La destination choisie par le petit Italien de 30 ans peut surprendre, mais elle s’explique en retraçant le déroulé des opérations.
Marco Verratti à Al-Arabi, c’est fait. Pour un montant estimé à 45 M€ hors bonus, le milieu international italien (55 sélections, 3 buts) a accepté de quitter un PSG qu’il avait rejoint à 19 ans, en 2012, pour s’engager en faveur de l’une des équipes de Doha. Entré dans une «nouvelle ère» dixit Nasser Al-Khelaïfi, le club de la capitale entend miser sur des joueurs plus jeunes et tournés vers le collectif, sérieux et concentrés sur le jeu. Dans ces conditions, le champion d’Europe avec l’équipe d’Italie (2021) n’a pas le profil requis. Et ce même s’il avait prolongé jusqu’en 2026 à la fin de l’année écoulée. À l’époque, le président Nasser Al-Khelaïfi y voyait un signe «de la croissance continue et des ambitions élevées» du club, et l’intéressé espérait «gagner encore beaucoup de trophées avec le maillot Rouge et Bleu».
A priori, Luis Enrique n’avait toutefois rien contre l’idée de se séparer de lui. Bien au contraire. «Mes actes en diront plus que mes mots», a expliqué le coach espagnol au sujet de l’Italien (et de Neymar). On a vu. Il ne l’a convoqué pour aucun des quatre matches du Paris-SG depuis le début de saison. À en croire nos confrères du Parisien , l’ancien entraîneur du Barça s’en était expliqué auprès de l’Italien au cours d’une entrevue musclée cet été. «Avec moi, tu ne joueras jamais !», lui aurait-il lancé, après avoir cité, entre autres, l’hygiène de vie et les sorties nocturnes du joueur de 30 ans pour justifier cette prise de position sans appel. Lequel Verratti est a priori revenu de vacances avec des kilos en trop, comme l’hiver dernier après la Coupe du monde. Bref, malgré les qualités évidentes de Marco Verratti, on peut comprendre pourquoi ce PSG qui voulait faire peau neuve pendant le marché des transferts l’a poussé dehors. Surtout en encaissant le deuxième plus gros transfert de son histoire. Mais cela n’explique pas pourquoi le génie transalpin n’a pas trouvé mieux que le Qatar.
Certaines sources ont évoqué des pistes prestigieuses, de l’Atlético à Chelsea, en passant par le Bayern de Thomas Tuchel. On a aussi parlé de Manchester United. Selon nos informations, les Red Devils étaient effectivement très sérieux… même s’ils n’ont jamais proposé le montant espéré par la direction parisienne. Et l’Arabie saoudite ? Cristiano Ronaldo a vu débarquer Karim Benzema, Neymar ou Sadio Mané cet été. Les clubs saoudiens n’ont pas lésiné sur les moyens ! L’agent a coulé à flots et de très beaux joueurs ont renforcé les rangs de la Saudi Pro League. Dans ces conditions, le «petit Hibou» n’aurait pas fait tache à Riyad ou Djeddah, même si le championnat saoudien n’est pas au niveau de la Ligue 1 comme l’imagine le taquin «Ney»…
Plus grosse prise de l’été au Qatar
Certes, le championnat qatarien essaie de grimper. Les anciens pensionnaires de Ligue 1 Andy Delort (UMM Salal), Thiago Mendes (Al-Rayyan) et Romain Saïss (Al-Sadd) y sont arrivés cet été, à l’image de quelques CV ronflants, comme la star brésilienne Philippe Coutinho (Al-Duhail) et l’international espagnol Rodrigo (Al-Rayyan). Rien à voir avec l’Arabie saoudite et ses dépenses somptuaires. Outre celui de Verratti, on ne dénombre d’ailleurs que trois transferts à 10 M€ et plus, dont l’ailier équatorien de 22 ans Gonzalo Plata de Valladolid à Al-Sadd pour 10 M€ et l’attaquant brésilien de 21 ans Gabriel Pereira, du New York City à Al-Rayyan, pour 12 M€. Il y a aussi… Abdou Diallo, passé du PSG à Al-Arabi pour 15 M€. Ce qui donnera au défenseur international sénégalais l’occasion d’évoluer tout près de son petit frère, Ibrahima Diallo (Al-Dulhail). Toujours est-il que le championnat qatarien n’est clairement pas aussi attirant que le saoudien pour un joueur comme Verratti, à ce stade de sa carrière.
Pour ce qui est de l’Europe, les prétendants ont été rebutés par les exigences du PSG, mais aussi et surtout celle du joueur, qui n’avait pas l’intention de rogner sur le salaire XXL qu’il percevait à Paris. Un joueur qui, au vu de l’historique de ses blessures et de son hygiène de vie, n’a pas invité les dirigeants du Vieux continent à faire des folies. D’autant que beaucoup imaginent qu’il n’a plus tellement la tête au football… Pour l’Arabie saoudite, c’est autre chose.
Les différents clubs saoudiens qu’on a dits proches de le recruter avaient les moyens de lui offrir plus, beaucoup plus que ce qu’il gagnait au Paris-SG, tout en versant une indemnité de transfert suffisante. Problème ? Ce n’est pas l’agent officiel de Marco Verratti qui a parlé en son nom avec les Saoudiens. Lesquels Saoudiens ont pris la mouche quand ils l’ont découvert. Neymar Jr a bien essayé d’arrondir les angles afin de l’attirer à Al-Hilal sur le gong, en vain. Le mal était fait et la confiance, rompue. Terminée la piste saoudienne. Il n’est d’ailleurs pas certain que Verratti était réellement au courant que cette personne agissait en son nom. Ce point n’est pas clair. A priori, la MLS n’a en tout cas jamais vraiment été dans la course.
Quid de l’équipe d’Italie ?
L’option qatarienne arrangeait donc tout le monde : le PSG avec un transfert conséquent et le joueur, avec un salaire qui ne l’est pas moins. Ce n’est évidemment pas très glorieux. Sportivement, Marco Verratti fait une croix sur ses dernières belles années. Et sur l’équipe d’Italie ? À voir si le nouveau sélectionneur, luciano Spalletti, fera appel à lui dans les semaines et les mois à venir. Le désormais ex-Parisien n’était pas du rassemblement de septembre, mais c’est logique en raison de son absence de temps de jeu depuis le début de saison et du fait que l’intéressé devait régler les derniers détails de son transfert à Al-Arabi. La prochaine liste de Spalletti sera très attendue. D’ici-là, Verratti aura débuté sa nouvelle vie au Qatar.