Invité d’Europe 1 ce mardi, l’ancien président de la République considère que le prédécesseur de Gabriel Attal «avait fait quelque chose d’hallucinant» en laissant les proviseurs gérer seuls ce dossier si sensible.
La décision politique continue de défrayer la chronique. Alors que le nouveau ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal a tranché sur une question très polémique dimanche soir, en interdisant le port de l’abaya à l’école, tous les responsables politiques y sont allés de leur commentaire. La droite et le RN ont salué cette initiative, symbole de la réaffirmation des principes de laïcité. Les différentes formations de la Nupes, elles, se sont divisées et ne sont pas parvenues à afficher une position commune. C’est dans ce débat inflammable que Nicolas Sarkozy a fait part de son analyse, ce mardi. Invité sur Europe 1, l’ancien président de la République considère que «Monsieur Attal a parfaitement raison». L’occasion de lancer une pique au prédécesseur de l’actuel locataire de la rue de Grenelle.
Pour Nicolas Sarkozy, Pap Ndiaye, hôte de l’Hôtel de Rochechouart entre mai 2022 et juillet 2023, «avait fait quelque chose d’hallucinant en laissant aux proviseurs le soin d’analyser abaya par abaya, les intentions politiques ou non de la personne qui la portait.» L’ex-président raille d’ailleurs une absence de réactivité qui «mettait les proviseurs ou les chefs d’établissement dans des situations impossibles.» Une conviction d’autant plus ancrée que c’est sous le mandat de l’ancien chef de l’État qu’une loi, votée en 2010, a interdit le port de la burqa dans l’espace public. Un texte qui suivait la prohibition des signes religieux ostentatoires à l’école, adoptée en 2004, sous le quinquennat de Jacques Chirac.
Le Conseil d’Etat a beau être prochainement saisi par La France Insoumise Nicolas Sarkozy pense que «le droit ne peut pas être déconnecté complètement de la souveraineté nationale et de l’expression populaire.» À l’inverse, le coordinateur de LFI Manuel Bompard a, sur France 2 mardi, vilipendé une décision «contraire à la Constitution», qui «est dangereuse (et) cruelle». Elle va «se traduire par encore une fois des discriminations à l’égard des jeunes femmes et en particulier des jeunes femmes de confession musulmane.» Si la décision de Gabriel Attal devra être tranchée sur le plan du droit, la question de la mise en œuvre n’en sera pas moins un casse-tête pour le gouvernement et l’administration éducative.