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«60 ans d’existence de l’ESEA, ex-ENEA » : [Texte]Discours du Ministre des Finances et du Budget, M. Mamadou Moustapha Ba

Ce 26 vendredi mai s’est tenue la cérémonie de lancement des activités du soixantenaire d’existence de l’Ecole Supérieure d’Economie appliquée (ESEA, ex-ENEA). Le groupe Leral partage avec vous cette « Leçon inaugurale » de M. Mamadou Moustapha Ba, Ministre des Finances et du Budget, sur le thème « Rôle de la planification dans le processus de développement : l’exemple du PSE ».

– Monsieur le Représentant du Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation,
– Monsieur le Vice-Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar
– Professeur Ibrahima Ndiaye, Directeur de l’ESEA
– Chers professeurs et étudiants de l’ESEA
– Distingués invités,
– Cher condisciple et ami Ibrahima Hathie,

M’inviter à prononcer une leçon inaugurale dans cette auguste école me procure un double sentiment de joie teintée d’émotion et de gratitude, pour avoir passé dans ce lieu, dénommé ENEA à l’époque, les meilleures années d’apprentissage universitaire mais aussi pour avoir ainsi l’occasion de partager un peu de ce qu’elle a contribué à faire de moi.

Le sujet que j’ai choisi de traiter est au centre des nécessités de tout pays en quête de progrès mais aussi constitue la colonne vertébrale de l’enseignement prodigué ici, et s’intitule comme suit : « Rôle de la Planification dans le processus de Développement : l’exemple du PSE ».

Mais ne vous attendez pas à ce que je suive à la lettre la tradition des leçons inaugurales, avec un langage ésotérique aux accents savants, je tâcherai plutôt d’illustrer mon thème avec l’exemple du Plan Sénégal Emergent conçu à l’avènement de son Excellence, Monsieur Macky SALL, à la magistrature suprême de notre pays en 2012 et mis en œuvre à partir de l’an 2014.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, permettez-moi de partager avec vous les sentiments qui m’animent sous le reflux de souvenirs qui me reviennent en foulant à nouveau le sol de cette Ecole plusieurs années après mon passage inoubliable.

D’abord un sentiment de gratitude, qui m’oblige à un devoir de reconnaissance à l’égard des enseignants de l’époque, qui ont contribué à faire de moi, le cadre de haut niveau que je suis devenu.

Je reconnais certains d’entre eux parmi l’assistance et je voudrais vous inviter à vous joindre à moi pour leur rendre un hommage mérité.

Ensuite, un sentiment de fierté ; je suis fier d’être un pur produit de cette Ecole qui m’a permis d’acquérir le savoir, le savoir-faire et le savoir-faire nécessaires pour gravir, un à un, tous les échelons de ma carrière au sein du Département stratégique des Finances.

Cela n’a pas été facile car, entre la rigueur des cours théoriques à l’école et la pénibilité des activités de terrain, il fallait trouver les ressources de sérieux, de courage, de patience et d’abnégation, indispensables pour réussir à décrocher son diplôme.
Au-delà du prestigieux parchemin, ce sont ces valeurs inculquées par l’Ecole que je retiens davantage, en plus de celles de fraternité et de partage qui ont structuré les relations cordiales que j’ai toujours entretenues avec mes camarades.

Je vous engage, chers étudiants, à vous attacher constamment à ces valeurs qui sont les gages les plus sûrs pour garantir le succès dans les études tout comme, plus tard, dans la vie professionnelle.

C’est pour faire honneur à ces valeurs et exprimer concrètement ma reconnaissance à l’Ecole qui m’a tout donné, que j’ai décidé d’équiper la salle informatique qui permettra aux étudiants de disposer d’un outil rénové, moderne et adapté à l’air du temps.

Mesdames et Messieurs,
Chers étudiants,
Pour aborder le sujet de ma communication, commençons d’abord par définir le concept dont il est question aujourd’hui : la planification.

