Le Jihad islamique palestinien a annoncé une trêve mercredi après que la mort, dans une prison israélienne, de ce haut responsable du mouvement a entraîné mardi une flambée de violence entre Israël et la bande de Gaza.
Des frappes nocturnes israéliennes sur la bande de Gaza – faisant suite à la mort d’un responsable de l’organisation islamiste en grève de la faim dans une prison israélienne – ont fait un mort et cinq blessés, avant une trêve entrée en vigueur à l’aube et devant mettre fin à 24 heures d’échanges de tirs entre groupes armés de Gaza et Israël, ont rapporté des sources palestiniennes.
Médiateurs lors de confrontations passées, l’Egypte, le Qatar et l’ONU sont intervenus pour établir un retour au calme, à partir de 4 heures, heure locale (3 heures, heure de Paris), ont déclaré des sources du Jihad islamique et du Hamas à l’Agence France-Presse (AFP). Israël n’a pas confirmé dans l’immédiat cette trêve qui paraît fragile. Les dernières sirènes d’alerte ont retenti dans des localités israéliennes près de la bande de Gaza aux environs de 5 h 30, heure locale (4 h 30, heure de Paris), a rapporté l’armée. D’après des témoins à Gaza, plusieurs roquettes ont été tirées vers le sol israélien à ce moment-là.
« Ce cycle de confrontation est terminé mais la marche de la résistance continue et ne s’arrêtera pas », a indiqué Tariq Salmi, porte-parole du Jihad islamique, dans un communiqué. « Nous soulignons, comme nous l’avons dit à tous les médiateurs qui sont intervenus, la nécessité de remettre le corps du martyr Khader Adnane à sa famille », a dit mercredi le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, dans un communiqué.
« Un moyen non violent de protester contre l’oppression »
En réponse à des salves de roquettes, tirées au fil de la journée depuis Gaza, l’armée israélienne a annoncé, mardi en soirée, qu’elle menait des raids aériens sur l’enclave palestinienne. Ces frappes ont visé divers sites, dont un du mouvement islamiste Hamas, selon des sources de sécurité et des témoins palestiniens. Les Brigades Ezzedine Al-Qassam, bras armé du Hamas, ont affirmé avoir répondu par des tirs de missiles sol-air.
Ces échanges de tirs font suite à la mort, à 45 ans, de Khader Adnane, un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Jihad islamique palestinien qui était en grève de la faim dans une prison israélienne. Tôt mardi, l’administration pénitentiaire israélienne avait annoncé le décès d’un prisonnier affilié au Jihad islamique palestinien, « retrouvé inconscient dans sa cellule », puis hospitalisé. « Khader Adnane a choisi la grève de la faim en dernier recours, un moyen non violent de protester contre l’oppression dont lui et son peuple font l’objet », a réagi l’organisation Physicians for Human Rights Israel, qui avait appelé à son hospitalisation « immédiate » après lui avoir rendu visite.
Lors d’une conférence de presse à leur domicile d’Arraba, dans le nord de la Cisjordanie occupée, son épouse, Randa Moussa, a déclaré que son décès, après quasiment trois mois de grève de la faim, était une « fierté ». Vendredi, elle avait dit à l’AFP que ses conditions de détention étaient « très difficiles » et qu’Israël avait refusé de le transférer vers un hôpital civil.
« Martyre »
Mardi, Mme Moussa a ajouté ne pas vouloir « qu’une goutte de sang soit versée ». « Nous ne voulons pas que quelqu’un réponde au martyre de cheikh [Adnane], nous ne voulons pas que quelqu’un tire des roquettes et qu’on frappe Gaza par la suite ». Mais, dès l’aube, trois roquettes et un obus de mortier ont été tirés de Gaza vers Israël, tombant dans des terrains vagues ou près de la barrière frontalière, selon l’armée israélienne. Des échanges de tirs – de chars israéliens d’un côté et des roquettes de l’autre – ont ensuite eu lieu dans l’après-midi.
Vingt-deux roquettes ont été tirées, dont seize sont tombées dans des terrains vagues et quatre ont été interceptées par le système de défense, a rapporté l’armée israélienne. Deux sont tombées dans la ville de Sdérot et trois personnes y ont été blessées par des éclats d’obus, selon des secouristes.
Ces tirs ont été revendiqués, dans un communiqué conjoint, par les groupes armés de Gaza, qui les ont présentés comme « une première riposte » à la mort de Khader Adnane. Après l’annonce du décès, le Jihad islamique palestinien, une organisation considérée comme « terroriste » par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne, avait affirmé qu’Israël « paiera[it] le prix de ce crime ».
En août 2022, trois jours d’affrontements entre Israël et le Jihad islamique palestinien avaient causé la mort de 49 Palestiniens, incluant douze membres du Jihad islamique palestinien selon le mouvement, et au moins dix-neuf enfants d’après les Nations unies. Environ 200 roquettes avaient été tirées par le Jihad islamique palestinien de Gaza vers Israël, faisant trois blessés.
Un Israélien blessé en Cisjordanie
Mardi matin, des commerçants palestiniens ont par ailleurs fermé leurs boutiques en Cisjordanie occupée, répondant à un appel à la grève générale. Dans le nord de ce territoire, un Israélien a été blessé par des éclats de verre et deux véhicules ont été endommagés par des coups de feu, selon l’armée israélienne, à la recherche de suspects.
Khader Adnane avait entamé sa grève de la faim dès le début de son incarcération, le 5 février, a déclaré l’administration pénitentiaire, affirmant qu’il « refusait de subir des examens médicaux et de recevoir des soins ». Il avait été inculpé en raison de son implication au sein du Jihad islamique palestinien et pour des discours en soutien à une organisation hostile, a déclaré à l’AFP un responsable israélien sous couvert d’anonymat. La cour d’appel militaire avait rejeté sa demande de libération, d’après cette source.
Si d’autres détenus en grève de la faim ont succombé des suites d’une alimentation forcée, il est le premier à décéder directement d’une telle action, a indiqué à l’AFP le président du Club des prisonniers palestiniens, Qaddoura Fares. Le premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, a accusé Israël d’avoir « assassiné » Adnane en rejetant ses appels à le libérer, et en le gardant dans sa cellule malgré la gravité de son état de santé.