Israël a confirmé dans la soirée ce vendredi l’arrivée sur son sol de deux otages américaines du Hamas, une mère et sa fille. Le mouvement islamiste avait plus tôt annoncé leur libération, une première, pour des « raisons humanitaires, suite à « une médiation du Qatar », pays dont il est réputé proche.
Un soulagement pour une famille, un immense espoir pour des dizaines d’autres. Le Hamas palestinien à Gaza a affirmé ce vendredi soir avoir libéré une Américaine et sa fille enlevées lors de son attaque sur le territoire israélien le 7 octobre et détenues depuis à Gaza. Il s’agit de la première libération d’otages confirmée par les deux parties.
Le Hamas a enlevé 203 otages parmi lesquels des étrangers de plus d’une vingtaine de pays, selon l’armée israélienne, qui a estimé vendredi que « la majorité » d’entre eux étaient « vivants ». Le porte-parole de la branche militaire du Hamas, Abou Obeida, a indiqué que la libération des otages interviendrait « en temps voulu ».
Comment s’est déroulée cette libération ?
Les deux femmes, originaires de Chicago, avaient été kidnappées le 7 octobre alors qu’elles rendaient visite à des proches au Kibboutz (village agricole collectiviste) Nahal Oz. Un porte-parole militaire du mouvement islamiste a affirmé dans un communiqué que les deux otages avaient été libérées « pour des raisons humanitaires ». La mère de famille serait en mauvaise santé. Le rabbin de la communauté des deux femmes a évoqué « des âmes gentilles et généreuses ». « Judith fréquentait la synagogue chaque semaine et assistait à chaque Shabbat. Une première photo d’elles a été publiée sur X, dans la soirée.
Le gouvernement israélien a confirmé qu’elles étaient bien arrivées en Israël. Le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a indiqué dans un communiqué que les deux femmes, Judith Tai Raanan et Natalie Shoshana Raanan, « ont été libérées des mains de l’organisation terroriste Hamas » remises à la frontière de Gaza et se « dirigent vers un point de rendez-vous, dans une base militaire du centre du pays, où les attendent les membres de leur famille ».
L’armée israélienne n’a confirmé aucun passage d’aide humanitaire en échange de ces libérations. Une source diplomatique a indiqué à CNN qu’aucun échange n’avait été fait pour leur libération.
Qui a participé à cette opération ?
La décision fait suite à « une médiation du Qatar », pays réputé proche du Hamas, a affirmé le porte-parole militaire du mouvement islamiste. À Doha, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères qatari, Majid Al-Ansari, a confirmé que « deux otages civils américaines ont été libérées par le Hamas et remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza ».
Puis, le Comité international de la Croix-Rouge a apporté sa pierre à l’édifice. Le CICR qui annonce, via sa présidence, avoir contribué à cette opération « en transportant les otages de Gaza en Israël ». « Nous sommes extrêmement soulagés qu’elles puissent retrouver leur famille après deux semaines d’agonie », a déclaré le CICR dans un communiqué.
« Le CICR continue d’appeler à la libération immédiate de tous les otages. Nous sommes prêts à rendre visite aux otages restants et à faciliter toute libération future », a déclaré Mirjana Spoljaric Egger dans un communiqué. L’organisation s’est également déclarée « prête à rendre visite aux otages restants et à faciliter toute libération future suite à un accord trouvé par les parties »
En effet, en plus de pays intermédiaires comme le Qatar, des ONG sont aussi sollicités par les pays comme la France, le Royaume-Uni ou les États-Unis donc, pour négocier la libération d’otages.
La joie de Biden, la prudence d’Israël
Joe Biden s’est dit vendredi « au comble de la joie » après la libération de ces deux Américaines qui avaient été prises en otages le 7 octobre par le Hamas lors de l’assaut sanglant du groupe islamiste palestinien contre Israël. « Nos compatriotes ont vécu une terrible épreuve ces quatorze derniers jours et je suis au comble de la joie qu’elles soient bientôt réunies avec leurs familles », a-t-il déclaré dans un communiqué, en remerciant le Qatar et Israël pour leur « partenariat », et en promettant que les États-Unis « ne s’arrêteraient pas avant de ramener à la maison » leurs autres ressortissants encore otages.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a demandé vendredi à ce que les 10 otages américains encore détenus par le Hamas soit libérés, saluant le fait que deux soient arrivées libres en Israël. Les otages « doivent être libérés immédiatement et sans conditions », a déclaré le secrétaire d’Etat américain lors d’une conférence de presse.
Un Française a été emmenée « avec certitude » par le Hamas à Gaza et six autres Français sont présumés otages, « sans certitude », a déclaré vendredi soir Emmanuel Macron à quelques journalistes, se disant « confiant » dans les canaux utilisés « par le truchement du Qatar » pour obtenir leur libération. « La jeune Mia Shem est la seule dont le statut d’otage est confirmé. Pour les six autres il y a une présomption de prise en otage mais sans certitude », a dit le président. « Nous sommes confiants : les canaux que nous avons sont les bons et sont utiles », a-t-il ajouté en soulignant le « rôle très important » joué par le Qatar dans la libération de deux otages américaines.
« L’avancée d’aujourd’hui intervient après plusieurs jours de communication continue entre toutes les parties impliquées. Nous poursuivrons notre dialogue avec les Israéliens et le Hamas, et nous espérons que ces efforts conduiront à la libération de tous les otages civils de toutes les nationalités, dans le but ultime de désamorcer la crise actuelle et de rétablir la paix », a précisé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères qatari.
Selon le porte-parole militaire du Hamas, la libération des deux otages vise aussi « à prouver au peuple américain et au monde entier que les allégations faites par (Joe) Biden et son administration fasciste (au sujet du Hamas) sont sans fondement ». Le mouvement islamiste palestinien a affirmé qu’il « travaille avec tous les médiateurs impliqués pour mettre en œuvre la décision du mouvement de clore le dossier des (otages) civils quand les circonstances sécuritaires le permettent ».
« Le Hamas est en train de clamer à la face du monde qu’il a relâché les otages pour des raisons humanitaires, mais on parle d’une organisation terroriste qui retient en ce moment même des bébés, des enfants et des personnes âgées », a répondu Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne.