A Dakar, les modes de déplacement des citadins sont en perpétuelle mutation. A l’image du car rapide, Ndiaga Ndiaye, bus… Une nouvelle forme de mobilité urbaine prend de l’ampleur dans la capitale et inquiète. Le nombre de motos Jakarta prend une proportion inquiétante dans la circulation et l’Etat aussi ferme les yeux.
Il est 10h sur l’avenue Bourguiba. Le feu est au vert et c’est le tohu-bohu : motards, taximen et véhicules particuliers rebattent les oreilles avec le tintamarre des klaxons. «Il faut avancer, tu nous pourris le temps», «tu es trop con !». C’est une pluie d’insultes qui s’abat sur un conducteur de Jakarta qui a grillé le feu et est entré en collision avec un taxi qui avait la priorité. Ces scènes sont fréquentes maintenant à Dakar et se passent plus souvent sous les yeux impuissants de la police. Les motos taxi se substituent petit à petit au transport en commun pour déposer les Dakarois à leur lieu de travail. Depuis le Covid-19, le phénomène prend de l’ampleur.
Après le phénomène Tiak tiak qui livre les colis, les motocycles (Jakarta) ont envahi Dakar et sont visibles maintenant dans tous les ronds-points et carrefours de la capitale, à la recherche de la moindre clientèle. Ce qui inquiète à plus d’un titre. «Dakar est méconnaissable et on a l’impression qu’on est à Bamako ou à Abobo Dioulasso où les motos sont les premiers moyens de déplacement. Hier, j’ai vu au croisement Cambérène des motards qui ont bloqué tout le passage. Sur le péage, on les voit se faufiler entre les voitures. Je ne sais pas ce qui se passe mais ça mérite beaucoup de réflexion», confie un vieux.
Si beaucoup de trajets se font en taxi ou en bus, de nombreux usagers préfèrent maintenant ces deux roues à cause de leur simplicité à éviter les bouchons, un manège souvent dramatique. «Ce qui me fait mal, ils sortent de partout dans la circulation, tantôt à gauche, tantôt à droite. Personne n’est plus en sécurité quand on traverse car ils peuvent surgir de nulle part et te blesser. Même hier, un motard a failli perdre la vie en voulant échapper au contrôle de routine», a dit un piéton.
Les hommes politiques indexés
D’après un expert en logistique, les hommes politiques sont en grande partie responsables de l’invasion de Dakar par ces engins. «C’est de la politique politicienne. Ce sont eux qui achètent ces Jakarta pour ces jeunes, pensant qu’ils leur créent de l’emploi alors qu’ils participent à encombrer Dakar. Le nombre de Jakarta augmente chaque jour. À l’échelle nationale, ils sont plus de 500 000. En plus, il n’y a pas que des Sénégalais, il y a beaucoup d’étrangers qui ont investi.
Hier, j’en ai vu qu’on débarque des Jakarta venant de l’intérieur du pays», confie cet expert. L’année dernière, le chef de l’Etat avait aussi instruit à son ministre de l’Intérieur de «protéger» les conducteurs de «deux roues». Au même moment, les associations défendant les conducteurs de Jakarta, Tiak- Tiak, mototaxi… voient le jour et l’image de la capitale change avec ces motos qui pullulent la circulation.
Nombre de victime d’accidents causé par les cyclomoteurs en 2022 : 10 916 victimes et 237 décès
Les statistiques 2022 de la Brigade nationale des Sapeurs-pompiers sur les victimes d’accidents sur la voie publique, causés par les cyclomoteurs font froid dans le dos. L’année dernière, 3 847 piétons ont été victimes (renversés par un cyclomoteur) et 46 personnes en ont perdu la vie. 3100 cyclomoteurs ont été victimes (renversés par un véhicule automobile) avec 118 décès. 1569 collisions entre cyclomoteurs ont eu lieu l’année dernière et ont causé 25 décès. 2 390 personnes victimes de dérapages et chutes de cyclomoteur ont causé 47 décès. 10 personnes victimes de chute à partir d’un cyclomoteur en mouvement enregistrées avec 1 décès.
source : Bes-Bi