Ron DeSantis s’est officiellement lancé dans la course à la Maison Blanche, mercredi 24 mai 2023. À 44 ans, le gouverneur de Floride est considéré comme le principal rival de Donald Trump pour l’investiture républicaine. Qui est cet ex-officier de marine devenu l’étoile montante de la droite dure aux États-Unis ?
Il est l’obstacle principal de Donald Trump dans la course à l’investiture républicaine. Ron DeSantis a officialise sa candidature à la présidentielle américaine de 2024, mercredi 24 mai 2023 au soir, en parallèle d’une émission hébergée et diffusée en direct sur Twitter.
« Nous devons avoir le courage de diriger et la force de l’emporter », a-t-il dit. « Je suis Ron DeSantis et je suis candidat à l’élection présidentielle pour mener le grand retour de l’Amérique. »
Actuellement gouverneur de Floride, il a été réélu triomphalement lors des midterms de novembre dernier à la tête de cet État qu’il a transformé en laboratoire de mesures conservatrices. Cet ex-officier de marine de 44 ans, qui incarne la nouvelle droite dure outre-Atllantique, rêve de porter ses idées sur l’immigration, l’avortement ou encore les questions de genre jusqu’à la Maison Blanche.
De Harvard à Guantanamo
Né dans une famille de la classe moyenne aux origines italiennes, Ron DeSantis est diplômé de la prestigieuse université de Yale – où il s’est aussi illustré dans l’équipe de baseball – et de l’exigeante Harvard Law School. Il a exercé le droit dans l’armée, faisant office de conseiller sur la base de Guantanamo et auprès de troupes d’élite en Irak. Assez vite, il se positionne comme un conservateur pur et dur.
En 2011, il publie « Les rêves de nos pères fondateurs » – en opposition à l’autobiographie de Barack Obama, « Les rêves de mon père ». Ron DeSantis reproche au président démocrate d’avoir rompu, à cause de sa vision « progressiste », avec la Constitution. En 2012, Ron DeSantis remporte un siège à la Chambre des représentants, auquel il sera réélu deux fois.
En 2018, il devient gouverneur avec une mince majorité après avoir multiplié les signes d’allégeance à Donald Trump. Dans un clip de campagne, il monte avec sa fille un mur en cubes colorés, en référence au projet du président républicain à la frontière avec le Mexique. Quasiment inconnu au bataillon avant cette victoire surprise, il se fait un nom à l’échelle nationale pendant la pandémie de Covid-19 avec un discours hostile aux mesures sanitaires.
En guerre ouverte contre Disney
Ron DeSantis fait quasi quotidiennement les gros titres des journaux américains, happés par son combat contre la supposée « bien-pensance ». « La Floride est le tombeau du ‘wokisme’», déclarait le patron du « Sunshine State » en novembre dernier. À ce titre, cet homme au physique compact et au sourire rare se jette dans les « guerres culturelles », des controverses autour de sujets tels que l’enseignement sur le racisme ou le genre, à coups de décisions très conservatrices et disputées.
Depuis des mois,Disney et le gouverneur de Floride se livrent en effet une bataille ouverte. La raison de la brouille avec le parc d’attractions est politique. Elle remonte à 2022 et l’instauration par Ron DeSantis de la loi « Don’t say gay ». Cette dernière restreint l’enseignement des sujets en lien avec l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans les écoles primaires de Floride.
Cette loi LGBTphobe a suscité de nombreuses protestations aux États-Unis. Poussé en interne et menacé par des appels au boycott, le patron de Disney avait alors publiquement dénoncé ce projet de loi et annoncé, en mars 2022, la suspension de ses dons politiques dans l’État de Floride. Une prise de position qui a mis en colère le républicain Ron DeSantis qui a mis fin en février dernier au statut spécial dont bénéficiait Disney dans son État depuis les années 1960. L’entreprise a répliqué en portant plainte le mois dernier.
Une droite dure sans exubérance
Ron DeSantis s’est aussi joint récemment aux gouverneurs républicains du Texas et de l’Arizona pour envoyer des migrants vers les villes démocrates du nord et de l’est du pays. Un positionnement radical, donc, mais aucune exubérance personnelle. Avec son épouse Casey, ancienne présentatrice de télévision qui le conseille étroitement, et leurs trois enfants Madison, Mason et Mamie, il s’efforce d’adoucir une image froide.
Raide, distant… mais pragmatique, plaident ses soutiens, prenant pour exemple sa gestion d’un catastrophique ouragan dans son État, Ian. Étudiant brillant, rejeton de la classe moyenne qui s’est fait tout seul, époux dévoué ayant soutenu sa femme face à un cancer du sein, vétéran décoré… Le portrait élogieux de Ron DeSantis par ses partisans a tout pour exaspérer Donald Trump.
« Le problème avec DeSantis, c’est qu’il aurait besoin de se faire greffer une personnalité », moquait récemment Donald Trump sur son réseau, Truth Social. Une anecdote revient dans la presse pour illustrer son penchant pour la solitude : Ron DeSantis, au Capitole, parcourait les couloirs avec des écouteurs sans fil enfoncés dans les oreilles, pour décourager toute conversation impromptue.
L’ancien président, adepte des surnoms vexants, a voulu lancer contre le catholique gouverneur de Floride celui de « Ron DeSanctimonius », que l’on peut traduire par « Ron-la-Morale » ou « Ron-l’enfant de chœur ». Sans grand répondant jusqu’ici. Au grand dam de Donald Trump, Ron DeSantis partage les idées du milliardaire mais pas les outrances. Et cela pourrait faire la différence lors des primaires républicaines l’an prochain.