La frappe sur un hôpital de la bande de Gaza a fait au moins 200 morts, et déclenché la colère dans les pays du monde arabe.
La tension au Proche-Orient est montée d’un cran cette nuit. Après l’annonce du bombardement d’un hôpital dans la bande de Gaza mardi soir, où se trouvait une majorité de civils, des manifestations ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi en Iran, en Jordanie, en Tunisie, au Liban ou encore au Maroc. En tout, des milliers de personnes se sont réunies pour protester contre Israël et le soutien international à ce pays, s’attaquant parfois à des ambassades.
Au moins 200 personnes ont été tuées mardi dans le tir sur l’enceinte de l’hôpital de Gaza, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a imputé cette frappe à Israël. L’armée israélienne p pour sa part attribué la frappe à un tir de roquette raté par l’organisation palestinienne djihad islamique, alliée du Hamas.
Israël et les États-Unis visés
À Amman (Jordanie), des dizaines de manifestants ont tenté mardi soir de pénétrer dans l’enceinte de l’ambassade d’Israël à Amman. Ils ont réussi à contourner la barrière des forces de sécurité et à avancer vers l’enceinte du bâtiment. Les policiers ont dû tirer des gaz lacrymogènes pour les disperser. En parallèle, le gouvernement jordanien a annulé le sommet quadripartie qui devait se dérouler dans la capitale jordanienne. Il se tiendra « lorsque la décision d’arrêter la guerre et de mettre fin à ces massacres sera prise ».
Au Liban, des heurts ont éclaté entre les forces de sécurité libanaises et des manifestants, rassemblés devant l’ambassade des États-Unis à Awkar, dans la banlieue nord de la capitale Beyrouth. Ils ont scandé « mort à l’Amérique » et « mort à Israël ». Sur des photos, on peut voir un incendie derrière les grilles de l’ambassade américaine, alors que des manifestants sont rassemblés devant.
Dans la foulée, les États-Unis ont autorisé mardi le départ de personnel non essentiel, ainsi que leurs familles, de leur ambassade à Beyrouth face à la dégradation des conditions de sécurité. Le Hezbollah allié du Hamas , a appelé à observer une « journée de colère» mercredi pour condamner le tir contre l’hôpital, un « massacre » dont il accuse Israël : « Que demain, mercredi, soit un jour de colère contre l’ennemi ».
Dans la soirée, une foule importante s’est également rassemblée devant le consulat israélien à Istanbul (Turquie), le poing levé, aux cris « d’Allahou akbar ! » (Dieu est grand !), a rapporté l’agence officielle de presse Anadolu. Une manifestation similaire réunissait simultanément quelque 500 personnes devant l’ambassade de l’État hébreu à Ankara, selon l’agence de presse Anka.
La France aussi prise pour cible
À Téhéran (Iran), ce sont des centaines de manifestants qui se sont rassemblés devant les ambassades de France et du Royaume-Uni. « Mort à la France et à l’Angleterre », ont-ils crié, en lançant des œufs sur les murs de l’enceinte de l’ambassade de France. Pour rappel, Israël et les États-Unis n’ont pas d’ambassade à Téhéran en l’absence de relations diplomatiques entre ces deux pays et l’Iran. Dans la capitale iranienne, plusieurs milliers de personnes s’étaient précédemment rassemblées sur la place de Palestine, dans le centre de Téhéran, pour crier leur colère.
« Les flammes des bombes américano-israéliennes, larguées ce soir sur les victimes palestiniennes blessées à l’hôpital (…) à Gaza, vont bientôt dévorer les sionistes », a déclaré le président iranien Ebrahim Raissi , qui a décrété une journée de « deuil public » mercredi.
Des milliers de personnes se sont également rassemblées mardi soir devant l’ambassade de France à Tunis et ont réclamé le renvoi des ambassadeurs français et américain. « Les Français et les Américains sont les alliés des sionistes », ont scandé les manifestants en colère. « Le renvoi de l’ambassadeur est un devoir », « pas d’ambassade américaine sur le territoire tunisien » ont-ils crié, entouré d’un dispositif policier. Jusqu’à 3 000 personnes étaient présentes sur place.
Les manifestants, dont des figures de l’opposition et des représentants de la société civile ainsi que des avocats, ont scandé aussi des slogans hostiles au président français Emmanuel Macron.
Des protestations ont également eu lieu à Bagdad (Irak), mais aussi en Cisjordanie où les manifestations ont appelé à la démission du président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas. De nombreux autres pays arabes ont fait part publiquement de leur soutien à la bande de Gaza. La Mauritanie a ainsi décrété trois jours de deuil national et a exprimé « sa condamnation et sa dénonciation du crime odieux et de l’horrible massacre commis ce soir par la machine de guerre israélienne en bombardant l’hôpital de Gaza ».