À la veille du sommet des pays d’Afrique de l’Ouest qui doit se tenir jeudi 10 août à Abuja au Nigeria, le régime militaire issu d’un coup d’État au Niger se montre insensible aux offres de négociations venues d’Afrique de l’Ouest et des États-Unis en vue d’éviter une intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel.
Le régime militaire issu d’un coup d’État au Niger campe sur ses positions et refuse toutes les négociations. Le président du Nigeria estime pourtant que la diplomatie est la « meilleure voie » pour résoudre la crise, même s’il n’a pas exclu une intervention militaire au Niger, a déclaré mardi son porte-parole Ajuri Ngelale.
Une délégation conjointe de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’Union africaine et des Nations unies, n’a pu se rendre mardi 8 août au Niger, a confirmé dans la soirée l’organisation régionale. Une mission annulée à la suite d’une communication des autorités militaires du Niger indiquant qu’elles n’étaient pas en mesure de recevoir cette délégation tripartite, a ajouté la Cédéao.
Les militaires au pouvoir à Niamey avaient invoqué des raisons de « sécurité, dans cette atmosphère de menace d’agression contre le Niger ». « Le contexte actuel de colère et de révolte des populations suite aux sanctions imposées par la Cédéao ne permet pas d’accueillir ladite délégation dans la sérénité et la sécurité requises », indique une lettre du ministère nigérien des Affaires étrangères adressée lundi à la Cédéao.
Des discussions « extrêmement franches »
La Cédéao a menacé d’intervenir militairement au Niger pour rétablir dans ses fonctions le président Mohamed Bazoum, renversé par un coup d’État le 26 juillet. Cette menace, sous forme d’un ultimatum de sept jours fixé aux militaires nigériens le 30 juillet par les dirigeants de la Cédéao, n’a pas été mise à exécution à son expiration dimanche soir, l’organisation disant vouloir privilégier la voie du dialogue.
Le report de la visite de la délégation ouest-africaine s’ajoute à un autre signe de défiance des nouveaux dirigeants nigériens, celui de la nomination lundi soir d’un Premier ministre civil, Ali Mahaman Lamine Zeine, qui apparaît comme la première étape vers la désignation d’un gouvernement de transition.
Les États-Unis, partenaire privilégié avec la France dans la lutte contre les groupes djihadistes qui minent ce pays et une grande partie de la région du Sahel, ont également tenté le dialogue.
Si Antony Blinken a souligné que la diplomatie est « le moyen préférable » pour résoudre cette situation, la numéro deux de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, est venue lundi 7 août à Niamey pour rencontrer les auteurs du coup d’État. À cette réunion, le général Abdourahamane Tiani, nouvel homme fort du Niger était absent, tout comme le président Mohamed Bazoum, assigné à résidence à Niamey.
Les discussions « ont été extrêmement franches et par moments assez difficiles », a-t-elle reconnu. Elle a dit avoir proposé « de nombreuses options » pour mettre fin au coup d’État, ajoutant : « Je ne dirais pas que cette offre a été prise en compte de quelque manière que ce soit ».
De son côté, la France, ancienne puissance coloniale régulièrement vilipendée lors de manifestations en Afrique de l’Ouest, a fait savoir mardi de source diplomatique qu’elle appuyait « les efforts des pays de la région pour restaurer la démocratie » au Niger.