Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé ce mercredi la communauté internationale à venir en aide à haïti, miné par la violence et la pauvreté, et exhorté ce pays à oeuvrer afin d’élargir le consensus politique.
«Il est impératif je pense que la communauté internationale se rassemble en soutien à Haïti», a déclaré Antony Blinken avant un entretien mercredi soir avec le premier ministre haïtien Ariel Henry, en marge d’un sommet des pays des Caraïbes (Caricom) à Trinité-et-Tobago.
«Crise humanitaire inquiétante»
Le premier ministre haïtien a pour sa part relevé que son pays faisait face aux violences et à une «crise humanitaire inquiétante» et appelé à l’aide les pays du Caricom et les États-Unis, tout en remerciant Washington pour son assistance sécuritaire et humanitaire. Antony Blinken avait auparavant, lors d’une session plénière du Caricom, promis l’aide américaine pour restaurer la sécurité à Haïti, préalable nécessaire au retour de l’ordre démocratique dans ce pays.
«Les États-Unis partagent le sentiment ressenti dans toute la région qu’il faut aider le peuple haïtien à dessiner son avenir afin de restaurer l’ordre démocratique par le biais d’élections justes et libres», a affirmé le secrétaire d’État américain devant les chefs d’État et de gouvernement des pays des Caraïbes réunis au sein du Caricom à Port-d’Espagne. «Les Haïtiens ne peuvent atteindre ces objectifs cruciaux sans sécurité», a-t-il ajouté, en apportant son soutien à l’appel du gouvernement haïtien à la mise en place d’une force multinationale pour y restaurer la sécurité. Il n’a toutefois donné aucune indication sur le pays qui pourrait diriger cette force, les États-Unis se refusant pour l’instant à le faire.
Ne pas «oublier» Haïti
L’appel du secrétaire d’État américain intervient au moment où l’ONU plaide pour l’envoi d’une telle force de sécurité à Haïti où la situation sécuritaire et humanitaire empire de jour en jour. Après un déplacement samedi à Port-au-Prince où il a exhorté la communauté internationale à ne pas «oublier» Haïti, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé lundi à un «soutien» international à la police haïtienne pour faire face à une vague de violence «sans précédent» ces derniers mois.
«La situation sécuritaire se détériore rapidement et les besoins humanitaires montent en flèche», a-t-il prévenu depuis Trinité-et-Tobago, où s’était ouvert le sommet Caricom dont Haïti est l’un des membres. Il a de nouveau plaidé pour le «déploiement d’une force de sécurité internationale autorisée par le Conseil de sécurité» et «capable de coopérer avec la police nationale haïtienne pour démanteler les gangs à l’origine de cette violence sans précédent».
Intervention internationale
Ariel Henry réclame depuis près d’un an une intervention internationale, mais aucun pays ne s’est encore déclaré prêt à prendre la tête d’une force d’intervention. Le Brésil et le Canada sont les plus impliqués dans les discussions, tandis que les États-Unis préfèrent soutenir un renforcement de la police locale. La légitimité même du Premier ministre est remise en question. Haïti n’a pas tenu d’élections depuis 2016 et le président Jovenel Moïse a été assassiné en juillet 2021.
Antony Blinken, qui se rendra jeudi dans le Guyana, a par ailleurs salué le «partenariat» entre les États-Unis et les pays du Caricom, qui fête son 50e anniversaire, et insisté sur la nécessité d’aider les îles à faire face aux conséquences du changement climatique. Lui-même guitariste amateur, il s’est offert un bain de musique des Caraïbes en rendant visite à un célèbre orchestre de pans (littéralement casseroles), cet instrument métallique comme un tambour fait à l’origine de bidons de pétrole et qui fait la fierté de l’île tropicale.