A la tête de l’Olympique Lyonnais depuis 1987, Jean-Michel Aulas n’en est officiellement plus que le président d’honneur depuis vendredi, en raison de désaccords avec le nouveau propriétaire américain John Textor.
- Au lendemain de sa renversante victoire contre Montpellier (5-4), l’Olympique Lyonnais connaît un moment majeur de son histoire avec le départ de Jean-Michel Aulas.
- En désaccord avec John Textor et Eagle Football quant à la refonte sportive souhaitée par la holding américaine, le président de l’OL quitte en effet officiellement la présidence bien avant la fin de son contrat de gouvernance (jusqu’en 2025).
- L’emblématique dirigeant de 74 ans, qui devrait toucher une indemnité de 10 millions d’euros pour son départ, sera nommé président d’honneur du club, comme cela a été décidé lors d’une réunion du conseil d’administration vendredi, annonce ce lundi matin le club dans un communiqué.
L’histoire retiendra qu’une page cruciale de l’Olympique Lyonnais s’est tournée au soir d’un feu d’artifice aussi inattendu que délirant sur le terrain. Le succès de la bande à Alexandre Lacazette, dimanche contre Montpellier (5-4 après avoir été menée 1-4), va sans aucun doute être éclipsé dans les prochains jours par le départ de Jean-Michel Aulas de la présidence du club. A la tête de l’OL (alors en Ligue 2) depuis 1987, l’emblématique président vient en effet officiellement de quitter son poste, comme l’a révélé L’Equipe, ce qu’OL Groupe a confirmé via un communiqué ce lundi matin.
Comme à Strasbourg neuf jours plus tôt, l’absence de JMA dans la tribune présidentielle de Décines a interpellé tout le monde dimanche, alors que Vincent Ponsot, Bruno Cheyrou et Sonny Anderson y entouraient John Textor. Présent pour son deuxième match consécutif au Parc OL, après la fameuse défaite face à l’OM (1-2), le nouveau propriétaire américain d’OL Groupe a donc décidé de ne pas aller au bout du contrat de gouvernance de trois ans (jusqu’en 2025) qu’il avait convenu avec l’historique dirigeant lyonnais.
Tout s’est conclu vendredi lors d’une réunion du conseil d’administration d’OL Groupe, qui « a nommé Monsieur John Textor en qualité de président du conseil d’administration à compter du 5 mai et jusqu’à l’issue de son mandat d’administrateur, à la suite de la cessation des fonctions de Monsieur Jean-Michel Aulas en tant que président-directeur général d’OL Groupe », comme l’explique le communiqué du club. Propriétaire du club depuis près de cinq mois, John Textor est désormais également le directeur général d’OL Groupe depuis vendredi, « pour une période intérimaire, le temps d’identifier et de désigner un nouveau directeur général ». On apprend par ailleurs ce lundi matin que « Jean-Michel Aulas sera nommé président d’honneur ».
Les crispations entre les deux figures clés de la direction de l’OL cette saison se devinaient de plus en plus. « Si on vient m’imposer des choses sur l’organisation sportive, il y a peu de chances que je l’accepte », avait ainsi déclaré Jean-Michel Aulas à L’Equipe le mois dernier. Or John Textor a encore rappelé sur Prime Video, avant le choc contre l’OM, qu’il allait « pousser pour des changements ».
« On doit faire les choses différemment »
« On a tous les jours de grandes décisions à prendre avec un tel club, confiait alors celui qui est également propriétaire des clubs de Botafogo (D1 brésilienne) et Molenbeek (D2 belge). Jean-Michel (Aulas) manage ses équipes, moi je suis là pour poser des questions, obtenir des réponses, avoir les meilleurs joueurs sur le terrain. La définition de la folie, c’est de toujours faire la même chose et d’espérer des résultats différents. Nous voulons de meilleurs résultats, donc on doit faire les choses différemment, et ça commence maintenant. Je suis un acteur du changement. »
Le boss d’Eagle Football est passé des paroles aux actes d’une manière spectaculaire. D’après L’Equipe, Jean-Michel Aulas (74 ans) ne souhaitait pas accompagner la mise en place d’une cellule de recrutement plus fournie que réclamait Eagle Football. Déterminée à restructurer en profondeur le secteur sportif, la holding américaine a donc tenu un conseil d’administration vendredi qui n’a pas permis de rapprocher les positions avec JMA.
JMA pourrait conserver ses actions d’OL Groupe
Ouvertement intéressé par le poste de président de la future Ligue féminine de football, qui pourrait voir le jour à partir de juillet 2024, celui-ci s’efface donc de son poste décisionnaire avec une indemnité de sortie de 10 millions d’euros, comme le contrat de gouvernance le prévoyait en cas de séparation avant 2025. Selon L’Equipe, JMA pourrait toutefois encore siéger au conseil d’administration d’OL Groupe et conserver ses actions, qui représentent 9 % du capital via sa holding familiale Holnest.
Si l’OL de Jean-Michel Aulas a régné sur le football français dans les années 2000, avec sept sacres consécutifs en Ligue 1 de 2002 à 2008, les supporteurs lyonnais attendent désespérément de fêter un nouveau titre depuis la Coupe de France 2012. Beaucoup d’entre eux, à l’image des banderole sorties par le virage nord dimanche (dont un « Du terrain au bureau, l’OL tu l’aimes ou tu le quittes ! » qui prend une sacrée portée), réclament un changement de cap depuis de longues semaines.
« OL Groupe remercie très sincèrement Monsieur Jean-Michel Aulas pour son engagement et son dévouement sans réserve envers l’Olympique Lyonnais pendant plus de trois décennies, au cours desquelles plus de 50 titres ont été remportés aussi bien pour les équipes masculines que féminines », rappelle le communiqué publié ce lundi. Et ce en concluant : « La priorité du nouveau PDG et du conseil d’administration sera de renforcer la place de l’Olympique Lyonnais sur la scène du football mondial, dans la lignée des plus hautes ambitions de son illustre histoire ». Avec le départ de JMA, après trente-six ans de gouvernance, les supporteurs de l’OL ont droit à un saut dans le vide plus rapidement que prévu. Bizarrement, l’incroyable quadruplé d’Alexandre Lacazette la veille ne sera déjà plus sur toutes les lèvres ce lundi matin.