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Au Kosovo, des heurts Opposent des Manifestants Serbes à la Police et à des Soldats de la Force de l’OTAN déployée dans le Pays

L’OTAN a « fermement » condamné ces attaques contre les troupes de la KFOR, qui ont fait une trentaine de blessés dans leur rang, au nord du Kosovo. Belgrade a, de son côté, fait état de 52 Serbes blessés lors des incidents.

La police kosovare a dispersé, lundi 29 mai, à l’aide de gaz lacrymogène, des manifestants serbes réclamant le retrait du nord du Kosovo, où ils sont majoritaires, des maires albanais qui viennent d’y prendre leurs fonctions. Des soldats de la force de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) déployée au Kosovo (KFOR) se sont interposés, avant d’essuyer à leur tour des jets de pierre et d’engins incendiaires.

Dans la matinée, des contestataires Serbes, qui exigent aussi le départ des forces de l’ordre spécialement déployées dans la région depuis plusieurs jours, se sont rassemblés devant l’une des mairies concernées, celle de Zvecan, et ont essayé d’y entrer. Les policiers les ont immédiatement repoussés en faisant usage de gaz lacrymogène, comme l’a constaté une journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).

A Zvecan, « les manifestants, recourant à la violence et utilisant du gaz lacrymogène, ont tenté de franchir les cordons de sécurité et de pénétrer par effraction dans les locaux de la municipalité », a rapporté la police dans un communiqué. Elle a déclaré que, au total, des manifestations s’étaient déroulées devant trois mairies du nord du territoire kosovar où vivent de nombreux Serbes de souche qui sont restés fidèles à Belgrade et ont rejeté l’indépendance proclamée, en 2008, du Kosovo, une ancienne province de Serbie.

Une trentaine de soldats internationaux blessés lors de heurts au Kosovo |  TV5MONDE - Informations

Pierres et « engins incendiaires » contre la KFOR

La KFOR, qui exhorte Belgrade et Pristina à reprendre le dialogue qui avait commencé sous les auspices de l’Union européenne, avait positionné une cinquantaine de soldats polonais et hongrois autour de la mairie de Zvecan, selon la journaliste de l’AFP. Ces derniers ont, dans un premier temps, tenté de séparer les manifestants des policiers, mais ont ensuite commencé à disperser la foule à l’aide de gaz lacrymogène et de grenades éblouissantes. Les protestataires ont riposté en jetant des pierres sur les soldats, mais ont été rapidement repoussés à quelques centaines de mètres du bâtiment.

« L’OTAN condamne fermement les attaques non provoquées contre les troupes de la KFOR dans le nord du Kosovo, qui ont fait un certain nombre de blessés. Ces attaques sont totalement inacceptables. La violence doit cesser immédiatement », a déclaré un porte-parole de l’Alliance. Les heurts ont fait une trentaine de blessés parmi les troupes de la KFOR.

Selon le ministère de la défense hongrois, plus de vingt soldats hongrois figurent parmi les blessés, dont sept ont été grièvement atteints. Le ministre des affaires étrangères italien, Antonio Tajani, a fait état dans un Tweet de onze soldats italiens blessés dont « trois sont dans un état grave ».

Les soldats « ont été la cible d’attaques non provoquées et ont subi des blessures traumatiques avec des fractures et des brûlures dues à l’explosion d’engins incendiaires », a déclaré la KFOR dans un communiqué, en évoquant, elle, « environ 25 soldats » blessés.

La première ministre italienne, Giorgia Meloni, a fait part de sa « condamnation la plus ferme » après « l’attaque survenue contre la mission de la KFOR ». « Il est fondamental d’éviter de nouvelles actions unilatérales de la part des autorités kosovares et que toutes les parties fassent immédiatement un pas en arrière pour faire baisser les tensions », a-t-elle dit dans un communiqué.

La France « condamne ces violences avec la plus grande fermeté », a, de son côté, déclaré le ministère des affaires étrangères français dans un communiqué, appelant Belgrade et Pristina à retourner « à la table des négociations avec une attitude de compromis ». « On ne peut tolérer que soit mise en danger la stabilité régionale dans un contexte aussi critique sur le plan international. Il s’agit d’une question de sécurité européenne », ajoute le texte.

L’armée serbe en état d’alerte maximale

Au moins 52 Serbes ont été blessés dans ces incidents, dont trois grièvement, a précisé, à Belgrade, le président serbe Aleksandar Vucic, ajoutant qu’un homme de 50 ans avait été blessé par balles par « les forces spéciales » de la police kosovare.

Les Serbes, dont les représentants politiques ont quitté en novembre les institutions locales dans le nord du Kosovo, ont boycotté en avril les élections municipales organisées par le gouvernement kosovar pour mettre fin à ce vide institutionnel. Les édiles élus à cette occasion, que les protestataires ne considèrent pas comme leurs représentants légitimes, l’ont été avec une très faible participation : seuls quelque 1 500 électeurs, sur environ 45 000 inscrits, y ont pris part.

Des incidents s’étaient déjà produits vendredi dans cette région lorsque ces maires albanais de souche étaient allés prendre leurs fonctions accompagnés par la police. Aleksandar Vucic, qui avait donné vendredi l’ordre à l’armée serbe de se placer en état d’alerte maximale, comme cela a été régulièrement le cas ces dernières années, a précisé lundi soir que les unités dépêchées à proximité de la frontière avec le Kosovo étaient déployées sur des positions « indispensables ».

« Nous ne permettrons pas un pogrom du peuple serbe », a-t-il lancé, appelant « la communauté internationale à ramener Albin Kurti [le premier ministre du Kosovo] à la raison ». « S’ils ne font pas ça, j’ai peur qu’il soit trop tard pour nous tous », a-t-il ajouté.

« Le Kosovo est le cœur de la Serbie », déclare Novak Djokovic

A Roland-Garros, la star serbe Novak Djokovic, dont le père est né au Kosovo, a évoqué la situation à la fin de son match d’entrée contre l’Américain Aleksandar Kovacevic. « Le Kosovo est le cœur de la Serbie. Arrêtez la violence », a-t-il écrit sur l’objectif d’une caméra. « Le Kosovo est notre berceau, notre bastion, le centre des choses les plus importantes pour notre pays », a expliqué le joueur aux médias serbes à Paris.

Les poussées de fièvre sont fréquentes dans le nord du Kosovo. Quelque 120 000 Serbes vivent dans ce pays de 1,8 million d’habitants très majoritairement albanais.

Les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Allemagne avaient exhorté dès vendredi les autorités du Kosovo « à immédiatement revenir sur leur décision » de déployer leurs forces spéciales, affirmant également être « préoccupés par la décision de la Serbie de relever le niveau de préparation » de son armée.