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Lacanau : Une Start-up Lance une Planche de Surf à Propulsion électrique et Vise la Décarbonation des Activités en Mer

La start-up Kahe Surf a créé la première planche de surf à propulsion électrique, et commercialise aussi un système électrique mobile qui s’accroche aux paddle, canoë ou petits bateaux.

  • Il a fallu cinq ans de recherche et développement à Kahe Surf pour mettre au point la toute première planche de surf à assistance électrique.
  • Un deuxième dispositif d’assistance électrique a été conçu par la start-up girondine : le Kahe pod, une assistance plug and play qui se fixe sur n’importe quelle embarcation monoplace ou biplace, gonflable ou rigide.
  • Ces deux innovations doivent permettre à la start-up de s’attaquer par la suite au marché du bateau, « avec l’enjeu de la décarbonation d’un secteur équipé aujourd’hui à 99 % en thermique. »

Intégrée à l’arrière, dans l’épaisseur de la planche, l’assistance électrique est parfaitement invisible, de même que la batterie, accessible via un clapet sur le dessus du board. Pour activer l’assistance, une simple pression sur un bouton suffit. La toute première planche de surf à assistance électriqe, conçue par les équipes de la start-up Kahe Surf, basée à Lacanau (Gironde), se veut la plus simple possible d’utilisation.

« Le but de l’assistance est surtout d’aider le surfeur à effectuer son « take-off » [passage de la position couchée à debout] en douceur, explique Nicolas Quendez, ingénieur et cofondateur de Kahe Surf. Grâce à un système d’intelligence embarquée, l’assistance s’arrête dès qu’elle détecte que le surfeur est debout sur une vague, pour le laisser surfer naturellement. En revanche si la vague est trop molle, l’assistance le détecte aussi et reste en marche, ce qui permet de surfer une vague qui normalement ne le serait pas. » En cas de chute à l’eau, l’assistance électrique s’arrête automatiquement.

La planche entièrement équipée à 845 euros, 395 euros pour le pod

Il a fallu cinq ans de recherche et développement à Kahe Surf pour mettre au point cette innovation. La planche a été designée par le shaper Rod’s, installé non loin de là, à Carcans (Gironde). Elle est commercialisée, depuis le mois d’avril, au prix de 845 euros, entièrement équipée. Un deuxième dispositif d’assistance électrique a été conçu par la start-up girondine. Il s’agit du Kahe pod, une assistance plug and play qui se fixe sur n’importe quelle embarcation monoplace ou biplace, gonflable ou rigide, comme un Stand-up paddle, un kayak, un float tube ou un petit bateau.

« Cette assistance indépendante se fixe sur l’engin et se télécommande, explique Nicolas Quendez. On peut choisir entre trois vitesses, et cela permet de propulser des stand-up paddle entre 4 et 7 km/heure, avec deux heures d’autonomie. » Il est en revanche déconseillé de brancher le Kahe pod sur un surf, « car les performances seront moins bonnes qu’avec la planche à assistance intégrée, qui génère très peu de traînées pour surfer. » Le Kahe pod est commercialisé à 395 euros.

« Cela apporte de la sécurité »

Bien. Mais au fait, pourquoi équiper ces engins, qui sont censés fonctionner avec la force des vagues, du vent ou des bras, d’une assistance électrique ? N’est-ce pas dénaturer leur fonction première ? « Il y a un vrai besoin dans le surf, car c’est un sport très difficile, et cela peut répondre aux attentes de tout type de surfeurs, les débutants pour l’apprentissage comme les confirmés, souligne Nicolas Quendez. L’assistance électrique va par exemple permettre de surfer des vagues qui ne sont pas surfables normalement, ce qui ouvre la possibilité de prendre de nouveaux spots, et de s’écarter ainsi d’un endroit trop fréquenté. Cela permet aussi aux personnes en situation de handicap de pratiquer leur sport. »

En paddle et en canoë, « cela apporte de la sécurité, notamment lorsqu’on se fait surprendre par un vent de face à l’heure de rentrer », souligne Christian Ollier, deuxième cofondateur de Kahe Surf, et qui a passé trente ans dans des postes de direction chez Decathlon. La sécurité est au cœur de la réflexion des deux associés, puisqu’ils ont parallèlement équipé des sauveteurs de la SNSM (Société nationale de sauvetage en mer) à Bayonne, Montalivet, et Lacanau, avec un Kahe pod pour leur « rescue board » ou leur « paddle board ».

Premiers retours positifs du côté de la SNSM de Bayonne

Pour le moment, les sauveteurs ne sont pas encore autorisés à utiliser le dispositif en phase opérationnelle. « Nous sommes en phase de test depuis le début de l’été, uniquement pour nos entraînements » précise Sébastien Giboudeaux, de la SNSM de Bayonne, et qui a équipé un « paddle board ». « Les premiers retours sont bons, parce que cela met de la puissance au démarrage et cela fait gagner du temps. Un bon sauveteur n’est pas obligatoirement un bon rameur sur paddle board, cela va donc aider certains à avoir une meilleure propulsion. A l’arrivée, dix ou quinze secondes de gagnées pour arriver au contact d’une victime, c’est précieux pour sa prise en charge. Enfin, cela sera aussi très utile pour ramener les victimes au bord, car elles font parfois le double de notre poids, ce qui peut s’avérer difficile surtout lorsqu’elles sont inconscientes. »

Avant d’emmener le dispositif en opération, la SNSM va faire un retour à Kahe pour que la start-up améliore certains détails. « Par exemple, ce serait bien d’avoir un bouton au niveau du poignet pour démarrer ou arrêter l’assistance. On se rend compte aussi que le pod alourdit un peu la planche, il faut donc que l’on continue de s’entraîner dans différentes conditions, pour voir ce que cela donne. Mais globalement, c’est de très bon augure. »

L’enjeu de la décarbonation des engins sur mer

L’idée de se lancer dans l’assistance électrique pour les activités en mer, est née il y a sept ans chez Christian Ollier et Nicolas Quendez, qui se sont croisés chez Decathlon. « Dès 2016, nous avions la conviction que l’assistance électrique allait migrer depuis les sports de terre, comme le VTT électrique, vers les sports d’eau, secteur où elle était alors totalement absente » raconte Christian Ollier.

Mais ce n’est qu’un point de départ. Après avoir démarré par le surf, « le plus petit mais le plus contraignant », relevé les défis de la puissance de l’assistance et de l’étanchéité du dispositif, les deux associés s’attaquent désormais à des systèmes d’assistance électrique de plus grande taille, « en divisant les temps de développement par cinq. »

« A terme, le surf ne représentera que 5 % de notre marché », anticipe Christian Ollier, qui vise désormais le marché du bateau, « avec l’enjeu de la décarbonation d’un secteur équipé à 99 % en thermique ». Une décarbonation nécessaire et urgente, alerte le cofondateur de Kahe, car « dans l’eau c’est la triple peine : les dérivés de pétrole polluent les mers, ensuite les airs via les émanations de gaz, et à cela il faut rajouter le bruit qui constitue une pollution sonore. » Bref, la start-up a encore du pain sur la planche.