La planification peut être définie comme un exercice d’anticipation réaliste des perspectives de développement et comme un ensemble de procédures et de méthodes de mise en œuvre des moyens disponibles ou susceptibles de l’être, pour atteindre des objectifs jugés prioritaires.

Planifier, c’est tenter d’orienter l’évolution des sociétés et des espaces vers des horizons pensés comme meilleurs que la situation antérieure ou présente. Cela conduit à rechercher la maîtrise sur l’essentiel des facteurs déterminants dans les évolutions voulues.

A la croisée entre sciences exactes quantitatives et sciences sociales qualitatives, la Planification repose, avant tout, sur des principes fondamentaux de méthode, de rigueur, et d’objectivité.

Il s’agit, dans tout exercice de planification, de partir des réalités d’une situation, de les analyser pour comprendre les facteurs qui les animent et les dynamiques qu’elles produisent avant de se projeter sur un futur possible et souhaité.

Le Plan Sénégal Emergent (PSE), que j’ai contribué à élaborer et que je vous propose comme exemple, n’a pas échappé à cette exigence. Si le temps l’avait permis, je vous aurais partagé des éléments sur la méthodologie suivie pour l’élaboration du PSE, les différents arbitrages qu’il a fallu faire pour opérer des choix stratégiques, les difficultés rencontrées, les facteurs de succès et les leçons apprises tout au long du processus qui a abouti à l’adoption du PSE, devenu le seul référentiel pour la conception et la mise en œuvre des politiques publiques au service du bien-être de nos populations.

Je vais donc me limiter à vous présenter brièvement le PSE et les progrès significatifs que sa mise en œuvre a permis à notre pays de réaliser avant de terminer par des remarques générales sur l’exercice de la planification dans le contexte actuel.
Auparavant, un rappel historique sur l’évolution de la planification dans notre pays me paraît utile.

1. La Planification du développement économique au Sénégal : rappel historique
Le transfert en 1960 par la République Française à chacun des territoires qui composaient l’ancienne A.O.F. des compétences comme celles qu’elle exerçait encore, notamment en matière de défense nationale et de relations extérieures, marque la dernière étape du chemin qui menait ces territoires à l’indépendance complète.
Ainsi, est apparue très vite la nécessité de procéder à des inventaires des ressources et des moyens de production en vue d’organiser l’appareil économique en fonction de la nouvelle situation créée par l’indépendance. Ces inventaires ont naturellement débouché sur l’élaboration de plans de développement.

Le Sénégal a été le premier en date en A.O.F. à engager la réalisation d’une étude parue à la mi-1960 et qui a servi d’élément de base pour l’élaboration du premier plan quadriennal de développement 1961-1964 devenue loi le 08 mai 1961.

Ce plan formule ses objectifs et organise l’économie en prenant comme référence les travaux de comptabilité économique réalisés par le service statistique en 1959, complétés la même année par des enquêtes démographique et agricole et une enquête de consommation en milieu africain à Dakar.

C’est ainsi qu’au lendemain des indépendances, la gestion de l’économie incombait quasi exclusivement à l’Etat au regard de l’immensité des insuffisances et des contraintes structurelles, mais aussi de sa fonction principale d’assurer et de promouvoir le développement économique et social. La planification fut adoptée et des plans furent lancés. La stratégie de développement relevée dans les plans successifs visait la réalisation à moyen et long termes d’une économie nationale diversifiée, à croissance forte et soutenue, d’une agriculture dynamique et d’un tissu industriel pouvant satisfaire les besoins internes, mais aussi la demande régionale, d’une amélioration des conditions de vie des populations et d’une répartition plus équitable du revenu national.

L’Etat était alors le principal architecte de l’édification économique avec comme objectif d’élever substantiellement le niveau des forces productives, récupérer le surplus économique et le réinvestir afin d’élargir la base de production.

