Majid Kazemi, Saleh Mirhashemi et Saeed Yaghoubi ont été reconnus coupables de « moharebeh » et d’avoir été en possession d’une arme.
Trois hommes condamnés à mort en Iran, pour leur implication dans la mort de membres des forces de l’ordre lors des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini l’année dernière, ont été exécutés vendredi 19 mai, a annoncé l’autorité judiciaire. Majid Kazemi, Saleh Mirhashemi et Saeed Yaghoubi ont été reconnus coupables de « moharebeh » (« guerre contre Dieu ») et d’avoir été en possession d’une arme lors d’une manifestation dans la ville d’Ispahan (centre), selon le site de l’agence d’information de l’autorité juduciaire Mizan Online.
Arrêtés en novembre, les trois hommes ont été condamnés à mort en janvier. Ils ont aussi été reconnus coupables d’être membres de « groupes illégaux ayant l’intention de porter atteinte à la sécurité du pays et de collusion conduisant à des crimes contre la sécurité intérieure », a ajouté Mizan. « Selon les preuves et les déclarations des accusés, les tirs [d’arme à feu] de ces trois personnes ont conduit au martyre de trois membres des forces de sécurité », a ajouté Mizan Online.
Majid Kazemi, dont certains proches vivent en Australie, avait été l’objet d’une pétition adressée à la ministre des affaires étrangères australienne, Penny Wong, demandant son soutien en vue d’un acquittement. « Majid n’a que 30 ans. C’est une personne affectueuse, compatissante et plein de volonté. Comme de nombreux autres Iraniens, il a participé à des manifestations pacifiques pour faire entendre sa voix et demander des changements », a écrit son cousin Mohammad Hashemi, dans le texte de la pétition publiée sur change.org.
L’Iran est secoué par un mouvement de contestation depuis la mort le 16 septembre 2022, de Mahsa Amini, une Iranienne kurde de 22 ans, trois jours après son arrestation par la police des mœurs, qui lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire strict imposant aux femmes, notamment, le port du voile.
« La machine à tuer du gouvernement s’accélère », selon l’IHR
Après la Chine, l’Iran est le pays où les condamnés à mort sont le plus exécutés, selon Amnesty International. Le 9 mai, le haut-commissaire des Nations unies (ONU) aux droits de l’homme, Volker Türk, a également dénoncé « le nombre incroyablement élevé » d’exécutions cette année en Iran, plus de dix par semaine en moyenne.
En 2022, 582 personnes ont subi la peine capitale, en hausse de 75 % par rapport à l’année précédente, avaient dit en avril Iran Human Rights (IHR) et une autre organisation, Ensemble contre la peine de mort (ECPM), basée à Paris. Mais le rythme des exécutions a été encore plus intense en 2023 : l’ONG Iran Human Rights, sise en Norvège, dénombre au moins 218 exécutions depuis le début de l’année.
Depuis le 1er janvier, au moins 209 personnes ont été exécutées, principalement pour des délits liés à la drogue, selon l’ONU, qui précise que ce nombre pourrait être plus élevé. « La machine à tuer du gouvernement s’accélère », a estimé le 10 mai Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de l’IHR : « Son objectif est d’intimider le peuple, et ses victimes sont les personnes les plus faibles de la société. »