Victime de querelles fratricides au sein de son parti, le président de la Chambre américaine des représentants Kevin McCarthy, a été destitué mardi. C’est une première dans l’histoire du Congrès américain.
Des huées, des invectives. Le silence, presque… Puis la stupeur au moment de l’annonce. Visé par une motion de censure, le président républicain de la Chambre américaine des représentants, Kevin McCarthy, a été destitué mardi 3 octobre 2023, lors d’un vote historique au Congrès.
Après un débat tendu entre conservateurs dans l’hémicycle, 216 élus ont voté pour le destituer, dont huit républicains, contre 210. Jamais, en ses plus de 200 ans d’histoire, l’Amérique n’avait destitué son « speaker ».
Aussitôt après ce résultat sans précédent, un Kevin McCarthy malgré tout souriant a été entouré par des membres de son parti, qui lui ont donné l’accolade et lui ont serré la main. Le vote ouvre une période de fortes turbulences à la chambre basse, où un remplaçant doit être choisi, ce qui s’annonce très compliqué.
« Il a trinqué à nos mariages, célébré la naissance de nos enfants, pleuré la perte de nos proches », a énuméré non sans émotion l’élue Elise Stefanik, membre influente de l’état-major républicain. « C’est un joyeux guerrier. »
Mais l’élu de 58 ans s’est aussi vu opposer la violence terrible d’un groupe de son propre parti, le méprisant au point de vouloir l’évincer. « C’est quelqu’un à qui on ne peut pas faire confiance », a tranché, sec, Matt Gaetz, l’architecte de la motion de destitution et proche de Donald Trump.
Négociations avec les démocrates
Cet élu de Floride reproche principalement au ténor républicain d’avoir négocié avec les élus démocrates un budget provisoire pour financer l’administration fédérale, auquel s’opposaient de nombreux conservateurs. Il l’accuse aussi d’avoir conclu un « accord secret » avec le président Joe Biden sur une possible enveloppe pour l’Ukraine.
Or l’aile droite du Parti républicain s’oppose vivement au déblocage de fonds supplémentaires pour Kiev, estimant que cet argent devrait plutôt servir à lutter contre la crise migratoire à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.
Très fine majorité républicaine
Et qu’importe que l’immense majorité du groupe parlementaire de Kevin McCarthy l’ait publiquement soutenu : les trumpistes disposaient d’un veto de fait à la Chambre compte tenu de la très fine majorité républicaine dans cette institution.
Les membres de la frange la plus conservatrice du parti républicain avaient déjà tout fait pour empêcher le ténor Kevin McCarthy d’accéder au perchoir, il y a seulement 9 mois, en janvier. L’élu de Californie avait bataillé durant 15 tours, avalé plus d’une couleuvre, pour que la pression soit finalement relâchée.
Le mandat de Kevin McCarthy à la présidence la Chambre américaine des représentants s’achève dans cet hémicycle sans fenêtres, éclairé de spots jaunes, là où tout avait si péniblement commencé.