La ville de Milan, en Italie, est le théâtre d’une rivalité historique entre l’Inter et l’AC Milan, deux institutions qui vont s’affronter ce mercredi 10 mai à 19h00 gmt, pour une place en finale de la Ligue des champions .
« Les dieux du foot en ont décidé ainsi. » Michele, 33 ans, supporter franco-italien de l’AC Milan, ne voit que cette réponse pour expliquer par quel miracle, son club croise la route de l’inter, son grand rival, en demi-finales de la Ligue des champions. Exactement comme en 2003. « C’est un rendez-vous inattendu avec l’histoire », confirme Hicham, lui aussi Rossonneri.
Vingt ans plus tard, cette affiche s’annonce à nouveau spectaculaire dans une ville qui n’avait plus vibré sur la scène européenne depuis plus d’une décennie. Avec ce retour combiné au premier plan s’ouvre également un nouveau chapitre d’une rivalité unique entre deux clubs iconiques.
D’une rivalité idéologique à sportive
La cité lombarde et ses habitants n’ont pas toujours été divisés. En 1899, un groupe d’Anglais et d’Italiens crée l’AC Milan. La popularité de cette équipe, soutenue par les classes populaires ainsi que certains intellectuels, croît rapidement jusqu’à la décision de la Fédération italienne de football d’interdire, en 1908, les footballeurs étrangers.
Un désaccord éclate alors entre les membres du club. Quarante-quatre d’entre eux décident de claquer la porte pour fonder une nouvelle entité qui accepte les joueurs non-italiens. Naît alors le FC Internazionale Milano qui scinde la ville en deux camps idéologiques : les ouvriers (Milan) face aux bourgeois (Inter). Les premiers sont qualifiés de « tournevis » par les seconds, eux-mêmes catalogués de « fanfarons » par leurs rivaux.
« Cette lutte des classes a disparu, explique Hicham, tifosi de l’AC Milan. N’importe qui pourrait suivre l’un ou l’autre puisque les deux clubs sont aujourd’hui très connus dans le monde et ils ont été rachetés par des investisseurs étrangers pour s’ouvrir à d’autres marchés, poursuit le natif d’Angers. Le football a beaucoup changé et la rivalité est dorénavant plutôt d’ordre économique. On a deux modèles : américain avec le Milan AC et chinois avec l’Inter. »
La course à la deuxième étoile
À l’ère moderne, la rivalité entre le Milan et l’Inter est donc avant tout sportive. D’autant que chaque club a eu son époque, années 1990 – début 2000 pour les Rossoneri de Capello et Ancelotti, avant que les Nerazzurri ne mettent la main sur le titre de champion d’Italie à la fin des années 2000.
Résultat, les deux formations comptent chacune 19 trophées en Serie A. De quoi attiser la concurrence. « C’est la course aux titres, résume Hicham. Ce sera le premier à 20 pour floquer une deuxième étoile sur le maillot. »
Une histoire européenne liée
Dans cette quête de prestige, la Ligue des champions joue évidemment un grand rôle. D’autant que le hasard de l’histoire a déjà offert son lot de confrontations directes aux Milanais En 2003, la bande à Paolo Maldini avait éliminé l’Inter en demi-finales (0-0, 1-1) pour soulever la coupe aux grandes oreilles une première fois avant celle de 2007. En 2005, bis repetita en quarts de finale. L’AC Milan l’emporte sur tapis vert après le jet de projectiles des supporters adverses pendant le match.
Alors forcément, les Intéristes attendent d’inverser la tendance, eux dont le club a tout de même remporté la Ligue des champions en 2010. « Après ces deux échecs, cette demi-finale est l’occasion de prendre notre revanche, confirme Giacomo, tifosi nerazzurri italien basé en Alsace. Aujourd’hui il n’y a plus de complexe d’infériorité. Le Milan a été le premier à gagner des titres, mais maintenant on est au même niveau. »
« C’est une demi-finale à quitte ou double, réagi Hicham, supporter de l’équipe adverse. En cas de victoire, on peut passer dans une autre dimension, mais en cas de défaite ce sera très dur mentalement. D’autant qu’en championnat, l’Inter (4e) et le Milan (5e) sont au coude-à-coude dans la course à l’Europe. »
Milan à nouveau sur la carte de l’Europe
L’AC Milan ou l’Inter, qu’importe le vainqueur de cette demi-finale, une équipe milanaise disputera cette année la finale, une première depuis 2010. Et c’est déjà une victoire pour la cité lombarde, cœur industriel et poumon financier de l’Italie également connue pour être l’une des capitales de la mode, qui confirme qu’elle reste avant tout une ville de football.
À l’image de son stade emblématique qui possède deux noms (San Siro pour le Milan, Giuseppe-Meazza pour l’Inter) mais où évoluent les deux équipes, la ferveur est revenue à Milan avec ce renouveau européen. Les deux institutions affichent cette saison une affluence moyenne de 72 000 spectateurs.
« Comme on dit toujours, il y a des clubs qui ne meurent jamais, sourit Michele. Je suis content que le Milan reprenne des couleurs. Et surtout pour la jeunesse. Moi je suis tombé amoureux du grand Milan au moment des premiers succès européens, alors j’espère que les jeunes qui commencent à s’intéresser au football regarderont le football italien et ces belles équipes comme le Milan et comme l’Inter. »
compos probables de Milan AC-Inter Milan
Côté Milan AC, la principale incertitude concerne évidemment Rafael Leao. Sorti sur blessure face à la Lazio (2-0) le week-end dernier, le Portugais souffre de la cuisse et ne se serait pas entraîné avec le reste du groupe milanais à la veille du choc, selon le journaliste Antonio Vitiello. L’absence du fougueux attaquant serait évidemment très préjudiciable. Concernant le camp adverse, Milan Skriniar est indisponible et Robin Gosens parait très incertain.
La compo probable de l’AC Milan
Maignan – Calabria, Tomori, Kjær, Theo Hernández; Tonali, Krunić – Saelemaekers, Bennacer, Brahim Diaz – Giroud
Entraîneur : Stefano Pioli
La compo probable de l’Inter Milan
Onana – Darmian, Acerbi, Bastoni – Dumfries, Barella, Çalhanoğlu, Mkhitaryan, Dimarco – Martínez, Lukaku
Entraîneur : Simone Inzaghi