Le Sénégal, un pays assez nanti en ressources naturelles, peine à en tirer un meilleur profit pour ses populations. Disposant de plus de 700 km de côtes réputées très poissonneuses et d’une jeunesse dynamique tout comme son fort potentiel extractif, le pays tente encore de sortir de la pauvreté. Une situation paradoxale qui invite à une revue des politiques publiques pour tendre vers l’émergence.
Au Sénégal, le secteur des pêches occupe une place prépondérante dans l’économie Sénégalaise. Tant du point de vue social avec un peu plus de 17% de la population active sénégalaise que du point de vue économique pour un chiffre d’affaires global d’environ 278 milliards de FCFA, avec une valeur ajoutée estimée à 80 milliards de FCFA, dont 60% sur le segment de la capture et 40% sur le segment de la transformation. Soit au total 11% du Produit intérieur brut (Pib) primaire et 3 ,2% du Pib total. Seulement, cet apport social et économique est de loin en deçà du potentiel halieutique réel du pays en termes de création d’emplois et de rentrée de devises.
Pays ouvert sur l’océan, le Sénégal qui dispose, d’un littoral de 718 km de côtes réputées parmi les plus poissonneuses du monde à cause d’un phénomène appelé « upwelling » peine à tirer meilleur profit de ce secteur. Les freins à une pêche rationnelle, efficiente et durable sont grandement liés à la non-prise en charge de beaucoup de facteurs endogènes et exogènes qui ont fini de déstructurer le secteur. Au plan endogène, notamment pour la pêche artisanale, on note une faille dans l’organisation du secteur. Autrement dit, la pêche est devenue une course déraisonnée à qui pêche le plus, où il veut, quand il veut, comme il veut sans concertation et sélectivité aucune. Au plan exogène avec l’envol de la pêche industrielle, on note le trop plein de licences de pêche accordées à la Chine, à la Turquie et à l’Union européenne, le non-respect des accords de pêche industrielle notamment entre autres limites. Les bateaux étrangers pêchent sans le moindre respect des engagements en raflant les petits poissons. Le manque surtout d’équipements de surveillance sophistiqués pour contrecarrer les fossoyeurs étrangers qui pillent les poissons. Le changement climatique n’est pas du reste avec un impact réel sur l’écosystème marin. L’autre élément et pas des moindres qui freinent la pêche, c’est l’octroi des licences frauduleuses à des navires battant pavillon sénégalais en toute complicité avec les autorités sénégalaises entre autres limites du secteur.
Des efforts sans impacts réels
Le libre accès aux zones de pêche artisanale a conduit à l’épuisement des ressources halieutiques, ainsi qu’à la rareté et à l’augmentation des prix du poisson. Fort de ce constat, une campagne d’enregistrement et d’immatriculation de la flotte artisanale a été lancé et dont la finalité était de permettre d’améliorer la gouvernance du secteur de la pêche. Ceci, en vue d’atténuer les pressions exercées sur les ressources halieutiques, sans pour autant mettre en péril la situation sociale et économique des communautés de pêcheurs. A côté de ces initiatives, l’Etat du Sénégal s’est beaucoup investi dans l’encadrement et l’accompagnement des acteurs pour une meilleure exploitation de la ressource halieutique. Ainsi donc, en 2016 le gouvernement du Sénégal a accordé une subvention de cinq milliards de FCfa aux pêcheurs artisanaux pour faciliter leur accès aux équipements. Avec cette subvention, les pêcheurs ont bénéficié d’une réduction d’un million sur le prix du moteur.
En ce qui concerne la sécurité en mer, des efforts importants ont été faits dans ce sens notamment avec les gilets et Gps mais également l’appui de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) qui livre la bonne information aux pêcheurs.
Des subventions assez importantes ont été également accordées aux femmes des localités de Saint Louis pour 250 millions, de Podor pour 150 millions, et de Dagana pour 120 millions. Des femmes d’autres localités du pays ont bénéficié de ces appuis de l’Etat. En 2018, une subvention de 20 milliards avait été accordée pour l’achat de moteurs. En 2020, une subvention de 10 mille moteurs de pirogue a été dégagée pour un montant de 10 milliards de francs CFA. D’autres mesures comme l’interdiction de la pêche nocturne ont été imposées à la pêche artisanale. Bref, beaucoup d’efforts pour peu de résultats au regard de l’énorme potentiel halieutique du Sénégal.
source:sudQuotidien