Chef d’une unité militaire d’élite, et jusqu’à peu très proche du régime Bongo, il a été nommé «président de la Transition» par les putschistes, ce mercredi soir.
C’est le nouvel homme fort du pays. Brice Oligui Nguema, le commandant en chef de la Garde républicaine du Gabon, a été nommé ce mercredi soir 30 août «président de la Transition», quelques heures seulement après le début d’un putsch retentissant dans ce pays d’Afrique centrale. Plus d’un mois après le coup d’Etat nigérien, lui et ses hommes ont renversé leur président, Ali Bongo, à la tête du Gabon depuis 2009.
Porté en triomphe par ses hommes à l’extérieur du palais présidentiel de Libreville, le général est apparu en treillis et béret vert, au milieu de soldats surexcités. Cet homme de 48 ans à la carrure athlétique et au crâne chauve, que l’on dit aussi discret que secret, n’est pas apparu dans les trois premiers communiqués qu’il a laissés lire par des colonels et lieutenants-colonels à l’antenne de la télévision d’Etat. Y compris celui qui l’intronise président de transition, à la tête du «Comité pour la transition et la restauration des institutions» (CTRI).
Gabon: le général Brice Oligui Nguema nommé «président de la transition» par les putschistes
Fils de militaire et réputé francophile, le Gabonais était jusqu’ici une figure incontournable du régime Bongo. Formé à l’académie militaire de Meknès, au Maroc, il sert d’abord durant la présidence d’Omar Bongo, père d’Ali, en tant qu’aide de camp. Il est ensuite attaché militaire à l’ambassade du Gabon au Maroc puis au Sénégal pendant dix ans. En 2019, il est transféré à la tête du service de renseignements de la garde républicaine. Six mois plus tard, il passe commandant en chef de cette unité d’élite censée protéger coûte que coûte le pouvoir en place.
À ce poste, il impulse de multiples réformes, dont la plus emblématique est le renforcement du dispositif de protection du président Ali Bongo, d’après le média spécialisé Mondafrique. Il développe ainsi un régiment spécial placé sous l’autorité directe du chef de l’État, la Section des Interventions Spéciales (SIS), lui conférant notamment de l’équipement de pointe. «Il est très taciturne, pas bavard, mais très apprécié de ses hommes. C’est un Jules César, et Jules César veille au confort de ses légionnaires», a confié à l’AFP un membre du Parti démocratique gabonais (PDG) d’Ali Bongo, sous couvert de l’anonymat.
Propriétés aux États-Unis
Sa proximité manifeste avec le pouvoir lui permet d’engranger de grosses sommes d’argent. D’après un rapport du consortium d’investigation Organized Crime and Corruption Reporting, il aurait acheté, en 2015 et en 2018, pas moins de trois maisons dans le Maryland, aux États-Unis. Montant de la transaction: plus d’un million de dollars en espèces. Le consortium, tentant de l’interroger, s’est vu opposer une fin de non-recevoir: «En France comme aux États-Unis, la vie privée (…) doit être respectée».
Ali Bongo a été «mis à la retraite, il jouit de tous ses droits. C’est un Gabonais normal, comme tout le monde», a immédiatement annoncé Brice Oligui Nguema, peu après le putsch, se présentant rapidement comme le nouvel homme fort du pays. Auprès de nos confrères du Monde , il a justifié ce coup d’État par une «grogne» gabonaise. Réélu dans la nuit de mardi à mercredi, Ali Bongo, affaibli par un AVC survenu en 2018, «n’avait pas le droit de faire un troisième mandat. La Constitution a été bafouée, le mode d’élection lui-même n’était pas bon. Donc l’armée a décidé de tourner la page, de prendre ses responsabilités», a déclaré le militaire.
Si le général est soutenu par ses plus proches hommes, il s’est en tout cas attiré les foudres de la communauté internationale. L’Union africaine, Paris, Berlin et le Commonwealth ont tous condamné le coup d’Etat gabonais. Washington, disant suivre la situation de près, a toutefois refusé de commenter la réélection du président Ali Bongo. L’Allemagne s’est également montrée dubitative sur la «transparence et la légalité des récentes élections»… tout en condamnant le putsch.