Le bombardement a détruit une boutique et un café alors qu’une soixantaine de personnes se trouvaient à l’intérieur. Kiev a appelé ses alliés à lui fournir davantage de défense antiaérienne.
Cinquante et une personnes, dont un enfant, ont été tuées, jeudi 5 octobre, par une frappe russe à Hroza – un petit village de l’est de l’Ukraine situé à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Koupiansk et à près de 90 kilomètres de Kharkiv –, en marge de funérailles.
Le bombardement, effectué à l’aide d’un missile balistique Iskander, selon les données préliminaires, a entièrement détruit un magasin et café situé dans le même bâtiment au moment où une soixantaine de personnes s’y trouvaient, a raconté le ministre de l’intérieur ukrainien, Ihor Klymenko, à la télévision nationale.
« Il y avait des villageois dans le magasin et d’autres dans le café étaient également réunis » pour une réception organisée après l’enterrement d’un des leurs, un militaire, selon M. Klymenko, précisant que Hroza comptait 330 habitants.
Selon un porte-parole du parquet régional cité par l’agence de presse Interfax-Ukraine, Dmytro Tchoubenko, ces funérailles étaient celles d’un soldat mort au combat, dont le fils, également militaire, et la femme ont péri dans le bombardement de jeudi.
La frappe s’est produite autour de 13 h 15, heure locale (12 h 15, heure de Paris), a raconté le gouverneur régional, Oleh Synehoubov. Selon lui, il s’agit de l’attaque la plus meurtrière dans l’oblast de Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine, depuis le début de l’invasion russe, le 24 février 2022. Il a décrété trois jours de deuil.
« Les atrocités russes atteignent un niveau encore plus sinistre »
Les forces russes se sont emparées de larges pans de cette province dès les premiers jours de l’invasion. Les troupes ukrainiennes ont ensuite libéré la quasi-totalité de l’oblast de Kharkiv au cours d’un assaut éclair à l’automne 2022, mais celle-ci subit régulièrement des attaques.
La Russie mène actuellement une offensive dans la zone de Koupiansk pour tenter de reprendre du terrain et gêner la contre-offensive ukrainienne en cours dans l’Est et le Sud pour libérer les territoires occupés par Moscou.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, actuellement en Espagne pour une réunion avec des dirigeants européens, a dénoncé devant la presse une « attaque terroriste inhumaine ». Avec la « sanglante » attaque contre Hroza, « les atrocités russes atteignent un niveau encore plus sinistre », a réagi, de son côté, le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, sur X (anciennement Twitter).
La porte-parole de la Maison Blanche a parlé d’un acte « effroyable ». « Nous devons continuer à soutenir le peuple ukrainien parce que c’est l’effroyable réalité dans laquelle il vit », a ajouté Karine Jean-Pierre, au moment où le président des Etats-Unis, Joe Biden, essaie d’obtenir du Congrès des fonds supplémentaires pour aider Kiev. Cela démontre « le degré de dépravation auquel les forces russes sont prêtes à s’abaisser », a, pour sa part, commenté le premier ministre britannique, Rishi Sunak.
La diplomatie française a, elle aussi, condamné avec « la plus grande fermeté » la frappe de Moscou, ajoutant, dans un communiqué, qu’« en ciblant à dessein la population civile ukrainienne, la Russie se rend de nouveau coupable d’atrocités constitutives de crimes de guerre ».
« Il n’est possible de protéger les gens contre de telles attaques (…) qu’à l’aide de la défense antiaérienne », a affirmé M. Zelensky, qui a évoqué la livraison à l’Ukraine d’un nouveau système américain Patriot à l’occasion d’une rencontre avec le chancelier allemand, Olaf Scholz. « Nous aurons plus de défense antiaérienne – les accords sont clairs. C’est très important avant l’hiver. Espagne, Italie, France, Allemagne, Grande-Bretagne – merci ! », a-t-il ensuite insisté dans la soirée.