Une première tentative de lancement, à la fin de mai, s’était soldée par un échec. Les Etats-Unis et la Corée du Sud soupçonnent Pyongyang de développer un nouveau missile balistique intercontinental.
Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, a annoncé, mardi 22 août, que son gouvernement avait été informé par la Corée du Nord du lancement d’un satellite lors des prochains jours. Parallèlement, les garde-côtes japonais ont émis une alerte concernant un « lancement de fusée satellite » entre le 24 et le 31 août concernant trois zones de danger : la mer Jaune, la mer de Chine orientale et les eaux situées à l’est de l’île de Luçon, aux Philippines.
Le chef d’Etat nord-coréen, Kim Jong-un, a fait du développement d’un satellite espion militaire une priorité pour « faire face aux actions militaires dangereuses des Etats-Unis et de leurs vassaux ». Mais une première tentative de lancement, à la fin de mai, s’était soldée par un échec. Les Etats-Unis et la Corée du Sud, qui mènent actuellement de grandes manœuvres militaires communes, soupçonnent Pyongyang de développer un nouveau missile balistique intercontinental, qui comporte des technologies similaires à celles d’un lanceur de satellites.
« Le soi-disant lancement de satellite par la Corée du Nord est une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU », qui lui interdisent de développer des missiles balistiques, a réagi mardi dans un communiqué le ministère de l’unification sud-coréen, chargé des affaires nord-coréennes. « Peu importe les excuses qu’essaie d’avancer la Corée du Nord, elle ne peut justifier cet acte illégal », a-t-il ajouté.
Tokyo appelle « à annuler ce lancement »
Le premier ministre japonais a pour sa part, lors d’une conférence de presse, appelé Pyongyang « à annuler ce lancement », et a ordonné à son gouvernement de prendre « toutes les mesures possibles pour se préparer à toute éventualité imprévue ».
Les services de renseignement sud-coréens avaient fait savoir la semaine dernière au Parlement que la Corée du Nord pourrait tenter à nouveau de lancer un satellite avant le 75e anniversaire de la fondation du régime, le 9 septembre.
Le 31 mai, une fusée présentée par Pyongyang comme étant le lanceur d’un satellite d’observation militaire s’était abîmée en mer Jaune peu après son décollage, non sans avoir déclenché des alertes aériennes en Corée du Sud et dans l’archipel japonais d’Okinawa. La Corée du Nord avait invoqué un problème technique, dont les responsables avaient ensuite été « sévèrement critiqués » par le comité central du Parti des travailleurs, au pouvoir.
L’armée sud-coréenne, au terme d’une opération complexe de trente-six jours en mer, avait fini par récupérer des parties de la fusée et du satellite. Après examen par des experts sud-coréens et américains, le ministère de la défense sud-coréen avait estimé que le satellite n’avait « aucune utilité militaire ».
La possibilité « d’une guerre thermonucléaire », selon l’agence officielle nord-coréenne
La nouvelle annonce de lancement par Pyongyang coïncide avec « Ulchi Freedom Shield », le nom donné aux manœuvres américano-sud-coréennes de grande ampleur qui ont débuté lundi et doivent se dérouler jusqu’au 31 août. Selon les trois alliés, ces exercices visent à répondre aux menaces croissantes de la Corée du Nord, dotée d’armes nucléaires.
L’agence de presse officielle de la Corée du Nord (KCNA) a condamné mardi, dans un éditorial, ces exercices militaires au « caractère agressif ». Si les exercices impliquent une « provocation nucléaire », la possibilité « d’une guerre thermonucléaire dans la péninsule coréenne deviendra plus réaliste », a-t-elle averti.
Pyongyang, qui estime que ces exercices conjoints préparent en réalité une invasion du Nord ou un renversement de son régime, a averti à plusieurs reprises que des actions « écrasantes » y répliqueraient. Des attaques informatiques attribuées à des pirates nord-coréens ont déjà visé depuis ces derniers jours des entreprises sud-coréennes travaillant pour les deux armées.
La semaine dernière, le président américain, Joe Biden, avait reçu à Camp David son homologue sud-coréen, Yoon Suk-yeol, et le premier ministre japonais, Fumio Kishida. C’était la première fois que les dirigeants des trois pays se rencontraient pour un sommet autonome. Ils avaient annoncé un programme d’exercices militaires conjoints sur plusieurs années et la mise en place d’un canal de communication d’urgence au plus haut niveau, une sorte de « téléphone rouge » à trois combinés, pour se prémunir de la menace nord-coréenne.