Les sept (7) premiers plans ont été élaborés et mis en œuvre selon cette optique.
Au cours de la décennie 1970 , confrontée à la vulnérabilité accrue de l’économie et aux difficultés de la prévision économique dans un environnement devenu plus aléatoire, dépendante du recours généralisé aux ressources extérieures pour financer l’investissement, sevrée de données statistiques suffisamment fiables et récentes, mais aussi prisonnière de procédures assez lourdes et formelles, la planification rigide s’est avérée de moins en moins bien armée pour mettre en œuvre une stratégie de réaction aux aléas et pour programmer les investissements jusqu’au terme du plan.

L’une des faiblesses majeures du Plan était le lien ténu entre le Plan et le Budget. Cette faiblesse découlait à la fois de la réduction des ressources budgétaires allouées à l’investissement public, des carences constatées dans l’évaluation et la sélection des projets lors de l’élaboration du Plan et de la difficulté de programmer les projets à un horizon de cinq ans.

Il devenait alors urgent de repenser le système de planification afin de mieux l’adapter au contexte mouvant de l’environnement économique et financier mondial. Les bases de cette réflexion furent établies en 1987. Il s’est agi de se fonder sur les enseignements du diagnostic porté par l’évaluation du système, alors en vigueur, pour combler les lacunes constatées, conforter les acquis et surmonter les problèmes posés par la duplication des procédures et des documents de la planification.

Le Système National de Planification ainsi adopté en 1987 a été bâti autour de trois instruments complémentaires :

– une étude prospective sur la société sénégalaise et son environnement, naturel et international , afin de guider les choix stratégiques des Plans d’orientation à moyen terme ;

– une loi-plan d’orientation économique et sociale, révisable à mi-parcours, fixant les stratégies à mettre en œuvre et les objectifs intermédiaires à atteindre à moyen et à long terme par le Gouvernement et qui fournit les critères et les repères pour la sélection et la programmation des projets et actions publics;

– Une loi-programme triennale d’investissement et d’actions publics, ajustable annuellement, dont la partie exécutoire forme le budget consolidé d’investissements, intégrée dans la loi de finances.

La persistance de certaines carences constatées au cours de sa mise en œuvre associée aux évolutions fulgurantes de l’environnement international ont mis à jour des contraintes structurelles qui ont amoindri l’effet attendu de ce Système National de Planification.

2. L’exemple du PSE
Avec l‘avènement de la seconde alternance démocratique intervenue en 2012, qui a porté son excellence Monsieur Macky SALL à la tête de l’Etat, le Sénégal a décidé d’adopter un nouveau modèle de développement pour accélérer sa marche vers l’émergence. Cette stratégie, dénommée Plan Sénégal Émergent (PSE), constitue le référentiel de la politique économique et sociale sur le moyen et le long terme, à l’horizon 2035.

En effet, le PSE, dont l’ambition est de mener le Sénégal à l’émergence, déroule une stratégie qui propose un arbitrage entre les nécessités d’aujourd’hui, à savoir la création des richesses pour résorber les déficits, et celles relatives à la survie des futures générations.

Le scénario optimiste qui postule l’«émergence dans la solidarité et État de droit» nécessite une nouvelle démarche sur le plan de la gouvernance. Une nouvelle vision de la politique devrait accompagner le développement économique des terroirs.
Les mentalités devraient aussi s’adapter à la nouvelle configuration sociétale grâce à un système éducatif rénové et fondé sur des compétences pour la transformation sociale.

Cette aspiration à un mieux-être s’est déclinée en une vision qui est celle d’«Un Sénégal émergent en 2035 avec une société solidaire dans un État de droit».

Les orientations stratégiques qui guideront les initiatives à prendre pour traduire cette vision en actions et résultats tangibles pour le bénéfice des populations, s’appuient sur trois axes :

• AXE 1. La transformation structurelle de l’économie à travers la consolidation des moteurs actuels de la croissance et le développement de nouveaux secteurs créateurs de richesses, d’emplois, d’inclusion sociale et à forte capacité d’exportation et d’attraction d’investissements. Cet axe s’inscrit dans une option de développement plus équilibré, de promotion de terroirs et des pôles économiques viables afin de stimuler le potentiel de développement sur l’ensemble du territoire ;

• AXE 2. La promotion du capital humain, passant par une amélioration significative des conditions de vie des populations, une lutte plus soutenue contre les inégalités sociales tout en préservant la base de ressources et en favorisant l’émergence de territoires viables.

