les prix locaux, ce qui a conduit à des manifestations d’agriculteurs et à la démission du ministre de l’agriculture polonais.
- Volodymyr Zelensky, a annoncé sur Telegram samedi avoir discuté avec son homologue français, Emmanuel Macron, de la visite en Chine de ce dernier, dont les propos récents ont suscité des critiques en Europe et aux Etats-Unis.
- Lula, au terme d’une visite en Chine où il s’est rapproché de Xi Jinping, a déclaré que « les Etats-Unis doivent cesser d’encourager la guerre et commencer à parler de paix, l’Union européenne doit commencer à parler de paix ».
Le président brésilien suggère une médiation conjointe avec la Chine et les Emirats pour mettre fin à la guerre en Ukraine
Crée un « G20 politique », pour tenter de mettre fin à la guerre, c’est ce que souhaite Luiz Inacio Lula da Silva, le président brésilien avec la Chine et les Emirats arabes unis. M. Lula da Silva dit avoir discuté dimanche avec les deux pays d’une médiation conjointe, lors d’une conférence de presse à Abou Dhabi au terme de visites officielles aux Emirats et en Chine. La guerre a été provoquée par « des décisions prise par deux pays », a jugé le président brésilien.
« Le président [Vladimir] Poutine ne prend aucune initiative pour arrêter la guerre. [Le président Volodymyr] Zelensky d’Ukraine ne prend aucune initiative pour arrêter la guerre », a-t-il déclaré, s’exprimant par l’intermédiaire d’un traducteur officiel. « L’Europe et les Etats-Unis continuent de contribuer à la poursuite de la guerre. Alors ils doivent s’asseoir autour de la table et dire : “Ça suffit.” » En Chine, le président brésilien avait accusé Washington d’« encourager la guerre » en Ukraine.
Lula a dit avoir ainsi suggéré au président des Emirats arabes Unis, Mohammed Ben Zayed Al Nahyane, et au président chinois, Xi Jinping, la création d’un groupement de pays qui aurait pour mission de jouer les médiateurs. « Le G20 a été formé pour renflouer l’économie [mondiale] qui était en crise », a déclaré le chef d’Etat brésilien. « Maintenant, il est important de créer un autre type de G20 pour mettre fin à cette guerre et établir la paix. C’est mon intention et je pense que nous réussirons », a-t-il soutenu.
M. Lula a encore dit avoir déjà discuté de son initiative avec le président américain, Joe Biden, le chancelier allemand, Olaf Scholz, le président français, Emmanuel Macron, et des dirigeants de pays d’Amérique du Sud.
Nouvel échange de prisonniers de guerre entre Moscou et Kiev
Dans le cadre d’un nouvel échange de prisonniers avec la Russie, cent trente Ukrainiens ont été libérés, « au cours des derniers jours [et] en plusieurs étapes », a annoncé Kiev. Militaires, garde-frontières ou encore marins, ils auraient, entre autres, été capturés à Bakhmout, Zaporijia, Soledar et Kherson, précise la présidence ukrainienne dans un post sur Telegram.
Le nombre de prisonniers de guerre russes inclus dans l’échange n’a pas été précisé
Le marché des céréales et oléagineux déstabilisé par les tonnes de céréales ukrainiennes
Des œufs jetés à la figure du ministre de l’agriculture lors d’une discussion en Pologne, des tracteurs bulgares bloquant les voies d’accès vers la Roumanie ou encore des agriculteurs roumains annonçant une grève, vendredi 7 avril : les scènes de mécontentement se multiplient dans le milieu agricole d’Europe centrale.
Dans ces pays aux premières loges de la guerre en Ukraine, les « corridors de solidarité » de l’Union européenne (UE), censés garantir l’évacuation des céréales ukrainiennes après l’invasion russe de 2022, par la route comme par le rail, n’ont pas fonctionné comme espéré. L’UE avait à cet effet supprimé les droits de douane sur l’importation de céréales ukrainiennes sur le territoire européen.
Or depuis plusieurs mois, des tonnes de blé, de maïs, de colza ou encore de tournesol ukrainiens ont envahi les marchés agricoles des quatre pays membres de l’UE frontaliers de l’Ukraine (Pologne, Roumanie, Slovaquie et Hongrie), ainsi que de la Bulgarie. Résultat : les céréaliers de la région se plaignent d’une chute des prix et de silos pleins à craquer.
