Ces huit personnes ont fui le territoire hongkongais après l’instauration en 2020 par Pékin de la loi sur la sécurité nationale, visant à faire taire toute opposition. La mesure a été dénoncée par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, des pays où résident certains des militants recherchés.
La situation se crispe autour du sort de huit militants hongkongais prodémocratie accusés de violation de la loi sur la sécurité nationale, promulguée en 2020. Le dirigeant de Hongkong, John Lee – un ancien policier pro-Pékin connu pour son rôle dans la répression des manifestations de 2019 – a appelé, mardi 4 juillet, ces huit personnes à se rendre, la police ayant promis la veille des récompenses (1 million de dollars hongkongais soit 117 000 euros) en échange d’informations conduisant à leur arrestation.
« Le seul moyen de mettre fin à leur destin de fugitifs, d’éviter d’être pourchassés toute leur vie, est de se rendre », a dit John Lee aux journalistes, ajoutant que, dans le cas contraire, ils vivraient « dans la peur ». Le dirigeant a aussi appelé la population à aider la police, ajoutant que même les « parents et les amis » des militants pouvaient fournir des informations.
Les huit militants ont fui l’ancienne colonie britannique après que Pékin a instauré en 2020 une loi drastique de sécurité nationale à Hongkong, afin de faire taire les voix dissidents après les manifestations prodémocratie de 2019, parfois violemment réprimées. Ils sont tous accusés de collusion avec des forces étrangères pour mettre en danger la sécurité nationale, une charge passible de la prison à vie.
Le groupe comprend les anciens élus prodémocratie Nathan Law Kwun-chung – qui a obtenu l’asile politique au Royaume-Uni –, Ted Hui Chi-fung et Dennis Kwok Wing-hang. Y figurent aussi un ancien syndicaliste, Mung Siu-tat, et les militants Elmer Yuen Gong-yi, Finn Lau Cho-dik, Anna Kwok Fung-yee et Kevin Yam Kin-fung.
« Un précédent dangereux »
Le chef du département de la sécurité nationale de la police de Hongkong, Steven Li, a accusé ces huit militants d’« avoir commis des infractions très graves qui mettent en danger la sécurité nationale ». La police hongkongaise ne peut pas les arrêter tant qu’ils sont à l’étranger, mais « nous n’arrêterons pas » de les poursuivre, a-t-il ajouté. La récompense est promise à quiconque fournira des informations sur l’endroit où ils se trouvent « menant à leur arrestation ou à des poursuites ».
La mesure a été dénoncée par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, des pays où résident certains des militants recherchés.
« L’application extraterritoriale de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin pose un précédent dangereux qui menace les droits humains et les libertés fondamentales des citoyens à travers le monde », a déclaré, dans un communiqué, le porte-parole du département d’Etat américain, Matthew Miller. Washington « appelle le gouvernement de Hongkong à retirer immédiatement cette promesse de primes, à respecter la souveraineté des autres pays et à mettre fin à l’application internationale de la loi sur la sécurité nationale », a ajouté M. Miller.
« Nous ne tolérerons pas les tentatives de la Chine d’intimider et de réduire au silence des individus au Royaume-Uni et à l’étranger », a déclaré, de son côté, dans un communiqué le ministre des affaires étrangères britannique, James Cleverly. « Le Royaume-Uni défendra toujours le droit universel à la liberté d’expression et se dressera pour ceux qui sont visés », a-t-il ajouté. Depuis l’imposition par Pékin de la loi sur la sécurité nationale, Londres a suspendu, en juillet 2020, son accord d’extradition avec Hongkong.
« Je n’ai pas peur des pressions politiques qui s’exercent sur nous, parce que nous faisons ce que nous pensons être juste », a déclaré en retour John Lee.
« Des hommes politiques britanniques ont ouvertement offert leur protection à des fugitifs », a de son côté fustigé, un porte-parole de l’ambassade de Chine au Royaume-Uni, mardi, déplorant « une ingérence » de Londres dans les affaires intérieures chinoises.