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Sous-marin disparu : Comment le Submersible ,Titan a-t-il pu imploser ?

Le submersible pourrait s’être désintégré sous le poids de la pression colossale des abysses. Sa coque en fibre de carbone, innovante mais non éprouvée, pourrait en être la cause.

L’angoisse des passagers du Titan a sans doute pris fin bien plus tôt que prévu. Alors qu’une course contre la montre était entamée depuis dimanche pour retrouver le submersible d’OceanGate, avant qu’il n’écoule son stock de 96 heures d’oxygène, les cinq passagers sont probablement morts bien avant et d’une tout autre manière. Le petit sous-marin aurait en fait été soufflé par une «implosion catastrophique», detectée des dimanche par l’US Navy.

L’épave du célèbre paquebot, qui a coulé en 1912, gît dans l’Atlantique Nord, à quelque 3800 mètres de profondeur. Au niveau de la mer, la pression atmosphérique moyenne est de 1013,25 hectopascals. La pression de l’eau là où se trouve le Titanic équivaut à environ 400 atmosphères, soit plus de 413.000 hPa. Dans le cas d’une implosion provoquée par un défaut dans la coque ou pour une autre raison, le submersible se serait désintégré en l’espace de millisecondes, en raison de l’énorme pression de l’eau. Pour ses occupants, la mort aurait été pratiquement instantanée.

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Une coque pas assez résistante aux grosses contraintes ?

Le Titan, construit par OceanGate, a pourtant été conçu pour supporter la pression extrême de l’eau à la profondeur du Titanic et avait déjà plongé à ce niveau. Mais des doutes sur la sécurité à bord, et notamment sur sa coque en fibres de carbone révolutionnaire, avaient déjà été émis dans le passé. Avant d’embarquer, l’océanologue français Paul-Henri Nargeolet, qui se trouve parmi les victimes, avait confié à ses proches ne «pas avoir confiance en ce nouveau sous-marin en matériau composite». Il avait néanmoins voulu en être, «pour la beauté de l’expédition».

La coque en fibres de carbone permet un gain de poids important, car sa densité est bien inférieure à celle du titane, et surtout de l’acier, des matériaux généralement utilisés pour la conception des sous-marins. Le poids du Titan, 10 tonnes seulement contre 20 pour les autres sous-marins scientifiques, s’avérait plus pratique dans les phases de transport hors de l’eau. En outre, «la fibre de carbone a un comportement mécanique remarquable, elle est à la fois costaude et flexible», souligne Bruce Shillito, enseignant chercheur à Sorbonne-Université, du laboratoire de biologie des organismes et écosystèmes aquatiques.

Restait une grande inconnue, pointée par le spécialiste : «Comment les différentes matières de la coque, qui allie des matériaux composites, mais aussi des alliages métalliques, travaillent les unes par rapport aux autres sous de grosses contraintes?» Le système innovant de surveillance de l’état de la coque en temps réel, installé sur le Titan pour évaluer en permanence l’intégrité de la structure, suggère également que la coque «doit se déformer sous la pression», selon le spécialiste.

REPLAY. Disparition du sous-marin Titan près du Titanic : les cinq  passagers sont morts à cause d'une "implosion" - midilibre.fr

Un hublot démesuré

Le hublot de 60 centimètres installé à l’avant de l’appareil pourrait aussi constituer une faille. Depuis dimanche, les experts s’interrogent sur la taille de cet orifice, qui pourrait très bien constituer un point de fragilité à sa jonction avec la coque. Y a-t-il eu des failles dans la conception du Titan ? «Jusqu’ici, les submersibles scientifiques profonds se révèlent d’une très grande sécurité et fiabilité, souligne Bruce Shillito. Le Nautile d’Ifremer n’a, par exemple, connu aucun accident majeur en plus de 2000 plongées profondes et plusieurs dizaines d’années d’existence».

Mais lors de sa dernière expédition, à l’été 2022, le Titan s’était déjà «perdu» pendant deux heures et demie. Selon des documents judiciaires de 2018, l’ancien directeur des opérations marines d’OceanGate David Lochridge avait soulevé à l’époque des problèmes de sécurité importants concernant la conception expérimentale et non testée du submersible… avant d’être licencié.

Finalement, l’heure n’est qu’aux hypothèses et il est actuellement impossible de donner les raisons précises de cette implosion. Pour en savoir plus, il faudra récupérer les débris trouvés au fond de l’océan, ce qui ne sera pas chose aisée, et les analyser. Quand bien même, il n’est pas certain que ces éléments apportent des réponses, au vu de la violence de l’implosion.