• AXE 3. La bonne gouvernance pour le renforcement de la sécurité et de la stabilité, la protection des droits et libertés, la consolidation de l’État de droit et la préservation de la paix sociale.
Les trois axes de la Stratégie permettront, par leurs synergies et leurs effets convergents et cumulatifs, de créer les conditions de l’émergence.

La réalisation des objectifs du PSE requiert la réunion de conditions préalables ou fondements de l’émergence, liées au règlement de la question vitale de l’énergie, à la mise en place d’infrastructures de dernière génération pour le soutien à la production, à l’amélioration de l’environnement des affaires, au renforcement du capital humain ainsi qu’à la satisfaction des besoins de financement de l’économie. La réussite du PSE exige de fortes capacités d’impulsion de l’État et un leadership affirmé.

A cet effet, le Gouvernement a engagé un programme accéléré de réformes pour la modernisation de l’Administration publique pour l’adapter aux exigences de performance induites par la Stratégie.
Le PSE est réalisé à travers un Plan d’Actions prioritaires (PAP) quinquennal adossé aux axes stratégiques, aux objectifs sectoriels et aux lignes d’actions de la Stratégie. Le PAP 1 s’est décliné à travers des projets et programmes de développement inscrits dans un cadre budgétaire sur la période 2014-2018.

Le cadre institutionnel permettant la mise en œuvre du PSE comprend : un Comité d’Orientation stratégique (COS), placé sous l’autorité du Président de la République, un Comité de Pilotage (COP) présidé par le Premier Ministre, un Bureau opérationnel de suivi du Plan Sénégal émergent (BOSSE) ainsi que des structures d’exécution.

Les principaux facteurs de risques pour la réussite du PSE concernent l’instabilité institutionnelle, les résistances aux changements, la faible appropriation, la faible mobilisation des ressources budgétaires, l’absence des ressources humaines requises pour conduire les réformes et les projets, les retards dans la mise en œuvre des réformes sur l’environnement des affaires et la modernisation de l’Administration publique, les dépenses sociales imprévues, les aléas climatiques (inondations, sécheresse), la capacité d’absorption limitée des ressources ainsi qu’un suivi-évaluation insuffisant.

Combinant l’effort interne de mobilisation de ressources, l’appui des partenaires et l’investissement privé national et étranger, le PSE a été conçu et validé grâce à une vaste concertation avec tous les acteurs. Il a été appuyé, en février 2014, par la communauté internationale des partenaires à l’occasion du groupe consultatif de Paris.
En définitive, le Plan Sénégal Emergent, devenu le cadre référentiel de la politique économique et social de notre pays, ambitionne de réaliser, à travers la transformation structurelle de l’économie, une croissance forte, inclusive et durable pour le bien-être des populations, en concentrant les efforts sur les 6 secteurs clés du volet public du Plan Sénégal Emergent (PSE) qui sont :

– les infrastructures et services de transports,
– les infrastructures et Services Energétiques,
– l’Agriculture,
– l’Education et la Formation,
– l’Hydraulique et l’Assainissement,
– la Santé et la Protection Sociale.

La mise en œuvre du PSE a produit des résultats remarquables dans ces secteurs prioritaires, dont je vous citerai quelques-uns à titre d’illustration.
Ainsi, dans le secteur de l’énergie, consacré comme une priorité pour mettre à la disposition des ménages et des unités de production une énergie fiable et à moindre coût, sur la période 2018-2022, un montant de 729 864 710 974 FCFA a été mobilisé pour les projets du secteur uniquement sur les ressources internes.