« Je suis contraint de me défaire de la moitié de ma récolte de blé de [2022] à bas prix pour faire de la place, mais les acheteurs se font rares désormais », témoigne Edward Zaba, qui cultive 400 hectares de blé et de maïs en Basse-Silésie, dans le sud-ouest de la Pologne. « Nous sommes au pied du mur. Nous ne savons absolument pas quoi faire », poursuit l’agriculteur, qui regrette que l’aide aux producteurs ukrainiens pour écouler leur production sur les marchés mondiaux n’ait pas été mieux envisagée. « D’autant que ce ne sont pas les petits agriculteurs ukrainiens qui ont pu envoyer leurs céréales en Pologne, mais les grosses exploitations appartenant à des capitaux étrangers en Ukraine. »
Budapest interdit, à son tour, les importations de céréales ukrainiennes
La Hongrie emboîte le pas à la Pologne. A l’instar de Varsovie, Budapest a décidé samedi d’interdire les importations de céréales et de produits agricoles depuis l’Ukraine voisine pour protéger ses propres agriculteurs. « Le gouvernement s’est engagé à représenter les intérêts des agriculteurs hongrois, c’est pourquoi, en l’absence de mesures substantielles de l’UE [Union européenne], il interdira temporairement l’importation de céréales et d’oléagineux en provenance d’Ukraine, ainsi que de plusieurs autres produits agricoles, comme l’a fait la Pologne », a annoncé le ministre de l’agriculture, Istvan Nagy, cité dans un communiqué. Cette restriction temporaire devrait être valable au moins jusqu’au 30 juin.
Dans son communiqué, Budapest rappelle que « le gouvernement attend une solution permanente et l’adoption de mesures de l’UE », en insistant sur la nécessité de défendre « les intérêts de la communauté agricole hongroise ».
Le mois dernier, la Pologne et quatre autres Etats d’Europe centrale avaient demandé l’aide de l’Union européenne pour trouver une solution au problème provoqué par le prix bas des céréales ukrainiennes.
L’invasion russe de l’Ukraine a bouleversé la carte des routes commerciales du pays
Au volant de sa berline allemande qui file droit vers la Pologne, sur une route enneigée de l’ouest de l’Ukraine, Valeriy Krupko goûte à sa nouvelle vie. Kherson, une ville portuaire du sud du pays qu’il a quittée il y a quelques mois, lui manque parfois. Il se souvient des « conteneurs suspendus aux grues qui se balancent dans le ciel », « des navires qui venaient du monde entier ». Il dirigeait là-bas un terminal portuaire, jusqu’à sa fermeture, en février 2022, au début de la guerre.
Comme un symbole des transformations de l’économie ukrainienne, le voici à la tête d’un autre terminal, éloigné de la mer et des porte-conteneurs, planté au milieu d’un paysage de neige et d’arbres décharnés, à Mostyska, près de la frontière polonaise.
Dans le pays en guerre, les nouvelles routes commerciales sont terrestres et mènent toutes à l’Union européenne (UE). Depuis la fermeture de nombreux ports de la mer Noire et celle des frontières avec la Russie et la Biélorussie, l’Ukraine se retrouve arrimée à l’économie européenne. Ainsi, 53,6 % de ses exportations ont pris la direction de l’UE en 2022, contre seulement 39,1 % en 2021. Après avoir chuté au début du conflit, les exportations vers l’Union se sont même spectaculairement redressées à leur niveau d’avant-guerre, aux alentours de 2,5 milliards d’euros, alors qu’elles ont, dans l’ensemble, diminué de 35 % cette même année.
Bombardement russe dans la région de Zaporijia, le jour de la Pâques orthodoxe
L’armée russe a bombardé la région de Zaporijia samedi 16 avril dans la nuit, jour de la Pâques orthodoxe,a déclaré sur Telegram le gouverneur de l’oblast, Yurii Malashko.
« Rien n’est sacré, pas même la nuit de la résurrection. L’ennemi a lancé une attaque massive. A Komychouvakha, une église locale a été endommagée, mais heureusement, il n’y a pas eu d’office. Les bâtiments voisins ont également été détruits », écrit M. Malashko.
La Russie a également bombardé une zone boisée au centre de la région de la Zaporijia. Les informations sur les victimes et les dégâts ne sont pas encore disponibles. « Les services d’urgence travaillent sur le terrain », a précisé le gouverneur.
La veille, la Russie avait attaqué les régions de Donetsk, Soumy et Tchernihiv, tuant notamment neuf personnes à Sloviansk.