Le Grand Magal de Touba a vécu hier, lundi 04 septembre 2023. Des centaines de milliers de pèlerins venus de tous les horizons ont convergé vers la cité religieuse pour répondre à l’appel du 18 Safar de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du Mouridisme. Au centre des attractions, on retrouvait la Grande Mosquée, le mausolée de Cheikh Ahmadou Bamba et les cimetières de Touba.
C’est dans la ferveur que des milliers et des milliers de fidèles Mourides ont commémoré le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba. La ville de Touba a fait ainsi le plein des les premières heures de la matinée. Le Grand Magal, organisé sous sa forme actuelle depuis 1928 et commémorant le départ en exil au Gabon (1895-1902) de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du mouridisme, l’une des principales confréries musulmanes du Sénégal, a été célébré hier, lundi 04 septembre, à Touba. Entre prières et recueillement, la 129e édition qui est organisée cette année en plein hivernage a drainé en effet des centaines de milliers pour ne pas dire plus du million de pèlerins, dans la cité religieuse. La Grande Mosquée de Touba a été, comme d’ordinaire ; le lieu de convergence de milliers de pèlerins venus célébrer le Magal. Tôt le matin, une véritable marée humaine s’est massée autour de la Grande Mosquée, sous l’œil vigilant des forces de sécurité et des Baye Fall. Ces pèlerins ont pris d’assaut le lieu, inauguré le 7 juin 1963, ainsi que toutes les artères qui menaient à ce majestueux édifice religieux. Tout le long des murs qui entouraient la mosquée, des hommes et des femmes ont formé de longues files pour se recueillir à l’intérieur, en ce jour spécial. Certains parmi eux ont même dû patienter plusieurs minutes avant de franchir le portail principal. Au même moment, sur l’esplanade de l’édifice religieux, assis à même le sol, des pèlerins s’adonnaient à la lecture du Coran et des Khassaïdes.
A l’intérieur de la Grande Mosquée de Touba, les pèlerins ont constitué de longues files pour se recueillir au mausolée de Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), le fondateur de la confrérie mouride. Un passage presque obligatoire pour beaucoup d’hommes et de femmes qui viennent prendre part à cet événement religieux annuel. Pour certains disciples, cet endroit est un lieu où toutes les prières formulées sont exaucées par le Seigneur. Gora Ndiaye, un talibé mouride, après avoir fait son ziar s’est dit satisfait d’avoir réussi son Magal. « Je rends grâce à Dieu car Serigne Touba avait passé toute sa vie à rendre grâce au Tout-puissant. Je pense que ses prières ont été exhaussées Après cette étape, nous comptons nous recueillir auprès de notre vénéré Serigne Falilou Mbacké. Nous avons longtemps prié et nous avons vu les résultats ». Une autre talibé, la quarantaine révolue, avoue sa satisfaction pour avoir fait tous ses ziars. Les femmes et les hommes étaient séparés grâce à un dispositif mis en place par le Dahira Moukhadimatoul Khidma, en charge de la gestion de la Grande Mosquée de Touba. Ils ont été aidés dans cette tâche par des policiers postés à l’entrée comme à la sortie des lieux. Les mausolées de Serigne Fallou et de Serigne Saliou Mbacké, des fils de Cheikh Ahmadou Bamba, ont été également pris d’assaut par ces dizaines de milliers de pèlerins. Les cimetières de Touba n’ont pas aussi manqué de drainer les pèlerins qui venaient prier pour leurs proches et guides en ce jour de célébration du Grand Magal, communément appelé 18 Safar. Niché à l’Est de la Grande Mosquée, le premier cimetière de Touba abritant le mausolée de Mame Cheikh Ibrahima Fall (1855-1930), fidèle compagnon du fondateur du mouridism, affectueusement appelé « Baboul Mouridina », a été très couru.
C’était aussi l’effervescence dans les grands foyers religieux à l’occasion de la célébration du Grand Magal. Des bâches étaient aménagées partout pour la circonstance alors que des hauts parleurs distillaient des khassaides. « Nous faisons de notre possible, en notre qualité de talibé mouride, pour respecter a la lettre les prescriptions de Serigne Touba », a lancé Serigne Modou Mbacké Sy, le responsable de la caravane du Magal trouvé a son domicile à Darou Miname devant ses talibés. « Nous avons procédé à des récitals, des khassaides et servi des Berndé. Nous exhortons tous les talibés à consolider la paix ». Selon lui, rien ne peut se faire sans la paix. C’est le même constat au niveau du domicile de Serigne Abdou Ibnou Serigne Modou Khadre Mbacké ou un dahira procédait aux récitals de khassaides.
Pour rappel, le Grand Magal de Touba est un événement religieux qui commémore le départ en exil au Gabon de Cheikh Ahmadou Bamba (1895-1902), fondateur du Mouridisme. Ce dernier avait recommandé aux disciples, pour commémorer son départ en exil, d’offrir à manger et à boire (les berndés), à lire le Saint Coran, à s’entraider et à déclamer des khassaïdes (ses écrits). Le Magal, terme wolof voulant dire rendre hommage, célébrer, magnifier, est commémoré en souvenir de cet exil qui marque le début d’une somme d’épreuves supportées en conscience par le cheikh, suivant un pacte contracté avec son créateur. Chaque année, des dizaines de milliers de pèlerins prennent d’assaut la ville de Touba pour se recueillir et prier à l’occasion du Magal, qui est également un moment de convivialité et d’hospitalité à travers les ‘’berndés’’, ces copieux repas servis aux pèlerins. A noter que le groupent national des sapeurs pompiers a tiré un bilan a mi-parcours du Grand Magal où il y a 361 victimes dont 9 corps sans vie.
Cheikh Ahmadou Bamba, une vie de piété
Né vers 1854, Cheikh Ahmadou Bamba s’est attribué le titre de Khadimou Rassoul, « serviteur du prophète ». Il est le fils de Mouhamad Ibn Abiballah, plus connu sous le nom de Mor Anta Saly, un serviteur de l’aristocratie princière, juriste-conseiller, un imam très respecté des musulmans et des rois. Sa mère, Mame Diarra Bousso, surnommée « Diarratoullahi », proche d’Allah, était reconnue pour sa piété. Ahmadou Bamba qui préféra rester loin des palais dira: « si mon défaut est la renonciation aux vanités des princes, c’est là un précieux vice qui ne me déshonore point ». Il assimila le Coran et certaines sciences religieuses telles que la théologie, la prière et le droit musulman etc. Jusqu’en 1882, Ahmadou Bamba s’occupa de l’enseignement de son père tout en écrivant des Ouvrages dans le domaine de la jurisprudence, de la théologie et le perfectionnement. Il a été déporté au Gabon par le colon français entre 1895 et 1902.
Ahmadou Bamba est décédé en 1927 à Diourbel. Mais son héritage a été perpétué depuis lors par ses fils : Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké (1927-1945), El Hadj Falilou Mbacké (1945-1968), Serigne Abdoul Lahat Mbacké (1968-1989), Serigne Abdou Khadr Mbacké (1989-1990), Serigne Saliou Mbacké (1990-2007). La disparition en 2007 de Serigne Saliou Mbacké a ouvert l’accession des petits-fils au Khalifat : Serigne Mouhamadou Bara Mbacké (2007-2010), Serigne Sidy Moctar Mbacké (2010-2018). Serigne Mountakha Bassirou Mbacké est le Khalife général des Mourides depuis 2018.
source:sudQuotidien