Au plan de la production, le pari de la disponibilité de l’énergie a été gagné avec la mise en service d’une puissance totale installée à plus de 1650 MW dont 226 MW de solaire, 159 MW en éolien et 121 MW en hydroélectrique, soit un taux de pénétration en énergie renouvelable de 30%. Ces avancées sont imputables aux efforts de modernisation et d’entretien de l’outil de production d’électricité.

L’accès universel aux services électriques constitue aussi un impératif pour l’atteinte des objectifs d’émergence à l’horizon 2035. La proportion de la population ayant accès à l’électricité en milieu rural a atteint 58,2% en 2021 et projeté à 60% en 2022 et 96% en milieu urbain grâce aux efforts de l’Etat et des PTF à travers des projets et programmes du ministère en charge de l’Energie mais aussi du programme d’urgence de développement communautaire. La politique volontariste menée par le Gouvernement a permis d’améliorer la couverture électrique au niveau national qui enregistre un taux de 80,5%.

Avec les découvertes récentes et substantielles de pétrole et de gaz, le Sénégal se prépare à valoriser ses vastes ressources en gaz naturel pour contribuer à la prise en charge de la demande future d’électricité et améliorer la compétitivité de son économie. Les réserves nationales de gaz du Sénégal seront principalement utilisées pour produire de l’électricité. La monétisation de ces importantes ressources énergétiques est à la base des nouvelles ambitions du gouvernement en matière de conversion du gaz en électricité.

Dans le domaine de l’exploitation du pétrole et du gaz, la production de pétrole et de gaz pour les projets Sangomar et GTA devrait démarrer et engendrer des recettes pétrolières et gazières qui devraient passer dès la première année de production de 3,0% à plus de 15,0% des recettes totales du pays.

En ce qui concerne les infrastructures et les services de transports, le Sénégal est en plein chantier, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest en passant par le Centre, les travaux routiers sont partout visibles. De 2012 à 2021, d’importants projets ont contribué à l’amélioration de la circulation des personnes et des biens. Les réalisations se résument ainsi qu’il suit, sur la période 2012-2021 :

• Linéaires de routes revêtues réalisées : 2526 km
• Linéaires d’autoroutes réalisées et mises en service : 189 km ;
• Nombre de ponts réalisés : 20 ponts ;
• Linéaires de pistes aménagés : 8796,2 km

Toutes ces routes construites ou réhabilitées permettent de relier le Sénégal aux pays frontaliers avec des gains de temps importants mais également en toute sécurité. Ces réalisations portent le linéaire de routes à 2 918 km de routes en sus de celles du PROMOVILLE, PUMA pour un linéaire de 196,35 km, soit au total 3 114,5 km de routes.

Le Sénégal dispose d’importantes potentialités économiques, qui contribuent à l’atteinte de la souveraineté alimentaire et à une croissance durable et inclusive. Une des entraves à l’atteinte de cet objectif est l’enclavement de ces zones. Pour résoudre ce problème, l’Etat est en train de mettre en œuvre plusieurs programmes et projets de désenclavement.

Ce réseau routier moderne est couplé à un système moderne de transport de masse avec le Bus Rapid Transit (BRT) totalement électrique, qui reliera Guédiawaye à la gare de Petersen pour un montant de 373 milliards de FCFA et devra transporter 300 000 passagers par jour. Globalement les travaux d’infrastructures et systèmes BRT sont réalisés à hauteur de 68%. Sa livraison est prévue au mois d’octobre prochain.
Le TER est devenu une réalité au grand bonheur des usagers avec une capacité de transport en moyenne de 60 000 passagers par jour et des recettes mensuelles évaluées à 1, 5 milliards de FCFA.

Dans la nouvelle ville de Diamniadio, d’importants projets infrastructurels ont également été réalisés. Du Centre international de conférences Abdou Diouf au stade Président Abdoulaye Wade, en passant par le temple du basketball Dakar Arena, le très attractif Centre des expositions, le Marché d’intérêt national, la Gare des gros porteurs sans oublier l’arène nationale à Pikine. Des infrastructures qui contribuent à l’émergence économique du Sénégal à l’horizon 2035.

S’agissant de l’agriculture, ce sont des productions record qui ont été enregistrées permettant de couvrir nos besoins en céréales de 93% et en riz de 63%. En effet, de 405 824 tonnes de riz paddyen 2012, la production est passée à 1 451 840 tonnes à fin 2020. La production des fruits et légumes a atteint 1 624 456 tonnes en 2020 tandis quela production arachidière a été multipliée par 2,5 de même que les productions animales (lait, viande, aquaculture) qui ont connu une augmentation satisfaisante.
En ce qui concerne l’élevage, la production annuelle laitière est passée de 202 millions de litres en 2012 à 283 millions de litres en 2021 tandis que la production de viande de volaille ressort à 1263 tonnes en 2021 contre 548 tonnes en 2012.

La pêche continue d’occuper une place dans le PSE avec des exportations en volume de 270 603 tonnes et en valeur de 250 000 000 000 FCFA. Quant à la production aquacole, elle s’établit en 2021 à 1 236,5 tonnes. Ces résultats ont été obtenus grâce à la réalisation, la modernisation et la mise aux normes de plusieurs infrastructures d’appui à la production et à la transformation. Relativement à l’aquaculture, les productions sont passées de 371 tonnes de poissons en 2012 à 1 374 tonnes en 2021.

En matière d’hydraulique, l’accès à l’eau pour tous a été atteint en milieu urbain tandis que le pays est à 8,7 points de l’accès à l’eau potable de toutes les populations rurales en vue d’atteindre l’accès universel. Relativement à l’assainissement, des bonds de 4 points et de 8 points ont été réalisés respectivement dans l’assainissement urbain (67,4%) et rural (42,3%).

Pour ce qui est de l’éducation et de la formation, les réalisations ont porté sur la construction de 12 088 salles de classes dont 1 850 dans le cadre du remplacement des abris provisoires, 47 daaras modernes, 5 Instituts de formation professionnelle et 14 Espaces Numériques Ouverts (ENO), le nombre d’universités est passé de 5 en 2012 à 8 en 2021.

Le secteur de la santé n’a pas également été en reste avec la construction de 20 nouveaux hôpitaux, 28 centres de santé, 281 postes de santé et 13 centres de dialyse. De même que la protection sociale avec le programme national de Bourses de sécurité familiale et la couverture maladie universelle qui font partie des marqueurs sociaux de la politique de Son Excellence Monsieur le Président de la République Macky Sall.

L’Etat du Sénégal accorde une importance capitale à la question de l’emploi,notamment pour les jeunes et les femmes. Le programme Xëyu Ndaw Ñi a généré à ce jour plus de 80.233 emplois créés sur un objectif de base de 65.000 recrutements spéciaux, dont 14.000 formations dans le cadre de la convention Etat-employeurs, 141.000 bénéficiaires de financements injectés par la DER/FJ et 31.000 formations déroulées par le 3FPT.

Mesdames et Messieurs,
Chers étudiants,
Toutes ces avancées significatives réalisées par notre pays, qui est en train de se transformer radicalement, ont été permises grâce à un instrument de pilotage stratégique issu d’un exercice rigoureux de planification.
Vous conviendrez avec moi que mener un tel exercice est devenu plus difficile pour plusieurs raisons dont j’évoque ici celles qui me paraissent les plus importantes.
Il y a, d’abord, le caractère insaisissable, j’allais dire imprévisible, du facteur humain, sachant que ce dernier reste décisif dans les choix et les modes de vie qui, à leur tour, influencent fortement les systèmes de production et les modes de consommation. Il est vrai qu’à l’heure de la mondialisation, l’on peut être tenté de croire à une standardisation des modes de vie et des cultures.

Mais, le facteur culturel garde toujours une dimension immatérielle, j’allais dire, irrationnelle qu’il est difficile de modéliser ou de schématiser pour le traduire en donnée objective dans des équations mathématiques.

Ensuite, le constat est largement partagé que les contextes politiques et géopolitiques sont devenus plus complexes et imprévisibles. Il y a encore peu, le jeu politique au niveau des pays, et les enjeux géopolitiques étaient plus nettement perceptibles et clairs car fondés sur des idéologies en concurrence.
Aujourd’hui, les idéologies semblent reléguées au second plan dans la formation du jeu politique au sein des Etats et des dynamiques géopolitiques au profit d’autres facteurs moins affirmés, mais assumés par les acteurs dans leurs choix. Cela accroît les risques d’instabilité au sein des pays et de conflits entre les Etats, pouvant remettre fortement en cause le travail des planificateurs.

En outre, nul ne peut plus nier l’influence croissante des technologies de l’information et de la communication dont l’impact sur l’évolutions des sociétés et des espaces est difficile à saisir. Le flux d’informations qui circulent aujourd’hui sur les autoroutes du numérique et la vitesse de leur transmission sont sans précédent. Il en est de même des réseaux sociaux avec les contenus qui y sont disponibles, qui s’y échangent.

Dans le même ordre d’idée, le poids et le rôle grandissants dusecteur privé dans la vie économique et sociale de nos pays constituent une réalité nouvelle avec laquelle il convient de composer dans le travail de planification
Par ailleurs, le changement climatique est aujourd’hui une donnée fondamentale qu’un planificateur rigoureux ne peut occulter, surtout dans nos pays en Afrique, qui figurent parmi les espaces les plus vulnérables aux effets du changement climatique et qui en subissent grandement les impacts négatifs.
Les stratégies d’atténuation des effets et d’adaptation aux changements climatiques devraient continuer à influencer fortement l’élaboration des plans de développement aussi bien à l’échelle nationale et internationale que locale.

Enfin, les risques sécuritaires et sanitaires sont devenus plus pressants qu’auparavant. Un planificateur sénégalais avisé ne peut pas ignorer le contexte sécuritaire sous régional dans lequel notre pays évolue. La pandémie de la COVID-19 nous a obligé à adopter rapidement un plan d’action prioritaire ajusté et accéléré (PAP2A) même si, malgré tout, le cap du Plan Sénégal émergent (PSE) reste maintenu sur l’émergence à l’horizon 2035.

Le Sénégal n’est plus à la croisée des chemins et il n’a plus qu’un choix, celui d’actionner efficacement les clés de la construction de notre pays parmi lesquelles l’enseignement supérieur et la recherche scientifique jouent un grand rôle.
Monsieur le Représentant du Ministre,
Cher collègue,
Notre enseignement supérieur et notre recherche scientifique ont des acquis et des potentialités appréciables que vous avez grandement contribué à hisser toujours plus haut.
Il nous appartient à tous, dans un mouvement d’ensemble, de leur donner un nouvel élan, celui de la convergence vers le développement économique en tenant compte de la grande majorité de nos concitoyens.

Monsieur le Vice-Recteur,
Monsieur le Directeur de l’ESEA,
Recevez mes chaleureux remerciements pour m’’avoir offert l’opportunité de revenir me ressourcer dans ce haut lieu de savoir et de recherche qu’est l’ESEA. J’associe à ces remerciements tout le corps professoral.

A vous, chers apprenants de l’ESEA, je voudrais vous dire que malgré les difficultés liées à la mise en œuvre des plans de développement économique complexes comme le PSE, il n’y a pas lieu de délaisser la planification et de s’abandonner à la fatalité.

Bien au contraire, c’est dans un monde devenu complexe et imprévisible que le besoin de planification est le plus impératif car comme le dit un adage « il est plus sûr pour qui veut arriver à bon port de marcher patiemment dans l’obscurité, torche à la main, que de courir vite dans la lumière sans savoir où l’on va ».

Merci beaucoup cher ami Ibrahima Hathie pour ce beau portrait que vous avez fait de ma modeste personne.

Je vous remercie de votre aimable attention.